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Donner, prendre, recevoir

Publié le 17 avril 2008 par Jcgbb

Notre société est devenue matérialiste jusque dans ses convictions morales. Ce qui compte, c’est la visibilité des actes. Ce qui prévaut est le geste. Non le mouvement du cœur, mais celui de la main qui tend, ou la somme qu’on donne. Nous voyons la beauté du don, et négligeons l’esprit dans lequel on donne. Matérialistes au point de tout prendre au pied de la lettre et de nier l’esprit.

Nous croyons par exemple systématiquement à la générosité du don. Nous y voyons un acte altruiste, un présent gracieux, un don à l’autre qui exige une reconnaissance et produit une obligation. Quel aveuglement pourtant sur les significations originelles du don…

Car on croit donner une chose. Mais comment séparer la chose offerte de celui qui offre ? Nous savons bien qu’un présent reste associé au donateur, qu’un cadeau porte l’empreinte d’une personne. C’est qu’on ne reçoit pas une chose, objective et inerte, mais vivante et spirituelle : en obtenant un bien de lui, un esprit prend possession de nous.

Offrir, c’est donc donner autant que prendre. Apparemment se défaire, en réalité voler et dérober. Imposer une parcelle de son âme dans les biens de l’autre. C’est un véritable impérialisme que cette générosité. Ce pourquoi il y a tant de gloire à donner, et d’humilité, voire de rage à recevoir. Ce pourquoi encore, dans certaines sociétés primitives, il était inconcevable de recevoir sans rendre en retour. Il était convenu d’échanger, non par gratitude mais pour restaurer son autorité et rétablir une égalité.

Tout échange est un mélange de liens spirituels. Refuser de prendre, c’est refuser cette alliance. L’accepter au contraire, c’est dire oui à cette petite communauté.


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