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Lawrence d'Arabie (David Lean, 1962)

Par Doorama
Lawrence d'Arabie (David Lean, 1962) Pendant la Première Guerre mondiale, un officier Britanique est envoyé recueillir les intentions du prince Feyçal pendant le conflit avec les Turcs. T.E. Lawrence épouse alors la cause de l'indépendance du peuple Arabe et devient un leader de celle-ci. Mais les visions britanniques, comme celles du prince, ne sont pas aussi claires que celles qui animent l'officier Lawrence...
Des paysages d'une fascinante beauté, un souffle épique rare et un parcours intérieur complexe et contradictoire animent Lawrence d'Arabie... Bien sûr le film de David Lean a marqué l'histoire du cinéma et traversé celle-ci auréolé de 7 oscars, mais il n'y a pas qu'une oeuvre techniquement exceptionnelle et une biographie pleine d'aventure : Lawrence d'Arabie possède un pouvoir hypnotique sur le spectateur. Entre le récit historique et le parcours d'un homme entièrement voué à un idéal, Lawrence d'Arabie est une proposition de 3h30 comme on en voit peu maintenant... Illuminé, fulgurant, grandiose et d'une richesse inépuisable, Lawrence d'Arabie est unique !
Il y a avant tout l'impact de Lawrence d'Arabie sur les rétines... Comme la lumière de ce désert, aveuglante, comme ce soleil écrasant qui brûle tout... Comment ne pas s'éblouir sur un "simple" plan général comme celui de cette vallée, constellée à perte de vue, par des tentes de Bédouins ? Aujourd'hui, on ferait des copier/coller d'incrustes numériques, en 1962, des centaines de figurants devaient être guidés et placés sur des kilomètres carrés pour composer un plan d'une dizaine de secondes... Ces jours de travail pour un "simple" plan de situation, cette vision grandiose et méticuleuse de David Lean, traversent jusqu'au plus infime détail Lawrence d'Arabie... L'effet y est immédiat : une immersion totale... Visuellement, tout y est perfection, transformant la moindre de ses scènes en spectacle d'une puissante beauté. Rarement, à notre sens, un film n'offre autant au spectateur, nous sommes bien au-delà d'une simple envie d' "en mettre plein la vue". Si David Lean verse dans le grandiose, c'est pour capturer l'essence de ces paysages, c'est pour donne au désert ce supplément d'âme, c'est pour mieux faire comprendre les  règles qu'il semble imposer aux Arabes... Nos rétines s'en trouvent littéralement brûlées par la force des images de Lean ! Sans en parler nommément Lean dessine son personnage principal, celui pour lequel on se bat, celui qui rend fou, qui déclenche un sentiment d'amour ou de respect, celui qui laissera toute la place nécessaire à T.E. Lawrence pour se perdre... : le désert comme jamais il n'avait été mis en scène, et sans doute comme jamais il ne le sera plus, car la barre est haute ! Lean fabrique un film visuellement lumineux, grandiose et parfaitement hypnotique... La musique de Jarre et Peter O'Toole feront le reste, avec la même magie, la même force !
Lawrence d'Arabie (David Lean, 1962)
C'est son pouvoir de fascination qui donne à Lawrence d'Arabie sa grandeur ! Le parcours intérieur de "El Orens", comme l'ont surnommés les bédouins ne pourrait être le même sans ce désert comme personnage principal. Dans ce monde en guerre, que les hommes essayent de façonner à leur convenance (politique et économique), il se déroule dans ce désert figé et vivant, un évènement rare : le désert donne vie à un nouvel homme autour duquel les Bédouins vont se rallier. T.E. Lawrence, poète et rêveur humaniste à la base, va être victime du désert, déboussolé presque, jusqu'à épouser une cause étrangère aux intérêts du pays qu'il sert et devenir un autre homme : il sera fabriqué par ce désert, comme ces curiosités géologiques dessinées par le temps. Presque mystique, Lawrence d'Arabie propose un parcours qui va de l'éveil jusqu'à un territoire proche de la folie ou du fanatisme. Lente fresque de 3h30, quelquefois indolente, on retrouve dans Lawrence d'Arabie le thème fascinant de l'identité, ou plutôt de l'identité de l'ennemi... La guerre, comme dans Le Pont de La Rivière Kwaï, comme dans Furyo, n'y est pas qu'un théâtre de combats et d'oppositions entre les peuples ou les armées, elle est un révélateur de que les hommes ont en eux, elle est un facteur d'interrogation sur soi-même et sur l'"autre", elle est une immersion forcée dans la culture de l'"autre" et un premier pas vers sa compréhension. Visions grandioses du désert, mais aussi vision humaniste, complexe et passionnante, souvent contradictoire, des hommes.
Une fois de plus le rédaction de doorama contemple et s'excite fébrilement devant une oeuvre monumentale du cinéma ! La perfection nous rend fous, fous d'admiration, elle nous met en état de transe, et Lawrence d'Arabie par ses spécificités, par ses choix, sa richesse et son unicité nous transporte ! On entend souvent parler de Lawrence d'Arabie comme un chef d'oeuvre du film d'aventure (c'est vrai !). On se rappelle de ses scènes épiques, de sa grandeur, ses paysages et ses costumes, oui, bien sûr... Mais en le qualifiant ainsi, on diminue à notre sens ce qui le rend si spécial : la psychologie de son personnage et ce mysticisme qu'il dégage. Comme avec notre récente redécouverte de Il Etait Une Fois Dans l'Ouest, Lawrence d'Arabie re débarque dans le présent comme une évidence : le merveilleux souvenir cinématographique que nous avions en mémoire est bien en dessous de la vérité ! Lawrence d'Arabie est certes difficile à "ouvrir" (ne serait-ce qu'à cause de sa durée qu'il faut placer dans son planning), on pense en avoir fait le tour, le connaître, mais non ! Boite de pandore incroyablement ciselée et décorée, Lawrence d'Arabie est inusable, Peter O'Toole inoubliable, son pouvoir de fascination immense... C'est bien un sentiment d'Amour dont il est question ici ("In love with The Desert" parlera aux possesseurs de DVD...), que ce soit pour le désert, entre les hommes (quid de Omar Sharif et Peter O'Toole ?), ou du spectateur avec le film... Obsédant, hypnotique et complexe,  Lawrence d'Arabie est unique, peut-être l'un des plus beaux films qui soient pour la rédaction...
Lawrence d'Arabie (David Lean, 1962)

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