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Rien à Signaler jusqu’au 11 mai au Théâtre de Poche

Par Bourlingueur

Rien à Signaler jusqu’au 11 mai au Théâtre de Poche

de Martin Crimp

Traduction Séverine Magois

Mise en scéne Georges Lini

assisté de Nargis Benamor

avec Allan Bertin, Denis Carpentier, Tony d’Antonio, Benoît Janssens, Valérie Lemaître, Bernadette Mouzon, Jacqueline Nicolas

Scénographie Olivier Wiame

Lumières Alain Collet

Création sonoreSébastien Fernandez

Costumes Thibaut De Coster et Charly Kleinermann

Cette indifférence qui peut faire de nous des monstres…

Un drame « invisible » se noue chez les voisins d’en bas. Milly, la dame du premier, se doute bien de quelque chose mais, dans le doute… on s’abstient n’est-ce pas ? Son voisin de palier, lui, se contente d’observer Carole, la jeune femme du rez-de-chaussée, lorsqu’elle prend son bain de soleil dans le jardin en surveillant sa gamine.

A l’instar de Lucas Belvaux dans son film 38 témoins, Martin Crimp nous plonge dans un suspense digne d’un Hitchcock pour dénoncer avec un humour teinté de cruauté l’hypocrisie d’une société prête à tout faire (à tout taire ?) pour protéger son bien-être, sa passivité face aux tragédies qui se jouent sous ses yeux dans un silence assourdissant.

Eh bien… évidemment il y avait de quoi s’inquiéter, surtout quand on sait ce qu’on sait aujourd’hui. Mais de quel droit je serais allé m’en mêler, c’est ça le problème… 

Détourner le regard c’est être complice du délit. La justice sociale commence à notre porte et elle est souvent le fruit du courage civique. C’est dans cet esprit que le Poche tentera de donner des pistes concrètes en encourageant les actions civiques et les initiatives de solidarité entre voisins.

Critique :

Un immeuble en ville, tout ce qu’il y a de plus commun. Au rez-de-chaussée, un couple avec enfant. Au 1er étage, les voisins : une vielle dame seule dans son appartement ; à côté, un homme, seul également, qui se désole de la perte de la garde de ses enfants… C’est entre ces trois protagonistes que le drame va se jouer.

En effet, le couple n’est pas des plus attentifs en ce qui concerne l’éducation et la prise en charge de l’enfant… Celui-est victime si l’on peut dire de ‘maltraitance’ mais plus par négligence que par volonté explicite de ses éducateurs. Ces derniers passent leurs journées à boire et à fumer et leurs nuits à faire bruyamment l’amour, jetant de temps en temps un œil sur l’enfant … Cette situation intrigue les voisins de l’immeuble qui font chacun leurs commentaires sur ce qui se passe un étage plus bas. La pièce tourne autour de cette question de l’ingérence (ou non) dans la vie privée d’une famille. Les voisins désirent intervenir à certains moment mais se trouvent toujours des bonnes raisons de ne pas le faire (comme on peut l’entendre à la fin lors de leur interrogatoire face à la police). Ceux-ci tiennent à l’œil la famille mais uniquement dans le cas ou eux-mêmes y trouvent un certain intérêt : la vielle dame pour récolter des fonds pour la cause qu’elle soutient, l’homme célibataire pour se rapprocher de la mère de l’enfant…

A terme le drame se produit et tout le monde s’étonne que cela ait pu arriver aussi facilement, silencieusement, insidieusement…

Les acteurs sont excellents, le décor simple mais réaliste, les jeux de lumière intelligents. On se croirait nous-même dans un appartement de l’immeuble entrain d’épier cette famille fragile… Et c’est probablement le but de la pièce que de pousser le spectateur à la réflexion pour l’amener à se poser cette question cruciale : ‘Qu’aurais-je fais moi-même dans cette situation?’ ….

Une pièce qui ne vous laissera pas indemne ! A voir !


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