Sous le chapiteau de la Compagnie du Bois-Midi, la MJC de Villebon-sur-Yvette (91) présentait récemment deux spectacles : Parades, un travail remarquable, dans le rythme donné par le big band Takati Takité, des jeunes de l’Ecole de Théâtre mis en mouvement par Jean-Christophe Tocqueville, jeux de paroles proférées, de gestes partagés, d’équilibres portés, de paroles tenues.
Puis nous avons entendu les poèmes de Federico Garcia Lorca, mis en scène par Céline Roux, et interprétés en espagnol et en français par des artistes du théâtre (Emmanuelle Pavon-Dufaure, Nicolas Massonière), de la danse, de la musique et du cirque (Ariadna Gilabert, Charles Millet). La terre et le ciel, le sol frappé et la lune laiteuse, tombé dans l’arène ou volant sur la corde, les images offertes dans ce spectacle nous emportent loin, dans une Espagne en guerre civile, quelques heures avant que le poète soit abattu, non pas mort d’amour mais de deux balles dans la tête. Parce qu’il était sur les routes, colportant le théâtre et la poésie de village en village, et revendiquant son attachement républicain, en 1936. Sous ce chapiteau, la corde nous fait lever les yeux vers l’acrobate qui se jette en riant, en criant, et son souffle jaillit quand la corde la (et le) retient. La danseuse de flamenco (Annabelle Richefeu) sort de l’ombre avec un air de guitare et commence un envoûtant échange avec le guitariste, et soudain dans son regard et dans sa main ouverte vient sans un mot le duende.
Il n’y a pas de muse pour ce poète-là. Mais la musique oui, et Cédric Diot et Mireille Broilliard lui en donnent. Il n’y a pas d’oubli pour ce poète-là, et nous entendons encore son romancero gitan, ses noces de sang et tant d’autres textes nés de cette Andalousie belle et violente où, quelque part, dans un trou creusé à la hâte, ses assassins l’ont jeté. Aqui no pasa nada...Les mots de Marco Carpentier, directeur de la MJC de Villebon-sur-Yvette, concluent bien cette soirée : Réveiller encore et toujours la curiosité, favoriser toujours plus l’échange et la rencontre, lancer des chantiers de constructions partagées, ouvrir les portes aux idées et envies, favoriser l’engagement pour dessiner à plusieurs mains de nouveaux « ronds de paradis dans un monde dur et dément » (Annie Fratellini).