Primeurs 2012 à Bordeaux : le bilan

Par Daniel Sériot

(La traduction de ce billet est disponible sur webflakes : voir en fin d'article, le lien)

Commençons par quelques considérations concernant les dégustations. J’ai délibérément ignoré les dégustations des Premiers Crus Classés de la rive gauche, qui imposent des rendez-vous et des horaires trop contraignants, avec des durées de transport importantes. D’une façon générale je n’ai pas goûté les vins des propriétés qui organisaient la dégustation des primeurs au château, excepté Pontet Canet, qui est beaucoup plus souple, pour proposer un rendez-vous.


J’ai préféré me consacrer à la dégustation de crus moins  prestigieux en termes d’image et de prix de vente, beaucoup plus accessibles pour les acheteurs au budget raisonnable.

Certains vins ont été dégustés deux ou trois fois, à des jours différents, sans noter de variations importantes dans la qualité de l’échantillon. Pour ceux qui n’ont été goûtés qu’une fois, il s’agit d’une photographie à un instant t, avec la marge d’erreur que cela comporte (fraîcheur et stabilité de l’échantillon, conditions météorologiques, etc.).

Globalement les vins de la rive droite, dans l’appellation Pomerol notamment, sont très bons, excellents, et même grands à la fin de l'élevage pour quelques uns ; les vins sont séduisants, très veloutés à pulpeux, sphériques, avec des fruits mûrs et purs, et de belles allonges.


A Saint Emilion, les propriétés les plus qualitatives sont au rendez-vous, avec des vins très fruités, bien centrés, complets, et frais, comme d’ailleurs dans les châteaux les plus performants de Pessac Léognan.


Des vins qui se comporteront fort bien à table, moins richement dotés en alcool que ceux des millésimes 2009 ou 2010.

Dans le Médoc (Pauillac, Saint Julien, Margaux, Saint Estèphe), les excellentes propriétés ont réussi à élaborer des bons à très vins au prix de sélections drastiques, et pour celles dont l’encépagement le permettait un pourcentage de Merlot plus important que d’habitude.

Les vins blancs de Pessac Léognan sont assez hétérogènes, avec quelques belles réussites, dans un millésime trop caniculaire entre le 15 Août et le 10 Septembre pour être favorable à l’ensemble de l’appellation.
Les vins de Sauternes n’ont pas été dégustés cette année.

Pour les amateurs de vins de bonne à très bonne qualité, vendus à des prix très abordables, il faudra se diriger vers des vins de la rive droite ( Fronsac, Canon Fronsac, Castillon, Côtes de Francs, Côtes de Bourg, Puisseguin) commentés sur ce blog ou ailleurs. Quant à la réussite majeure du millésime, en termes de progression, c’est pour ma part le château Les Carmes Haut Brion (Pessac Léognan).

Faut-il acheter ou non en primeurs ? Seuls les vins difficiles à trouver, après la mise sur le marché en bouteille, et que l’on souhaite acquérir méritent ce type d’achat à savoir les meilleurs vins du millésime produits sur de petites superficies et très recherchés (Pomerol et quelques crus de Saint Emilion). Les premiers prix de vente en primeurs, pour une grande partie à la baisse, ne semblent pas provoquer une frénésie d’achat. La baisse semble insuffisante pour une grande majorité d’acheteurs potentiels européens, dont les pays sont frappés par une crise économique sévère qui dure depuis 2008, et qui n’offre pas de perspectives de sortie dans un avenir proche.


Les lecteurs anglophones pourront lire la traduction sur webflakes (Diary of Lover of right bank), avec quelques billets de décalage... Lire ICI