Pendant la seconde guerre mondiale, la confusion a souvent
régné en Italie. Après l’armistice de 1943, les alliés allemands se
comportaient comme des ennemis et attisaient la peur dans la population. Tandis
que la résistance communiste s’organisait, les représailles sur les civils
étaient de plus en plus violentes. Au début des années 60, la péninsule a
basculé peu à peu dans une industrialisation de masse. Les grands patrons,
paternalistes à souhait, ont fait de l’usine la mère nourricière, une sorte de
ville dans la ville avec école, théâtre, stade de foot, piscine et maisons pour
les employés et les cadres. Certains ouvriers devenus syndicalistes
revendiquaient leurs faits d’armes antifascistes pendant la guerre tandis que
le maître d’école ne cachait pas sa sympathie pour Mussolini. Stefano Casini
raconte ses souvenirs d’enfance, le passé de son père et celui de son
grand-père. Un récit autobiographique qui éclaire avec tendresse l’Italie rurale
de l’immédiat après-guerre.
L’auteur précise d’emblée : « Tous les noms des personnages,
tous les faits rapportés sont réels même s’ils ont été tamisés par le filtre de
la mémoire. » A priori, ces histoires vécues par des héros ordinaires (le
sous titre de l’album) avaient tout pour me plaire. Pourtant, en collant
uniquement à la pure vérité, Casini perd la liberté narrative que lui aurait offert
une part de fiction. Résultat, rien de bien passionnant dans ces souvenirs. C’est
très décousu, on passe sans cesse de la
guerre à l’après guerre et il est difficile de trouver un fil conducteur. Le
passage avec son grand-père, qu’il allait attendre à la sortie de l’usine, est
touchant en diable mais pour le reste je suis passé à coté de ce récit d’enfance
sans doute trop introspectif pour moi.
Niveau dessin par contre j’ai
beaucoup aimé. Tout l’album est réalisé à l’aquarelle, au crayon et en couleurs
directes. Un traitement à l’ancienne que j’adore ! La campagne italienne
est restituée avec fidélité et le travail sur la lumière absolument magnifique.
Au final ça restera quand même une
déception. Graphiquement très séduisant et à bien des égards instructif mais la
narration est trop personnelle et trop brouillonne pour que j’y trouve mon
compte. Dommage…
Fragments :Histoires vécues par des héros ordinairesde
Stephano Casini. Mosquito, 2013. 114 pages.
18 euros.