Magazine Cinéma
Le réalisateur Jérôme Bonnell nous avait déjà parlé en mode doux-amer et avec sensibilité du temps qui passe, des instants fugitifs qu'il nous faut savoir capter puis garder à jamais dans j'attends quelqu'un. Ici encore l'alchimie avec ses deux acteurs Emmanuelle Devos (que j'ai appréciée une fois n'est pas coutume! ) et Gabriel Byrne dont j'ai découvert le sombre charme irlandais , fonctionne parfaitement.
Mais j'ai regretté qu'il faille que cette jeune femme soit perturbée hormonalement et psychologiquement ( la révélation qu'elle attend un enfant) pour semble-t-il excuser et expliquer son coup de folie. Son manque de confiance en elle, ses déceptions et ses désagréments du quotidien auraient suffi à comprendre pourquoi son regard sait capter l'infinie tristesse qui se dégage d'un homme qui doit tourner définitivement le dos à un passé désormais révolu celui de ses amours, de sa jeunesse et qu'elle ait envie de rencontrer quelqu'un qu'elle sent réellement en harmonie avec ses propres interrogations et sur lesquelles son compagnon s'étonne toujours de la voir s'appesantir « tu ferais mieux de dormir lui dit-il ».
La connivence s'établira donc forcément entre ces deux êtres et on la vit vraiment avec eux à leur rythme (avec aussi comme eux la sensation du temps qui s'écoule trop vite) comme on compatit à la souffrance de Douglas qui part meurtri et très seul. Alix, elle, a choisi et est prête pour l'avenir: le fossé se creuse entre eux au départ du train...Quel romantisme! Dommage que la musique plombe la délicatesse du sujet!