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L'alcôve

Par Richard Le Menn

LesSolitairesEnBelleHumeurLeRossignol2detail-1-300lm Photographie : Les Solitaires en belle humeur. Entretiens Recueillis des Papiers de feu M. le Marquis de M***. (Seconde partie, Paris, 1723). Illustration pleine page : « Le Rossignol ».

L'alcôve est un enfoncement pratiqué dans une chambre pour y placer un lit. Avec la ruelle (voir l'article Les Précieuses et les femmes de lettres) elle est le salon des précieuses et des femmes d'esprit. Le lit lui-même est depuis l'Antiquité jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, c'est à dire jusqu'à la fin de l'aristocratie, un lieu de sociabilité très important. Voir par exemple l'article intitulé Au lit au Moyen-âge.

Comme la ruelle, la table de toilette ou le boudoir (voir l'article Le boudoir), l'alcôve est un des lieux liés à la conversation intime et à la relaxation emprunte des plaisirs de la volupté intellectuelle et sensuelle, voire de la simple jouissance, enfin de ce qu'on appelle la joie, non pas dans son aspect bruyant qui n'est souvent que l'expression de la superficialité, mais dans le voyage intérieur entrepris dans la communion des esprits qui par leur rencontre ouvrent l'un à l'autre des espaces ignorés et précieux, insondables et que pourtant le langage (dans toutes ses formes aussi bien de la parole que du corps ou autres), le raisonnement, la perfection de l'instant et la sensualité donnent à savourer les délices.

L'architecture connaît nombre de ces lieux semi-secrets aussi bien dans les bâtiments que dans les jardins où l'intimité s'exhale. C'est dans l'alcôve que s'élabore les mille et une nuit, que le cercle se rétrécit pour arriver au point d'intimité. On y place le lit avec sa ruelle, ou bien un canapé voluptueux, ou tout autre aménagement souvent agrémenté de tapis, tissus et soieries rendant l'endroit plus douillet, inclinant à la relaxation et à la confidence saine.

De tels lieux ont toujours existé dans l'architecture. Les petites pièces de repli, les enfoncements permettant la méditation sont nombreux dans les bâtisses antiques, de même que dans l'architecture moyenâgeuse qui se prête particulièrement à cela avec ses tourelles. À des époques où le chauffage central est exceptionnel et où les maisons sont de véritables ruches où vivent toute une famille avec parfois de nombreux domestiques, invités, visiteurs … de tels emplacements sont indispensables. Certains banquets antiques se tiennent dans de telles alcôves … et de grandes choses s'y élaborent. Ces espaces invitent à des voyages intérieurs, au partage et à la volupté du moment présent.

© Article et photographie LM


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