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Les 3 bonnes raisons de lire « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan

Par Stephanier

Ce n’est pas franchement une nouveauté et tout (ou presque) a sans doute été dit sur ce livre. J’ai été témoin du succès lors de sa sortie sans avoir (du tout) envie de le lire. Les autres sujets qu’elle a pu traiter dans ces précédents livres m’intéressait davantage : l’anorexie par exemple…Mais là…Les relations mère-fille et leurs difficultés, non merci. La promo du livre a beaucoup traité de ces questions, qui sont effectivement présentes dans « Rien ne s’oppose à la nuit ». Ou peut-être, c’est moi qui a percuté sur ce sujet en occultant les autres.

Parce qu’il y a autre chose que l’on peut venir chercher. Et ce sont ces choses qui m’ont touchées.

Alors si je devais convaincre les derniers résistants à ouvrir ces pages, voilà au moins 3 bonnes raisons :

  • le côté saga familiale : j’ai aimé moi, cette première partie du livre ou De Vigan présente sa famille, à la 3ème personne comme une grande histoire familiale avec ses joies et ses difficultés. Ses grand parents : sa grand mère, belle, solaire pleine d’optimisme ; son grand père, sur de lui, beau parleur, avec déjà, distillé ça et là, quelques passages montrant ses potentielles défaillances. Et puis, les moments que l’on partage de la jeunesse de sa mère avec ses frères et sœurs, grandissant dans une ambiance bobo avant l’heure. J’aurai voulu que ça continue, de la même manière , plus longtemps…Je me suis attachée à certains personnages : le grand frère Barthélémy, protecteur, Justine, la jeune sœur rebelle….La suite du livre s’attachera à nous entraîner dans la foulée de Lucille. Lucille si belle (Non, mais la photo de la couverture, quoi ! Elle était magnifique)
  • La réflexion sur l’écriture. C’est quoi écrire ? Pour un auteur comme de Vigan, déjà connue, reconnue ? pour sa mère, jamais publiée ? Dans quels processus entre-t-on quand on écrit ? Et quand c’est son histoire qu’on écrit, à quel prix le fait-on ? Et quand au delà de soi, c’est de sa famille, dont on se rend compte qu’il y a tellement de parts d’ombre. Quelle légitimité ? Ces questions sont présentes tout au long du récit, et on comprend, au vue du sujet, des nuits blanches qu’elle a du traversées pendant l’écriture (et après sans doute)
  • Le volet ethnographique, de plongée dans la folie de Lucile, de tragédie familiale. De réflexion sur la mémoire familiale. Je dis volontairement ethnographique parce que c’est parfois écrit avec pas mal de recul, bien qu’elle s’en défende page après page. Elle est en particulier assez peu démonstratives sur ses sentiments vis à vis des moments de rejet qu’a pu avoir sa mère envers elle (par exemple), sur la relation différente que sa sœur a pu nouer…Mais moi, ça ne m’a pas dérangé. Je dirais même au contraire ; l’inverse m’aurait gênée, c’est pour ça que je ne voulais pas le lire au départ. Pas de pathos, j’ai à peine eu les larmes aux yeux, ce qui est chez moi représentative, je suis une vraie fontaine ambulante, je démarre au quart de tour. Qu’est-ce que c’est d’avoir une mère qui plonge quand on est adolescente ? Et comment on doit se construire malgré tout. Avancer. Ou pas. Qu’hérite-t-on de ça, parce qu’on en hérite forcément, un peu. Parce que le résilience, ce n’est pas tout effacer.

Alors voilà, moi, j’ai aimé ce livre pour ces 3 raisons. Et vous ?


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