Autant dire que chez Dodb ,on suit la
carrière de Steve Mason de près. Après avoir disséqué au
possible les albums du Beta Band et plus récemment Boys Outside son
premier effort solo (vous savez, cet album à pochette toute noire
que personne ne remarque au milieu des autres), j'ai à
nouveau quelque chose à me mettre sous la dent. Et comme l'Ecossais
ne fait jamais les choses à moitié, le dit-album ne joue pas la
carte de la frustration. Double vinyle 180g, gatefold de dingue,
pochette et poster sur le thème du Jugement Dernier de Giotto Di
Bondone, 20 titres au compteur, de quoi se retrousser les manches et
plonger les yeux fermés et les oreilles ouvertes dans ce recueil de pop psychédélique, mais pas que.
Après la concentration micro sur les
possibles problèmes mentaux de Mason sur Boys Outside, on passe ici
à une échelle au-dessus, plus macro, très influencée
politiquement, notamment par les récentes émeutes ayant eu lieu au
Royaume-Uni. Mason n'y va pas par quatre chemins, il veut redonner le
pouvoir au peuple ("Fight
them back") et en finir avec
la violence d'en haut ("More money more fire"). Pour ce
faire il fait appel au producteur Dan Carey qui se chargera de
produire les 9 "interludes" (si on peut les appeler ainsi)
à Londres, ne se laissant qu'onze titres à réaliser en Ecosse. A
l'écoute c'est plutôt fluide et le passage de l'un à l'autre ne se
fait pas sentir.
Pour
ce qui est de la musique à proprement parler Mason reste en terrain
connu. On connait son penchant pour le dub ("The last of the
heroes" et ses commentaires brésiliens sur une course d'Ayrton
Senna), le hip-hop ("More money more fire" avec MC Mystro),
le gospel ("Lonely", Wraygunn et Spiritualized ne sont pas
bien loin) mais de manière générale on a droit à des morceaux pop
hypnotiques et relaxants emmenés par la voix si caractéristique de
Mason. C'est toujours très élégant et cotonneux ("A lot of
love"), très groovy ("Seen it all before" et ses
hand-clap très Motown), voire dansant ("Towers of love")
et fait de collages à tout va (bruits de rue, d'oiseaux, extraits
de documentaires...). Quoi qu'il en soit c'est excellent de bout en bout, tout simplement.
En
bref : touffu et engagé, classique mais expérimental, le
deuxième album solo de l'ancien meilleur groupe du monde n'en oublie
jamais d'être mélodieux et parfaitement exécuté.
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