[anthologie permanente] Cole Swensen

Les Éditions Corti publient Le nôtre, de Cole Swensen. 
Saint-Germain-en-Laye 
 
En 1112, Louis VI le Gros fit construire un château sur le plateau de Laye, 
pour la vue et pour le vent 
Et les gens sont ces petites choses en rouge tout là-bas. 
   … 
La tâche du jardinier est d’ouvrir l’espace 
   et non 
de traiter la masse. 
   Et très rarement la couleur dans un univers sable et vert, 
un jardin comprend 
tout ce que l’on peut voir du jardin, donc Saint-Germain-en-Laye 
s’étend bien au-delà de Paris 
   … 
Quand le Nôtre a remplacé les jardins 
Quand le surintendant des Eaux et Fontaines 
Quand François Francine 
se plaignit que Le Nôtre ne montrait nul respect pour les ressources. 
   D’énormes peupliers 
et tous les anciens échanges moléculaires. Jardiner est-il un art figuratif ? 
Et celui qui se consume d’envie 
s’endormira 
en comptant. Pour chacun, il y a  
un pays impossible. La pelouse infinie 
semble une ligne droite. La douleur d’un temps singulier, comme un arbre doit ressentir l’espace. 
• 
Eau 
 
Tôt dans les miroirs 
et dedans le miroir, entrée des degrés. Un aviron 
avionné de profil, nous traçons à la surface 
toute la machinerie. Comment le bateau touche 
la cime des arbres, et caetera 
   sculpta un son. Et cependant nous n’avons rien entendu venir. 
Proue délébile. Époque 
conçue en forme de château, sans roi 
comme on dit en Espagne, 
   cloche et hirondelle – chacune écho 
de l’autre 
   sur toute la longueur du canal se lisaient 
les destinées. Cela durait des heures. 
   Quelqu4un que vous connaissez ? Non. Et l’autre 
dont l’éventail faisait danser le monde dans son tout petit cadre : absolument parfait pour votre petite main, Madame. Non, je pensais à autre chose.  
Cole Swensen, le nôtre, traduction par Maïtreyi et Nicolas Pesquès, « série américaine », Éditions Corti, 2013, pp. 47 et 43.  
Cole Swensen dans Poezibao :  
bio-bibliographie, conférence à Créteil, extrait 1 (avec Gianni d’Elia), extrait 2, Si riche heure (parution), Si riche heure (par T. Hordé), lecture d’été au musée Zadkine