Magazine Culture

Joe Balcom

Par Boris69 @borislesoir

Joe Balcom,de son vrai nom: Joseph Balthazar Bal-Con,ayant souffert une trop longue partie de sa vie de se nom à la con,il avait fini par réussir à s'en débarrasser,non sans difficulté.

Auparavant,il longeait les murs,se faisait tout petit,malgré son mètre quatre vingt-cinq,recroquevillé sur lui-même,insignifiant,presque invisible,il trainait sa peau de timidité comme une maladie honteuse.Tourmenté,enragé,frustré,il défonçait des portes dans le noir à l'abri des regards.

Il se fondait dans la masse,emporté par ce flot de noyés, passant inaperçu,un monsieur passe-partout dans un petit costume gris étriqué au fond de sa pensée.Son nom l'écrasait,l'emprisonnait,le tourmentait d'une façon odieuse,sournoise,c'était une brute sans nom,l'isolant du reste du monde.

Jouant avec ses sentiments mêlés de honte,le coeur plein de rancoeur,de rancune,il ne sortait jamais de peur que l'on lui demande son nom,n'allait pas dans les bars,dans les endroits où il risquait de faire des rencontres.Il aurait préférer mourir plutôt que de dévoiler son blaze,il aurait pu mentir,mais ce n'était pas son genre,bien trop honnête,alors il souffrait dans sa solitude,compagne malsaine,associée du diable Joseph Balthazar Bal-Con!

Il se rongeait les ongles jusqu'aux mains en sang,il pissait des lames de rasoir,pleurait des larmes acides ,dévastatrices,rongeant son cerveau fiévreux,brûlant;les boyaux en accordéon crachaient des notes déchirantes,comme une tempête dévastatrice,un ouragan,secouant,malmenant,bousculant des blocs de sentiments comme un iceberg perdant ses dents.

Les battements de son coeur étaient brutaux,donnant de grands coups de pieds,l'onde de choc se répercutant,faisant trembler ses neurones dérangés.Il buvait beaucoup de lait,antipoison bien connu,espérant ainsi combattre cette maladie psychologique vicieuse,inoculée par son nom qu'il exécrait.

Un beau jour,assis au bord du gouffre,à deux doigts de se balancer dans le vide,épuisé par cette bataille,où il était le grand perdant,littéralement écrasé par son nom,qui se moquait bien de lui,n'ayant rien à perdre,un nom sans état d'âme,sans corps et sans coeur face cet être humain enchaîné,prisonnier;il décida d'aller porter plainte au commissariat contre celui-ci.

Il prit son courage à deux mains,le tirant par le col et se retrouva au service des plaintes,des harcèlements en tous genres. Il fut reçu par un flic grassouillet,collé à sa chaise depuis des années,suintant la graisse rance,odeur de friture et brillantine mélangés.

Ce ne fut une sinécure,pour expliquer au poulet grognon,bourru,borné comme une machine à écrire,figé comme un panneau de signalisation au carrefour de la raison administrative,de la paperasserie rébarbative.Il fini après des heures d'interrogatoire,à faire comprendre que ce n'était pas lui le coupable,que c'était une question de vie ou de mort, sa plainte fut donc enregistrée,un avis de recherche fut lancé à l'encontre de son nom.

Celui-ci,incognito,se baladait allègrement,sifflotant, les cheveux dans le vent,insouciant de la menace imminente,de cette chasse ouverte à son encontre.Des "Wanted" furent placardés dans les villes et villages avoisinants,on lâcha les chasseurs de primes,comme des chiens avides de chair fraîche.

Au début,ce fut pénible pour Joe,que l'on confondait régulièrement,que l'on arrêta,enferma,son nom lui jouait encore des tours!  On retrouva celui-ci,dans une ville balnéaire de la côte est,appréhendé par un cowboy au pistolet à eau,un magnum 357, pas plus haut que trois pommes qui le surpris sur un registre d'un motel miteux.

La page sur laquelle,il était couché, saisie,emmenée manu-militari,enfermé dans un coffre fort  sous bonne escorte,en direction de la ville d'origine de Joseph Balthazar Bal-Con.Le procès ne dura que quelques heures,très vite expédié,les preuves étant accablantes à l'encontre de son nom,qui fut condamné au four crématoire;on immola La page sur laquelle était prosterné,effondré Joseph B. Bal-Con.

Libéré de ce poids, l'homme s'acheta un nouveau blaze et devint donc : Joe Balcom.

Sa vie changea du tout au tout,il devint une star médiatique,on le voyait partout,sur les pages des magazines,à la télévision;il fonda une famille,une grande société de protection,pourchassant sans relâche les noms à la con.

Il devint un fervent défenseur des pauvres types, prisonniers de leurs noms.Enfin bref,un 'happy end",à l'américaine,une" success story".

Mais ça c'est la fin dans la version anglaise,dans la version française,la fin est tout autre!

La voici: malgré les nombreuses recherches,la prime offerte pour la capture de Joseph B.B.-Con,il demeura introuvable;des mois se passèrent,si pas des années,Joe dépéri,devenu l'ombre de lui-même,acculé,prisonnier,enchaîné par son nom,pendant que celui-ci avait immigré sur un archipel d'Indonésie,le martyrisant à distance,Joe fini par se pendre.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Boris69 764 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte