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[poètes] Louis Brauquier

Par Florence Trocmé

Une vie faite d'exil et de retours. Des escales, des voyages et des errances, plusieurs affectations professionnelles, des hivernages prolongés. On a calculé le nombre d'années vécues par Louis Brauquier loin de Marseille, sa ville natale : au total, en Égypte ou bien Au-dela de Suez, pas moins de trente-six années, presque la moitié de son existence. Louis Brauquier est né au début du siècle dernier, le 14 août 1900. Il s'éteignit à Paris, le 7 septembre 1976. Il était venu voir dans la capitale son ami Gabriel Audisio qui venait d'être hospitalisé ; une congestion cérébrale l'emporta.  
Au lendemain de son mariage, à compter de 1926, et jusqu'en 1960, date de son départ à la retraite, Brauquier travaille pour la compagnie marseillaise des Messageries Maritimes qui le nomme tout d'abord à Sydney. Entre 1930 et 1933, il est à Nouméa. Jusqu'au moment de sa mobilisation, Brauquier travaille à Alexandrie. Le plus long séjour qu'il ait enduré loin du Vieux Port, le fixe à Shanghai, de 1941 à 1947. Pendant les trois années qui suivent, 1948-1951, le voici dans la proximité de Madagascar et de l'archipel des Comores : il rejoint Diego-Suarez. De 1951 à 1952, il habite Saïgon. À Colombo, dans l'île de Ceylan en 1952 et puis de nouveau à Sydney en 1954, Alexandrie en 1956. Sa carrière s'achèvera à Nouméa. Brauquier "étouffe en lui le nomade" et s'installe définitivement à Marseille. Sa femme qui se prénommait Geotte meurt en 1971. Les ultimes saisons de sa vie se partagent entre Marseille et une petite maison familiale sise près de Martigues, dans le village de Saint-Mitre-les-Remparts. 
Léon-Gabriel Gros écrivait à son propos qu'il était en France, "le plus grand poète de la mer". En 1923, un premier prix littéraire avait salué la parution de son premier recueil, édité depuis Aix-en-Provence par la revue Le Feu, conformément aux vœux du poète marseillais Emile Sicard. Quelques-uns de ses poèmes parurent dans de grandes revues comme Europe, Commerce, la Nrf et les Cahiers du Sud. Son œuvre fut couronnée en 1971 par le Grand Prix de l'Académie Française. Auteur d'une thèse à propos de l'œuvre de Brauquier, l'universitaire australien Philip Anderson décrit le parcours de cette œuvre : "Une voix se souvient au long de ces cinq recueils ... C'est à la fois la même voix et une voix qui change".  
[Alain Paire]
 
Bibliographie 
Et L'au-delà de Suez (1922), éditions de la revue Le Feu, Aix-en-Provence. 
Le Bar d'Escale (1926), éditions de la revue Le Feu, Aix-en-Provence. 
Eau douce pour navires, (1930), éditions Gallimard
Pythéas (1931) Editions Les Cahiers du Sud, Marseille. 
Liberté des mers, (1941), éditions Edmond Charlot, Alger. 
Feux d'épaves (1970), éditions Gallimard
Hivernage, poésies posthumes (1978) collection Sud, Marseille. 
Peindre, poèmes et peintures (1982), éditions Michel Schefer, Marseille. 
Lettres de Louis Brauquier à Gabriel Audisio (1982), choisies et annotées par Roger Duchêne, éditions Michel Schefer, Marseille. 
L'auciprès couronna de nerto, poèmes en provençal écrits avant 1920, publiés avec la traduction française de Louis Bayle, éditions L'Astrado, Toulon, 1982. 
Je connais des îles lointaines, poésies complètes (1994) présentées par Olivier Frébourg, éditions de La Table Ronde. 
Aux armes de Cardiff, roman présenté par Olivier Frébourg, (2000) éditions de La Table Ronde. 
Escales,  Photographies et correspondance de Louis Brauquier sélectionnées par Michel Schefer, (2005) éditions Images en Manoeuvres. 
Petit cousin de Louis Brauquier, Gilles Bourdy vit à Saint-Mitre-les-Remparts dans la maison du poète, parmi ses livres, ses manuscrits et ses peintures. Il a publié Ballade avec Louis Brauquier, une biographie en 2012. En 2013, un second ouvrage Envoi de Louis Brauquier à Saint John Perse. Renseignements http://louisbraquier.wifeo.com. 
Deux ouvrages à rechercher parmi les livres d'occasion : 
Louis Brauquier par Gabriel Audisio, collection "Poètes d'aujourd'hui", éd. Pierre Seghers, 1966. 
Et l'au-delà de Suez de Bernard Delvaille, éd. André Dimanche, 1987. 
La peinture 
Brauquier pratiqua la peinture de façon intermittente, pendant les deux dernières décennies de sa vie. À compter de 1953, il se définit comme "un jeune peintre". À l'initiative d'Edmonde Charles-Roux et de Jules Roy, une exposition de 80 huiles sur toile et de manuscrits fut programmée pendant l'automne-hiver de 1978, au musée Cantini de Marseille. 
Du 18 avril au 18 mai 2013, on pourra découvrir au 30 de la rue du Puits Neuf, Aix-en-Provence, 18 tableaux de petit format de Louis Brauquier. Sur ce lien, j'ai pu raconter le rôle essentiel qu'a pu jouer pour la reconnaissance de son œuvre poétique sa sœur Eugénie Brauquier, entre 1976 et 2003. À propos de sa peinture, deux articles. Sur ce premier lien, "Louis Brauquier 1953, "je me suis mis à peindre, c'est passionnant et difficile". Sur un autre lien, "Brauquier / Nouméa : dernières années dans les îles du Pacifique" 
 
Vendredi 24 mai, 19 h, à la Fondation Saint-John Perse, Cité du Livre /Bibliothèque Méjanes, rue des Allumettes, Aix-en-Provence, rencontre Autour de Louis Brauquier, peintre et poète, dialogue de Gilles Bourdy et Alain Paire. 


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