S'il est prouvé qu'une ville a une influence sur la manière dont l'innovation émerge, sa structure pourrait limiter les interactions sociales vitales à celle-ci.
Si l'innovation naît des interactions sociales au sein même des villes, car comme l'explique Yassine Damil, consultant en open innovation, « les mégalopoles ont l'avantage de concentrer les hommes et les talents », la structure de celles-ci pourraient-elles dans ce cas en être un frein ? Car en effet les chercheurs Steven Farber et Xiao Li de l'université d'Utah ont réussi à prouver que la structure d'un espace urbain peut à la fois être un obstacle et un soutien au développement des relations sociales. Leur étude leur mène à penser que si la taille d'une ville favorise le le « potentiel d'interactions sociales » (SIP), d'autres facteurs comme la décentralisation, ou le temps de voyage ont aussi un rôle à jouer dans l'émergence ou le déclin de rencontres et de la collaboration.
Une recherche empirique
La méthode de recherche adoptée cherche à définir, pour les 42 métropoles les plus peuplées des États-Unis d'Amérique, la valeur du potentiel d'interaction sociale et les caractéristiques qui le définissent. Parmi celles-ci, trois facteurs abaissent le facteur du SIP : la décentralisation, qui est la dispersion de la population et de l'industrie sur un territoire, la fragmentation qui signifie les espaces en construction, et le temps de voyage. Ainsi, les effets de la décentralisation d'une ville sur les interactions sociales sont sept fois plus importants que ceux de la fragmentation, et vingt fois plus que ceux du temps de voyage. Cela les amène à considérer que l'intensification des zones résidentielles et de l'emploi au cœur d'une région auront une meilleure incidence sur le SIP, même si les routes pour s'y rendre deviennent surchargées.
Le berceau d'une rencontre
Alors quelle incidence de ces données sur les interactions sociales qui se situent évidemment au cœur des préoccupations de la collaboration, de la créativité et de l'innovation ? Même si des villes comme New York, Chicago ou Seattle n'apparaissent pas comme celles dotées d'un potentiel fort, à cause de la décentralisation de leur structure ou des temps de trajet, Yassine Damil relativise : « Il me semble que les interactions fortuites ne mèneront généralement pas à l'innovation. L'interaction peut se créer grâce à des lieux dédiés, tels que des lieux de recherche ou des conférences, d'où l'innovation peut émerger. »