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Dance me to the end of Lov

Publié le 22 avril 2013 par Euphonies @euphoniesleblog

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Child of Lov - Fly

Avant d’être un sujet d’étripaillles pour intellectuels branchés, la musique est d’abord une affaire de corps, d’espace, de spasmes. Un cri qui vient de l’intérieur, comme disait Bernard, la traduction gesticulaire d’un stimuli neuro-hypophysique proto-endorphinique comme dirait l’autre. C’est comme ça, rien à faire, je danse donc je suis.

Sauf que la danse, dans l’imaginaire collectif, c’est le tango, la valse, le rock’n roll. C’est à dire une régulation spectaculaire, historique et culturelle d’une trémulation primale. Un rituel orchestré pour canaliser ce bouillonnement des organes. En gros, la danse codée est à la musique ce que l’éducation sportive fut à la sexualité des jeunes collégiens : un moyen de mettre de l’ordre, de transcender une pulsion anarchique de réagir aux stimuli. Et il faut reconnaître une forme de grâce aux mouvements savamment calqués sur un tempo : la technique n’est pas un frein au plaisir, au contraire. C’est aussi un lien religieux, communautaire, sensé. Sinon je ne m’explique pas la Gavotte bretonne ou la Bourrée auvergnate.

Sauf que. Comme dans tous les arts, certains ont voulu revenir aux instincts primitifs. Libérer le corps des codes et des pressions. Qui n’a jamais pogoté dans un concert punk ou ébroué ses poils dorsaux en écoutant Kassav ne peut comprendre. Parfois le bassin reprend le dessus, souvenir de l’enfance où l’on improvisait une chorégraphie anarchique sur La danse des canards. Dans ces cas là, plus de règles, mais une réponse appropriée à la rythmique : léger dodelinement sur Bohemian Rhapsody , Air guitar sur Stairway to Heaven, épilepsie sur Animal Collective.

Cette liberté de mouvement n’est pas commercialisable, n’en déplaise à la Tektonik.  J’aime regarder les gens réinventer une danse qui n’appartient qu’à eux, lancer le pied à droite quand le bras peine à suivre le rythme ternaire. Quant à Child of Lov , il invite à donner de la tête vers l’avant, à headbanguer subtilement ou donner des bras sur un blues tellurique. A la manière de cet enfant sur son fond d’écran Tumblr. Les meilleurs morceaux sont alors ceux que vous croyez connaître, et qui déroutent avec malice votre course d’orientation, qui ont toujours un temps d’avance sur vos habitudes corporelles. Je crois que Fly fait partie de ceux-là.

Fly :

P.S : morceau découvert sur la dernière compil des Inrocks (printemps) 2013. Pas pour faire de la pub, mais cette dernière édition est un modèle du genre (James blake, Bertrand Belin, Miss Kittin...)  


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