Titre original : Iron Man 3
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Shane Black
Distribution : Robert Downey Jr., Gwyneth Paltrow, Guy Pearce, Don Cheadle, Ben Kingsley, James Badge Dale, Rebecca Hall, Jon Favreau, Stephanie Szostak, Ashley Hamilton, William Sadler, Bridger Zadina, Miguel Ferrer…
Genre : Action/Fantastique/Suite/Saga/Adaptation
Date de sortie : 24 avril 2013
Le Pitch :
Les évènements survenus à New-York, où il combattit dans les rangs des Avengers, ont profondément traumatisé Tony Stark, qui se terre dans son sous-sol où il se réfugie dans son travail. Pendant ce temps, le monde est sujet à une nouvelle menace. Un terroriste, Le Mandarin, multiplie les attentats et met sévèrement en péril la sécurité des États-Unis. Lorsqu’il s’en prend à Tony Stark, ce dernier se lance à corps perdu dans la bataille…
La Critique :
C’est donc à Iron Man qu’est revenu la lourde tache d’inaugurer la phase 2 des adaptations Marvel au cinéma, après le grand rassemblement des Avengers. À Iron Man donc de répondre à la grande interrogation soulevée par le film de Joss Whedon, à savoir : pourquoi les super-héros agiraient désormais seuls puisque leur existence est révélée au Monde ? Une question qui en amène d’autres. Pourquoi, par exemple, mettre sa vie en péril et au passage celle de millions de personnes (ou au moins de quelques milliers) en essayant de se fritter en solo avec le grand bad guy, si on peut rameuter deux ou trois potes super gaulés pour éradiquer la menace en trois coups de cuillère à pot ? Une question à laquelle Iron Man 3 ne répond que partiellement, car dans le cas présent, à un moment donné -et non ce n’est pas un spoiler- la vie du Président des États-Unis est en jeu. N’est-ce pas le boulot de Captain America de veiller à la sécurité du chef du Monde libre ? Pourquoi Iron Man devrait s’y coller ou au moins, pourquoi agirait-il seul (ou presque) ? Pourquoi le gouvernement a-t-il mis au point, Iron Patriot (upgrade de War Machine) pour protéger le Président et ses conseillers, alors que le Cap’ est maintenant en service, avec son super bouclier et son costume en forme de bannière étoilée ? Seul Thor a une excuse valable, puisqu’il ne vit pas sur la même planète (ni dans la même dimension). Hulk aussi, a certainement des problèmes de maîtrise de soi à régler, mais les autres ? Où est le S.H.I.E.L.D., la Veuve Noire et Hawkeye ? En R.T.T peut-être ? Présents à un moment ou à un autre dans les deux premiers Iron Man, les potes de Nick Fury sont ici aux abonnés absents. Alors oui, Iron Man 3 répond partiellement, et de manière très détournée, à la problématique inhérente à Avengers. Peut-être les prochains films de cette phase 2 ( Thor 2, Captain America 2, Les Gardiens de la Galaxie et bien sûr Avengers 2) compléteront-ils les espaces vides et effaceront les points d’interrogation à ce sujet…
Ceci dit, qu’est-ce que vaut ce nouvel Iron Man ? C’est simple et ça tient en deux mots : il déchire.
Film étrange, car véritablement détaché des autres adaptations Marvel, Iron Man 3 est à la fois le film le plus drôle de la trilogie, mais aussi le plus sombre. Le mélange est assez fascinant et déconcertant, mais tourne à plein régime. Merci à Shane Black donc, le réalisateur engagé par les pontes de Marvel (dont le super-producteur Kevin Feige), directement responsable de la flamboyance d’une certaine production 80′s et 90′s via ses scripts de L’Arme Fatale, du Dernier Samaritain, de Last Action Hero, d’Au revoir à jamais ou encore du plus récent Kiss Kiss Bang Bang qu’il a également réalisé. Shane Black, le surdoué en chef de la punchline qui tue, pouvant revendiquer à lui seul la paternité du buddy movie et plus globalement d’un certain modèle mythique de films d’action puissamment arrosé de comédie riche en second degré.
Le risque pour Shane Black, en débarquant dans une franchise hyper codée, aurait été de se laisser bouffer par Kevin Feige et ses sbires, souvent accusés par les détracteurs des adaptations Marvel, de formater tous les réalisateurs qu’ils engagent (comme récemment l’homme de théâtre Kenneth Branagh qui a livré un Thor sujet à controverse).
Et bien c’était mal connaître ce roublard de Shane Black. Le bougre s’en sort avec les honneurs car non seulement son film s’insère avec brio dans la mythologie Marvel et dans la logique des films précédents, raccrochant habilement les wagons avec le premier épisode notamment ; mais il parvient aussi à imposer sa patte si reconnaissable.
Et c’est précisément là qu’il est difficile de comprendre ceux qui n’ont pas décelé cette patte, pourtant omniprésente. De la voix off, à la période de l’année pendant laquelle se déroule l’action (Noël), en passant par l’iconographie, par les répliques piquantes et par la belle et maline petite critique bien sentie sur l’envers du décors hollywoodien, Black ne lâche rien. Quitte à trop en faire, il parvient à rendre ce qui aurait pu s’apparenter à un gros bordel, parfaitement cohérent. Enfin presque, mais il serait bien dommage de faire la fine bouche devant un film aussi soucieux d’envoyer du bois et d’offrir aux fans un pur spectacle jubilatoire.
Parce que oui, Iron Man 3 est parfois un peu bordélique. En partie à cause des multiples prises de risque que prend le long-métrage, notamment à mi-parcours quand il s’autorise un twist culotté qui ne sera pas au goût de tout le monde. Mais Black s’en fout car il s’amuse et nous avec.
Drôle, dramatique et explosif. Trois mots qui résument bien Iron Man 3. Drôle, car si Tony Stark a un poil le moral dans les chaussettes, il ne se défait pas pour autant de son tempérament cabotin et sous la plume de Shane Black, ses réparties font un malheur. Robert Downey Jr n’y est évidemment pas étranger, dans un rôle qui évolue vers une version 2.0 de celui qu’il tenait dans Kiss Kiss Bang Bang. Hasard ? Non.
Dramatique, Iron Man 3 l’est aussi car il digère l’après-Avengers, intégrant donc les conséquences de la super baston new-yorkaise contre les aliens, à une dynamique du coup repensée. Et comme Tony Stark est déboussolé, Iron Man l’est aussi. Tout part en vrille, alors que la technologie ne cesse de progresser. Paradoxalement, Shane Black ramène Stark et sa technologie de pointe au siècle dernier pour le replacer dans un contexte très vintage. Concentré sur Tony Stark, qui passe beaucoup plus de temps hors de son armure (ça aussi, ça risque de ne pas plaire à tout le monde), le métrage verse dans le polar pur bien burné, en laissant de côté les gadgets. Un temps seulement et non ce n’est pas frustrant le moins du monde. C’est même carrément jouissif de redécouvrir un type réputé (quasi)invincible quand il est dans son armure, à nouveau vulnérable et devant -comme dans le premier épisode- faire appel à des ressources plus primaires pour se défaire des situations inextricables dans lesquelles il finit fatalement par se retrouver. Ainsi, la partie centrale du film est clairement celle où Shane Black s’exprime le plus clairement. Au point de transformer ce troisième volet en buddy movie partageant d’évidents points communs avec certaines des précédentes œuvres du cinéaste, comme L’Arme Fatale.
Tout ceci sans oublier de faire parler la poudre. Shane Black multiplie les Iron Men, organise des scènes pantagruéliques et impressionne. Car il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit que de sa seconde réalisation…
Du côté du casting, là aussi, le film force le respect. Robert Downey Jr qui s’entend à merveille avec son réalisateur fait le show, avec plus de nuances qu’auparavant, tandis que Gwyneth Paltrow assoit sa position primordiale dans l’univers Iron Man. Bénéficiant également du charisme d’un Don Cheadle plus présent, Iron Man 3 permet aussi de retrouver une impressionnante brochette de seconds rôles, de la douce Rebecca Hall, à Ben Kingsley, surprenant en Mandarin, sans oublier un Guy Pierce déchainé, et le revenant, William Sadler, méchant en son temps de 58 Minutes pour vivre et nouvelle preuve du désir de Shane Black de positionner son long-métrage dans une logique old school savoureuse.
Il est évident que le film parlera probablement davantage aux fans de Shane Black qu’aux spectateurs désireux de se délecter d’un spectacle plus premier degré, dans la lignée d’autres films Marvel. Pourtant, c’est la présence de Shane Black qui permet à Iron Man de rebondir après un second volet, trop bordélique et creux. Une chose est sûre : Shane Black a donné une nouvelle impulsion à Iron Man. Toujours en roue libre, fidèle à lui-même, Tony Stark a bien négocié l’après-Avengers. Shane Black de son côté, a ni plus ni moins offert aux fans l’une des meilleures adaptations Marvel. La plus drôle aussi. Sans y sacrifier son style, quitte à trop en faire et à parfois mal canaliser son énergie. Mais franchement, c’est la vision d’ensemble qui compte. Et ici, elle a une sacrée gueule !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : The Walt Disney Company France