J’aime particulièrement les poèmes de José Maria de Heredia consacrés à la mer et à l’océan, j’avais déjà publié ici Brise marine, qui évoquait la côte bretonne.
Le Récif de corail évoque, lui, les fonds sous-marins, et je l’aime particulièrement pour son côté très coloré et très suggestif.
LE RÉCIF DE CORAIL
Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore,Éclaire la forêt des coraux abyssins
Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins,
La bête épanouie et la vivante flore.
Et tout ce que le sel ou l’iode colore,
Mousse, algue chevelue, anémones, oursins,
Couvre de pourpre sombre, en somptueux dessins,
Le fond vermiculé du pâle madrépore.
De sa splendide écaille éteignant les émaux,
Un grand poisson navigue à travers les rameaux.
Dans l’onde transparente indolemment il rôde ;
Et brusquement, d’un coup de sa nageoire en feu
Il fait, par le cristal morne, immobile et bleu,
Courir un frisson d’or, de nacre et d’émeraude.
Ce poème est issu du recueil Les Trophées (1893), un des livres les plus emblématiques de la poésie parnassienne.