Quatrième de couverture :
Sidónio Rosa est tombé éperdument amoureux de Deolinda, une jeune Mozambicaine, au cours d’un congrès médical à Lisbonne, ils se sont aimés puis elle est repartie chez elle. Il se met à sa recherche et s’installe comme coopérant à Vila Cacimba. Il y rencontre les parents de sa bien-aimée, entame des relations ambiguës avec son père et attend patiemment qu’elle revienne de son stage. Mais reviendra-t-elle un jour ?
Là, dans la brume qui envahit paysage et âmes, il découvre les secrets et les mystères de la petite ville, la famille des Sozinho, Munda et Bartolomeu, le vieux marin. L’Administrateur et sa Petite Épouse, la messagère mystérieuse à la robe grise qui répand les fleurs de l’oubli. Les femmes désirantes et abandonnées. L’absence dont on ne guérit jamais.
Un roman au charme inquiétant écrit dans une langue unique.Mon avis :
Un bijou ! Un roman et à la fois un long poème désenchanté. Le personnage principal ? Un mourant… ou une Afrique moribonde atteinte d’un mal qui attaque les fondements même de son être et de ses pensées.. Un récit sur le mal de vivre, sur le manque et la solitude, l’enfermement, la non-communication, la peur… Les personnages vivent-ils dans le passé ou le présent, dans l’espoir ou les souvenirs ?
Tout se mélange et la magie de l’Afrique imprègne le récit. Un blanc, des mulâtres, des noirs… des incompréhensions tant culturelles que « colorielles »… Un pays, une ville, une maison, des personnages… tous s’accrochent au passé et tentent de résister dans une atmosphère où tout se délite, se délabre, s’effrite, tombe en poussière… Le monde dans lequel ils vivent est un enchevêtrement de croyances, de mensonges, de haines, de rancœur, et d’amour aussi… Mais qui sont réellement les personnages ? Des ombres, des vivants, des souvenirs ? Les objets se muent en personnages et les personnages deviennent ombres. «Après tant d’années, on ne vit plus dans la maison, on devient la maison où l’on vit. C’est comme si les murs habillaient notre âme.» Magnifiquement écrit et superbement traduit, dans une langue qui n’appartient qu’à lui.
Citations et extraits :
(p.18) «On fait tous l’éloge du rêve qui est la compensation de la vie. Mais c’est le contraire, docteur. Vivre est nécessaire pour se reposer des rêves.
- Rêver ne vous rend que plus vivant.
- Pourquoi ? Je suis fatigué d’être vivant. Être vivant ce n’est pas vivre.»
(p.76) «Avant je recevais des lettres, maintenant on m’écrit des ordonnances. Ce que j’ai maintenant, à coté de mon lit, ce n’est plus une petite table de chevet. C’est une table pour m’achever.»
Poisons de Dieu, remèdes du diable de Couto Mia. Éditions Métailié
Date de parution : 10/01/2013