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Luc Brunschwig et Olivier Martin – Lloyd Singer, 1985 (Tome 8)

Par Yvantilleuil

Luc Brunschwig et Olivier Martin - Lloyd Singer, 1985 (Tome 8)Non mais allô quoi, t’aime la BD et tu n’as pas lu « Lloyd Singer » ? Non mais allô quoi !

C’est quoi ton problème ? Le changement d’éditeur et de nom de cette saga qui vit le jour chez Dupuis (Makabi) et qui a finalement eu droit à une deuxième jeunesse au sein du catalogue « Grand Angle » des éditions Bamboo ? Une nouvelle identité, un nouveau look, un nouveau flacon… certes, mais l’ivresse est là, 100% garantie ! Allez, juste une gorgée ?

Quoi ? Le changement de dessinateur, c’est ça ? Ben non, c’est Olivier qui dessine du début à la fin. Le changement de nom de famille ? Bah, c’est uniquement pour ajuster cette série aux valeurs plus cinématographiques de cette nouvelle collection, sans véritable cassure de style. Tu verras, ça passe comme une lettre à la poste !

Pardon ? La tronche du héros ne te plaît pas ? Bon, là, c’est vrai… entre l’agent gouvernemental binoclard, avec sa tête à claques, et son double « Makabi », avec son sac à deux balles sur la tête, j’avoue que le personnage n’a pas beaucoup d’atouts pour séduire. Mais, les deux personnalités s’emboîtent pourtant avec brio, rendant le personnage central plus complexe qu’il ne paraît… et je peux te garantir qu’au fil des tomes tu vas l’adorer ce p’tit con !

En fait, le seul point négatif de cette saga est qu’elle se termine après seulement huit tomes ! Et oui, c’est terminé, car « 1985 » ne conclut pas seulement le troisième cycle de la série, c’est aussi le dernier tome de cette saga… et c’est à nouveau une véritable tuerie que tu as loupé ! Ah, c’est ton libraire qui ne te l’as pas conseillé ? Et bien, tu changes de libraire illico presto et tu vas chez un pro !!! Non, mais allô quoi, une BD, ça ne s’achète pas n’importe où ! Au supermarché, t’achète tes salades, mais pas du neuvième art !

Oui, tout à fait, de l’art messieurs dames, du grand art même ! Normalement, quand je parle d’une série policière que j’ai apprécié, je bassine le lecteur pendant des heures avec les qualités de l’intrigue pour terminer par un « … et le scénariste soigne également parfaitement le développement psychologique des personnages ». Mais ici, la dimension humaine est tellement poussée, que j’oublierais presque de te dire à quel point l’intrigue policière est menée de main de maître. Pourquoi cet oubli ? Parce que cette histoire de sérial-killer est intimement liée au passé de la famille Singer et que les agissements de ce vieillard ne sont pas incorporés par hasard, juste pour occuper le lecteur avec un petit polar classique. Non, cette histoire de meurtres est intégrée avec grande méticulosité, entièrement au service du développement psychologique futur des personnages. La grande classe quoi… ouais comme Nabila, mais en beaucoup mieux !

Parlons-en d’ailleurs, de la dimension psychologique de ce scénario parfaitement huilé, riche en surprises et qui tient en haleine du début à la fin. Lors de la première partie de ce diptyque, Luc Brunschwig avait déjà allongé toute la famille Singer sur le divan d’une psychiatre afin de trouver l’origine de l’anorexie qui ronge la fille ainée. Il continue de faire le point sur les fêlures qui sont à l’origine du mal collectif qui ronge la famille Singer et plonge encore plus profondément dans les zones d’ombre du passé de ce personnage qui devient de plus en plus attachant au fil des tomes. En multipliant les flashbacks qui remontent à l’enfance de Lloyd, l’auteur parvient à installer une tension émouvante tout au long de l’album, tout en développant une histoire aussi prenante que bouleversante. À l’aide de dialogues parfaitement maîtrisés, il nourrit l’empathie grandissante envers des personnages complexes et attachants, qu’il dévoile par petites touches et dont on finit par comprendre la fragilité émotionnelle et la rage au fil des pages. Des rapports ambigus entre les parents de Lloyd à l’assassinat d’une employée de l’épicerie familiale, l’auteur va très loin dans la mise à nu de son personnage, recherchant l’origine des névroses et du traumatisme qui la poussé à revêtir un masque et à endosser une identité sécrète. Arrivé au bout de cette lecture riche en émotions, tout devient clair, la boucle est bouclée et il est alors temps de faire ses adieux à un personnage pour lequel on s’est pris d’affection. On aimerait certes en apprendre plus sur cette famille, sur la prochaine mission de Lloyd… mais non, il est temps de refermer cette porte d’hôpital, le cœur lourd, très lourd… ah qu’il est difficile de refermer un tel chef-d’œuvre !

… et dire qu’on ne le reverra probablement plus… non mais allô quoi ?

Adieu Llloyd !

P.S. : Le « non mais allô quoi » est une marque déposée par Nabilla, alors tu ne le lis pas tout haut, sinon tu douilles ! T’as compris ? Allez, va vite te procurer cette saga maintenant, sinon tu ne reviens plus ici !!!

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