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Les meubles laqués vénitiens du XVIIIème siècle

Publié le 22 avril 2013 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Commode - Venise XVIIIème

Pratiquée dans toute l’Europe au XVIIIe siècle, la technique de l’arte povera demeure avant tout l’un des symboles de Venise, dont elle est originaire.

L’art du meuble peint en Arte Povera au XVIIIème siècle

Art pauvre, telle est la traduction littérale de l’arte povera, terme italien employé par les professionnels de l’art pour désigner une catégorie de meubles polychromes produits au XVIIIème siècle…  à ne pas confondre avec le mouvement d’art contemporain portant le même nom. Plus précise et sans doute plus appropriée est l’appellation lacca povera, « laque pauvre », ou encore lacca contrafatta, « imitation de laque », parfois rencontrée. Car il s’agit bien au départ d’une imitation.

Armoire en bois fruitier mouluré, sculpté et estompé brun. Six panneaux en façade et trois sur les côtés à décor en arte povera de scènes galantes et de motifs rocaille. Traverse mouvementée. Pieds avants cambrés, pieds postérieurs droits. Italie, milieu du XVIIIème siècle.

Dès la fin du XVIIème, l’Europe se passionne pour les laques de Chine et du Japon, qu’elle fait venir à grands frais pour ses intérieurs. Mais les approvisionnements sont longs et les inconditionnels de la mode, impatients. Plaque tournante cosmopolite des échanges commerciaux, toujours à l’affût de nouveautés, Venise n’échappe pas à l’engouement pour les chinoiseries. Avec ingéniosité, la ville de la lagune s’approprie les laques orientales, dont elle imite le procédé et interprète les sujets, se libérant ainsi des aléas liés aux importations. Les Vénitiens sont conquis.

Suite à l’engouement des meubles peints et laqués et ne pouvant répondre à la demande, les artisans vénitien du XVIIIème siècle ont recourt à la technique de arte povera ou  lacca povera, pour produire plus vite et à moindre coût  des meubles imitant la laque si convoités à cette époque.

Buffet à deux corps en arte povera italie, Venise

Cet art appelé « art du découpage » ou « marqueterie de papier » consiste à utiliser des motifs découpés dans des gravures ou divers papiers anciens et à les animer sur des meubles et des objets. Les artisans se servaient aussi de cette technique pour imiter les meubles laqués du Japon et de Chine.

Buffet à deux corps en arte povera italie, Venise

Plutôt que de peindre les motifs décoratifs à la détrempe, les artisans emploient des gravures colorées. Après avoir corrigé les irrégularités du support par la pose d’une fine toile recouverte d’un enduit, ils les découpent et les collent sur le bois, peint dans un ton uni servant de fond. Le tout est recouvert de quinze à vingt couches d’un vernis réputé pour sa transparence, la sandaraque.

Pionnière, Venise ne tarde pas à exporter ses meubles polychromes et à faire des émules dans toute l’Italie. Rome, le Piémont, la Marche et la Sicile, notamment, lui passent commande ou adaptent l’arte povera à leur propre style régional. Si la forme du bâti change au gré des régions et des influences, le décor dit «à figures» reste identique. Les ateliers de chalcographie de Venise et ceux de la famille Remondini à Bassano diffusent en effet dans toute l’Europe des gravures spécialement conçues pour les ornements mobiliers, imprimées sur un papier extrêmement fin. Les scènes de genre s’inspirent des œuvres des peintres vénitiens contemporains, comme Ricci, Zucarelli, Canaletto ou Guardi. Belles dames, cavaliers, bergers, personnages de la commedia dell’arte accompagnés d’animaux ou de putti et, pour la forme, quelques Chinois se promenant dans les paysages idylliques de la campagne arcadienne ou évoluant entre des éléments d’architecture. Les sujets sont parfois encadrés de frises peintes ou d’estampes découpées figurant des rinceaux fleuris ou des rubans.

Secrétaire, ouvert

Détail

Secrétaire, ouvert


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