Démêler le vrai du faux, rendre à César ce qui est à César, voilà l'enjeu de cet ultime volet de Red Riding Trilogy... Comme un bilan, il aura fallu une décade pour dissocier les responsabilités et les rôles de chacun. Une fois de plus le passé refait surface à la lumière d'un nouvel élément, une fois de plus ce que Red Riding Trilogy avait éclairé est de nouveau questionné, une fois de plus les éléments parasites autour ont faussé la perception des évènements .. Conclusion la trilogie, 1983 est l'occasion de rassembler les morceaux pour enfin avoir une vision d'ensemble...
C'est ce segment de Red Riding Trilogy que la rédaction affectionne le moins. Nous pensons qu'il s'agit du plus "faible" des 3 segments (si bien sûr il fallait en identifier un, car 1983 reste très bon dans l'absolu), peut âtre aussi parce que, comme tout un chacun, le moment des adieux n'est jamais le plus agréable. ce que 1974 et 1980 s'évertuaientt à distinguer, à séparer et à complexifier, multipliant les facettes et angles de lecture autour d'un agrégateur commun (une série de crimes) , 1983 le ré-assemble et dresse l'inventaire final : il livre la clé (les clés ! il y en avait plusieurs !) qu'il fallait avoir pour approcher la vérité. Le verdict est sévère : la vérité est pire encore que ce que l'on pouvait imaginer.
Magouilles, corruption, prostitution, erreurs, intimidation, dissimulation, abus, pédophilie, mensonges, pouvoir... la liste est longue pour pouvoir faire le tour des travers du petit univers local, pour pouvoir dresser un portrait précis et détaillé du "qui à fait quoi" durant toutes ces années, et aussi du (ou des) "pourquoi". La photo est enfin révélée, définitivement fixée, et ce portrait qu'il livre est bien laid ! Toutes les faiblesses des hommes s'y concentrent, laissant une impression de découragement face au chemin qu'il reste à parcourir... "In the year of our Lord", comme s'annonce chaque film, prend enfin une possible signification : The Red Riding Trilogy nous a emmené faire un tour du propriétaire des pêchers des hommes. Les anges, les symboles, les empires (du vice ici) : la trilogie s'est amusée à manier une ambiance et des images presque religieuses pour nous faire vivre pleinement son histoire, exploitant habillement ces repères inconscients... Comme une volonté de dresser un portrait au vitriol du pire de nous même, judicieusement mis en valeur par l'ambiance et le décor de cette Angleterre comme abandonnée, The Red Riding nous éclaire in extremis sur sa raison d'être et les moyens employés. Mais avions nous-vraiment besoin d'avoir cette explication ?
Ces adieux avec notre trilogie nous ont peut-être très légèrement déçus à cause de cette conclusion trop simple, presque trop facile. Bien en deçà du plaisir que nous éprouvions à chaque nouvelle marche gravie vers le trouble et le désordre, on en aurait presque souhaité ne pas avoir de conclusion et être laissés face à nos propres interprétations, plutôt que la sensation frustrante d'un "tout ça pour ça". Légère faute au finish donc pour ce triptyque par ailleurs très réussi, qui s'achève avec un 1983 qui comme ses prédécesseurs, manie l'art de l'entremêlement avec brio. 1983 révèle un tableau final particulièrement sombre, mais alors que les autres périodes s'amusaient à annihiler et broyer les qualités humaines de ses protagonistes, 1983 les utilise pour atteindre sa vérité. C'est peut être ça qui fait de 1983 le maillon-faible (de manière toute relative) de Red Riding Trilogy : un manque de courage à laisser le spectateur dans l'ombre, une lumière presque trop forte avec cette délicieuse obscurité à laquelle nous nous étions que trop bien acclimatés ! Cette trilogie-là ne paie pas de mine, mais on est passé très près du chef d'oeuvre... Faute de l'avoir atteint, s'abandonner au rythme et au(x) style(s) de ses 3 segments fait de ces 3 films une passionnante découverte.
Procurez-vous The Red Riding Trology ou d'autres films de Anand Tucker ou avec Sean Bean,Peter Mullan ou Andrew Garfield