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Steak (Quentin Dupieux, 2007)

Par Doorama
Steak (Quentin Dupieux, 2007)  Blaise sort d'un institut psychiatrique. Il retrouve Georges, son ami d'enfance, mais celui-ci ne souhaite plus traîner avec lui : ce qu'il veut, c'est intégrer la bande des Chivers, toujours impeccables, toujours parfaits ! Se sentant rejeté, Blaise tente à son tour d'intégrer la petite bande : une rivalité s'installe entre eux...
Avant Wrong (pour lequel nous serions prêt à aller contre notre éthique journalistique et, en douce, lui remonter sa note de 8 à 9...) et avant Rubber, Quentin Dupieux nous avait donné ce Steak à nous mettre sous la dent... Deux losers, un poil déphasés avec les réalités, en quête de reconnaissance faisaient des pieds et des mains pour intégrer une bande délicieusement ringarde, c'est Eric & Ramzy qui s'y collaient, armés de leur humour "légèrement" décalé... Le résultat n'est pas aussi spectaculaire et séduisant que son récent Wrong, mais Steak avait déjà de quoi séduire les spectateurs en quête de "différence". Petit tour d'horizon de ce morceau, qui à coup sûr déconcertera plus d'un spectateur...
Avec Eric & Ramzy, le bac à sable n'est jamais loin... Permanente joute enfantine, faite de "c'est celui qui dit qui y est" et de "non c'est toi", l'art régressif des deux zouaves trouve avec Steak un monde à leur image : mal adapté, décale et superficiel (mais juste "en apparence" aurions-nous envie de rajouter...). Steak est sans doute, pour le duo, un univers possible idéal ! Savamment réglé, puis désaccordé, par Quentin Dupieux, on a du mal à imaginer meilleur écrin que ce monde presque dépourvu de véritables adultes. La société de Steak (légèrement futuriste paraît-il...) semble se soumettre aux lois du superficiel et de l'apparence, toute autre considération n'a que peu d'emprise sur Georges et Blaise qui semblent parfaitement s'accommoder de cet univers dont les caractéristiques bancales et partielles lui donnent des allures intemporelles. Steak adopte un ton qui échappe aux critères habituels, il propose un monde qui ressemble à notre quotidien, mais où chaque règle semble avoir une kyrielle d'exceptions.
A l'exception du récit, presque une trame, du duo qui rêve d'intégrer les Chivers, Steak donne l'impression de n'être fait que de "petits riens". Quentin Dupieux opte pour un ton qui dégage une forte impression de flottement : rien ne s'enchaîne au rythme que l'on attend, les détails semblent disproportionnés et le normal superflu... Steak est une bulle comme Quentin Dupieux sait les dessiner : pas rondes ! Hors-normes à sa manière, mené par l'humour aussi "ras du sol" que "très loin" de Eric & Ramzy, Steak à de quoi laisser perplexe le spectateur en gommant systématiquement tous ses repères habituels. Ce n'est pas non plus son (faux) message sur la société, les gens et les apparences qui lui donnera une quelconque forme ou direction : Quentin Dupieux semble bien s'en foutre, ne recherchant qu'un support pour construire son univers si particulier...
Inclassable ou complètement raté, Steak explore ce qu'il serait possible d'appeler un "quotidien expérimental". Pour en profiter et vivre un charmant moment de comédie décalée, il conviendrait presque de faire sienne la phrase "toi qui entre ici abandonne toute espérance". Avant Rubber, l'oeil et la sensibilité de Quentin Dupieux lorgnent déjà vers la déconstruction de ce que l'on connait, vers sa construction d'univers proches du nôtre, mais profondément décalés. Et la présence d'Eric & Ramzy, plutôt que d'apporter des repères connus, ne fait finalement qu'ajouter une autre dimension à ce fin dérèglement. Au premier degré, Steak est un film mauvais et imbuvable... quelques degrés plus loin cette curieuse expérience commence à déployer ses charmes... Steak est dans son genre une curiosité difficilement classable, ni fable, ni véritable comédie, juste une forme d'expérience qui nous a plutôt séduits à la rédaction, mais sans pour autant nous convaincre. On a apprécié le "ride", mais encore tout retourné par Wrong, Steak ne restera qu'une anecdote sympathique, atypique et rare, faute d'être inoubliable. On ne peut pas adorer, ni même détester, mais simplement aimer ou pas... Curieux objet...
Steak (Quentin Dupieux, 2007)

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