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Suivi de l'ours brun dans les Pyrénées françaises - Rapport annuel 2012

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Disparition de Soulane : Son absence semble être validée par une observation visuelle (mai 2012, Val d’Aran) qui met en évidence une portée de 2 jeunes seulement et d’un individu adulte à proximité (Hvala probable).

Résumé

La population d’ours brun présente dans les Pyrénées fait l’objet d’un suivi annuel transfrontalier. En France, l’ONCFS, par le biais du Réseau Ours Brun (ROB), est chargé de cette tâche. Le suivi fait appel à des techniques de recherche des indices de présence collectés de façon opportuniste (constats de dégâts, témoignages) ou systématique (opérations programmées).
Le ROB a collecté et validé 712 indices de présence, soit une augmentation de 4,7 % par rapport à 2011. Par type d’indice, on note 38,6 % d’échantillons de poils, 19,4 % de prédations sur ovins ou ruches, 17,3 % de photos-vidéo, 15,3 % d’empreintes et 9,4 % d’autres. Par ailleurs, les services espagnols, toutes provinces confondues, ont récolté 527 indices : 38,3 % d’échantillons de poils, 26,6 % de photos-vidéo, 8,9 % d’empreintes, 7 % de prédations sur ovins et 19,2 % d’autres. Côté français, il y eut 135 attaques sur ovins et 3 sur ruchers, ce qui représente une augmentation par rapport aux 5 dernières années.
En 2012, 756 sorties journalières ont été consacrées au suivi systématique, soit un taux de réalisation de 87 %. Cela a permis de confirmer la très bonne rentabilité des sorties sur itinéraires (11 % positives), par rapport à celle des sorties sur stations de suivi 5 fois inférieures. L’analyse comparative des résultats confirme l’efficacité et la complémentarité des méthodes de suivi opportuniste et systématique. Ainsi, l’opportuniste apparaît plus pertinente pour renseigner l’aire de présence, alors que la systématique permet de collecter un plus grand nombre d’indices et d’identifier plus d’individus.
L’aire de répartition de l’ours (au moins 1 indice par maille 10 x 10 km) couvre 3 800 km2, dont 1 700 km2 en France. Elle concerne 4 départements français (64, 65, 31, 09) et 3 provinces espagnoles (Navarre, Aragon, Catalogne). Elle se compose de deux zones distinctes, distantes d’environ 50 km, les Pyrénées occidentales (1 700 km2) et les Pyrénées centrales (2 100 km2). La surface de cette dernière a diminué de 400 km2 suite au repli d’un individu mâle sur la zone centrale.
L’utilisation conjointe des dimensions d’empreintes de pattes, de la photographie automatique, des typages génétiques et des manifestations simultanées a permis d’estimer l’effectif minimum d’ours détecté sur les Pyrénées en 2012 à 22 individus, identique à 2011.
On distingue 11 femelles, 8 mâles et 3 indéterminés. La population est composée de 13 adultes (dont 7 femelles), 6 individus entre 1-3 ans et 3 oursons (2 portées). Aucun cas de mortalité n’a été relevé. La stagnation de l’effectif minimum détecté entre 2011-2012 résulte de la non-détection d’une femelle adulte et de 2 jeunes femelles.
A moyen terme, la présence de 3 mâles adultes sur les sites fréquentés par les femelles adultes et l’âge avancé du mâle dominant laissent supposer l’intervention probable de nouveaux géniteurs mâles dont 2 sur 3 sont apparentés à ce dernier. Le troisième, issu du lâcher de 2006, demeure le seul spécimen susceptible d’apporter de la diversité génétique.

Voici quelques extraits du rapport

Les indices de présence

Sur l’ensemble des Pyrénées françaises, 712 indices de présence « confirmés » ont été enregistrés, toutes méthodes de suivi confondues, soit une augmentation de 4,7 % par rapport à 2011. 75 % de ces indices proviennent des Pyrénées Centrales (PC). Les membres du ROB en ont recueilli 542. Les autres viennent d’observations réalisées par les usagers de la montagne (bergers-éleveurs, naturalistes, promeneurs, chasseurs…).
Les indices les plus fréquents sont les poils (38,6 %) qu’ils soient récoltés spontanément (arbres sans appât, végétaux divers, clôtures pour animaux domestiques...), sur appâts térébenthine ou sur stations de suivi. Les prédations (19,4 %), les photo-vidéos (17,3 %) et les pistes-empreintes (15,3 %) apportent aussi une part non négligeable d’information (graphe n°1). On constate toutefois que les poils trouvés sur appâts térébenthine et les photo-vidéos sont en augmentation régulière au fil des années.

Bilan du suivi opportuniste (dommages, témoignages)

Les 300 indices validés grâce à cette méthode contribuent essentiellement à compléter la connaissance de l’aire de répartition dans les zones peu fréquentées par l’espèce. Il est à noter l’augmentation régulière du nombre d’indices d’ours récoltés par les experts sur les lieux de dégâts qui est liée principalement à leur expérience acquise au fil des années.

Bilan du suivi systématique

Sur les 870 sorties journalières prévues pour la visite d’itinéraires et de stations de suivi, 756 journées ont pu être réalisées, soit 87 %.
La proportion des itinéraires positifs (au moins un indice trouvé dans l’année) est proche de celle de 2011 (27 %) alors que celle des stations de suivi augmente légèrement (10 %). Cela s’explique essentiellement par la diminution de leur nombre (18 stations en 2012 contre 90 en 2011) et par leur recentrage sur les zones de femelles suitées. En revanche, la proportion des sorties positives (graphe n° 2), par rapport au nombre de sorties réalisées, montre un net avantage des itinéraires (11 %) sur les stations de suivi (1,9 %).
La visite des 36 caméras automatiques a nécessité 291 sorties pour un cumul de 6 877 nuits-pièges. Plus de 22 % des sorties se sont avérées positives (graphe n° 2), soit environ 1 photo/vidéo pour 54 nuits pièges.

Comparaison entre suivi systématique et suivi opportuniste sur le plan qualitatif

La méthode opportuniste se montre de loin la plus pertinente pour renseigner l’aire de présence de l’ours car l’aire d’étude est élargie à toute l’aire de présence potentielle et à tous les observateurs potentiels fréquentant cette zone.
En 2012, les méthodes opportuniste et systématique montrent des résultats comparables quant à leur capacité de détecter génétiquement 11 individus différents. Elles se montrent aussi très complémentaires au vu des 4 individus exclusivement génotypés par chacune d’entre elles (graphe n° 4). En intégrant les individualisations réalisées grâce à d’autres méthodes, notamment la photo automatique, le systématique a permis de détecter 15 individus, soit 4 de plus que l’opportuniste.
En ce qui concerne le suivi systématique, les itinéraires se montrent depuis 4 ans, bien plus efficaces que les stations de suivi et dans une moindre mesure que le suivi systématique autre. Les stations de suivi ne seront donc pas reconduites en 2013.

Bilan de la prédation

Les dommages au cheptel domestique permettent d’une part de préciser l’aire de répartition de la population d’ours, d’autre part de collecter de nombreux échantillons biologiques exploitables par la génétique.
Sur l’ensemble du versant français, le nombre de prédations sur animaux domestiques où la responsabilité de l’ours ne peut être écartée, est estimé à 135 attaques, pour 272 animaux tués ou blessés et 3 attaques sur les ruchers pour 4 ruches détruites.

Bilan de la prédation sur les Pyrénées françaises en 2012 (ours non écarté).
Bilan de la prédation sur les Pyrénées françaises en 2012 (ours non écarté).

En 2012, si les attaques sur ruchers ont quasiment disparu, le nombre d’attaques sur les ovins a, quant à lui, augmenté. Les dommages ont eu lieu principalement sur le département de l’Ariège et dans une moindre mesure dans les Hautes-Pyrénées. Cinq estives sont particulièrement concernées, quatre dans le Couserans en Ariège, et une en Bigorre dans les Hautes-Pyrénées.

 
Evolution annuelle du nombre de prédations d’ours sur cheptel domestique et sur ruchers dans les Pyrénées françaises depuis 1996.
Evolution annuelle du nombre de prédations d’ours sur cheptel domestique et sur ruchers dans les Pyrénées françaises depuis 1996.
Les principaux pics de prédations remarqués correspondent essentiellement à des comportements individuels (Néré, Boutxy et Kouki en 2000, Papillon en 2004, Francka 2006/2007). En 2012, si un seul ours est concerné en Bigorre, il n’en est pas de même dans le Couserans où au moins quatre ours différents sont impliqués dans les prédations sur une même estive.
Les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales n’ont eu aucun dommage, ce qui confirme nos observations sur le regroupement de l’essentiel de la population d’ours dans les Pyrénées centrales (entre la rive droite de la Garonne et le Couserans).

Données provenant d’Espagne, d’Andorre

Sur le versant espagnol, le suivi indirect est globalement réalisé selon les mêmes protocoles de relevés d’indices (suivi systématique avec itinéraires équipés d’appâts térébenthine, caméras automatiques et suivi opportuniste) et les mêmes techniques d’analyse des données (analyses génétiques et photographiques…) qu’en France ce qui permet de croiser nos différents résultats.
En Catalogne, au sein de l’aire de répartition qui est continue, 3 zones de présence particulières se distinguent : Val d’Aran, Alt Aneu, Alt Cardos (Lladorre). En 2012, des génotypages ont été pratiqués sur 54 échantillons de poils ou crottes par l’Université de Barcelone. Treize ours différents ont pu ainsi être identifiés. Les résultats ont, entre autres, permis de mettre en évidence un nouvel individu « Boavi », dont on estime rétrospectivement la naissance en 2010. Dans le même secteur, un génotype prénommé « Selves 2012 », issu d’un seul échantillon, ne peut pas être confirmé cette année au vu d’un manque de concordance avec l’ensemble des données génétiques de la population.
En Aragon, on distingue 2 zones bien distinctes, la Ribagorza et les vallées d’Aisa à Anso. Cette dernière se prolonge sur la Navarre toute proche, en vallée de Roncal. L’Aragon a adressé 3 échantillons au LECA de Grenoble, par notre intermédiaire, sur les 12 collectés qui ont permis l’identification de Néré. A noter qu’en Aragon, 3 individus différents ont été détectés en 2012 : Néré, Sarousse et 1 individu distinct mais non identifié près de la limite avec le Val d’Aran.
A la demande de nos homologues espagnols, les nouveaux génotypes d’ours détectés en cette année 2012 ont été « baptisés » par leurs soins. C’est le cas de « Boavi », « Alos » et « Isil » repris ci-après. L’ourson de Bambou sera « baptisé » après que la génétique ait confirmé le sexe.

Analyse des résultats du suivi de la population

Aire de répartition des indices de présence recueillis

L’aire de répartition annuelle de l’espèce a longtemps été calculée à partir de la présence d’au moins 1 indice validé par sous-massifs. Les collègues espagnols n’utilisent pas ce découpage ce qui contraint d’élaborer la cartographie à l’aide d’une méthode européenne standard qui utilise des mailles de 10 km de côté. Chaque maille contenant un indice confirmé est comptabilisée dans l’aire de répartition.
En 2012, la présence de l’ours brun sur le massif pyrénéen concerne :

  • 4 départements français : Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Ariège,
  • 3 provinces espagnoles : la Navarre, l’Aragon et la Catalogne.

L’aire totale de présence de l’ours dans les Pyrénées est de l’ordre de 3 800 km2. Deux zones se distinguent, l’une sur la partie centrale, l’autre sur la partie occidentale, séparées d’une cinquantaine de kilomètres environ par les hauts massifs du Pic du Midi de Bigorre et du Néouvielle.
Dans les Pyrénées occidentales françaises
L’aire de présence reste stable par rapport à celle de 2011. L’ours brun s’est manifesté de la Vallée d’Aspe, à l’Ouest, à la rive droite du gave de Gavarnie sur la commune de Luz-Saint-Sauveur (65), à l’Est, soit une superficie estimée à 1 000 km2. Le noyau occidental comprend également le versant espagnol (Aragon, Navarre) ce qui porte la superficie totale à 1 700 km2.
Dans les Pyrénées centrales françaises
L’ours brun est présent sur 700 km2, de la rive droite de la Garonne jusqu’à la vallée du Salat, commune de Couflens (09). Depuis le retour de Balou et Moonboots dans la partie centrale en 2011, aucun indice ne fut découvert dans la partie orientale. Ce noyau s’étend également sur le versant espagnol (Catalogne, Aragon) pour une superficie totale de 2 100 km2.

Evaluation de la taille et de la composition de la population

Typages génétiques du matériel biologique recueilli en France

Grâce à la collaboration étroite des laboratoires français (LECA de Grenoble) et espagnol (Univ. de Barcelone), la génétique est le principal outil qui contribue à déterminer l’effectif minimum de la population d’ours sur la chaîne pyrénéenne. En 2012, pour le côté français, le LECA a analysé 224 échantillons, prélevés par le ROB (dont 3 d’Aragon). Parmi ceux-ci, 209 se sont avérés exploitables et 153 ont permis de distinguer 15 génotypes différents. La synthèse pyrénéenne (avec les espagnols) permet d’identifier 20 génotypes fiables, plus 2 à confirmer (sexe de l’ourson de Bambou, génotype du deuxième ourson de Caramelles).

  • En Pyrénées occidentales, le génotypage a permis d’identifier 2 ours, mâles.
  • En Pyrénées centrales, le génotypage a permis d’identifier 18 ours.
Synthèse des typages génétiques des individus retenus sur les échantillons récoltés en 2012.
Synthèse des typages génétiques des individus retenus sur les échantillons récoltés en 2012.

Analyse des photos et vidéos automatiques

Cette méthode, en cours d’expérimentation, consiste à obtenir des photographies d’ours en position de profil standard et à utiliser des mesures morphométriques. En analysant 22 séries de photos réalisées par 4 appareils photo Reconyx HC600, 10 individus dont les 2 oursons de Caramelles ont pu être identifiés à l’aide de classification réalisée avec le logiciel R. Les résultats préliminaires de cette analyse montrent des différences notables entre les individus, ce qui en fait une technique utilisable dans l’avenir.

Moyenne des mesures, en mètre, des ours différenciés

14 spécimens ont pu être différenciés dans les Pyrénées françaises avec les 123 séries de photos et/ou vidéos réalisées. De même, si l’on intègre les résultats de nos homologues espagnols, le nombreminimum ainsi détecté par la photo automatique est porté à 18 ours sur l’ensemble des Pyrénées.

Bilan démographique

Effectif minimal détecté

Les résultats obtenus avec les différentes méthodes permettent une estimation des effectifs minimums détectés et des paramètres démographiques. En 2012, sur l’ensemble des Pyrénées, l’effectif minimum est de 22 ours : 20 en Pyrénées Centrales, 2 en Pyrénées Occidentales.

Evolution des effectifs minimums d’ours détectés dans les Pyrénées depuis 1995
Evolution des effectifs minimums d’ours détectés dans les Pyrénées depuis 1995

 Structure de la population d’ours détecté en 2012

Nous pouvons constater que le sex-ratio, calculé sur 19 individus (86 % des effectifs détectés en 2012 et dont le sexe est connu) est de 11 femelles pour 8 mâles. Chez les adultes, il est de 5 femelles pour 6 mâles. Chez les subadultes, on compte 5 femelles pour 2 mâles. Le sexage des oursons nécessite des typages génétiques complémentaires. Pour l’instant, il se limite à l’identification de 1 seule femelle sur les 3 trois oursons nés en 2012.

Classes d’âge et de sexe des individus détectés en 2012
Classes d’âge et de sexe des individus détectés en 2012
La structure de population issue de l’analyse des classes d’âge et de sexe ne semble pas atypique par rapport à celles d’autres populations d’ours brun connues.

Reproduction

Deux portées de jeunes de l’année ont été détectées en 2012 :

  • Une ourse (Bambou), suitée d’un jeune de l’année a été détectée à plusieurs reprises au cours de l’année sur le Val d’Aran et Melles.
  • Une deuxième ourse (Caramelles), suitée de 2 jeunes de l’année, a été détectée sur les communes de Couflens et Alt Aneu.

Mortalité, survie des jeunes

Aucune dépouille n’a été découverte cette année.
Toutefois, il est à noter la non-détection de 3 ours : Pollen, Floreta et Soulane (1 des 3 oursons de Hvala née en 2011).

Disparition de Soulane ?

Concernant Soulane, son absence semble être validée par une observation visuelle (mai 2012, Val d’Aran) qui met en évidence une portée de 2 jeunes seulement et d’un individu adulte à proximité (Hvala probable). Pour résumer, compte tenu des difficultés de détection de certains ours, l’éventuelle disparition des individus cités ci-dessus ne pourra être confirmée de façon fiable qu’à la suite des résultats de la campagne 2013.
Par contre, l’absence de donnée sur les ours Boutxy, Ziva et Aspe Ouest depuis plusieurs années nous permet de valider leur disparition définitive.

Comportements individuels

Néré : Ce grand mâle a été repéré une douzaine de fois (typage génétique, empreintes de pattes sur les vallées d’Aspe, Ossau, Anso et Aisa. La première localisation le situe sur Laruns en mars.
A partir d’avril on identifie plusieurs allers-retours entre Ossau et Isaba, où il séjourne longuement (mi-juillet à mi-septembre). La dernière donnée le localise en novembre sur Etsaut (64). Un typage possible de cet ours permet d’identifier le corridor de transit entre les 2 versants, au col d’Aygues Tortes (Borce 64).
Cannellito : Nous disposons de sept localisations fiables (génétique, photo-auto), sur Luz-St-Sauveur, Estaing et Cauterets (65). Au fil de l’année il a évolué, sur Cauterets au printemps, avec un passage sur Estaing en juin, puis sur Luz-St-Sauveur (65) tout au long de l’été, ce jusqu’au 24 août, dernière détection de l’animal.
Pyros : Agé d’environ 24 ans, ce grand mâle dominant a été détecté de nombreuses fois, (photos-vidéos, génétique) entre les communes de Fos (31) et Couflens (09) versant français d’une part et Canéjan/Alt Aneu/Lladorre versant espagnol d’autre part où il a notamment été photographié pendant 4 jours sur une carcasse de cheval, puis avec Caramellita en période de rut (04/07). Les analyses génétiques nous permettent aussi de le situer comme père potentiel des 3 oursons nés en 2012.
Caramelles, oursons Alos et Isil : Cette femelle, âgée de 15 ans, s’est reproduite au moins 6 fois (2001, 2002, 2004, 2006, 2010, 2012). Quatre des cinq oursons des 3 premières portées sont apparemment morts. Par la suite le taux de survie des portées suivantes s’est montré plus favorable. En 2012, cette famille, repérée sur Couflens (09) et Alos d’Isil (Cat), présente un caractère particulier puisque les 2 jeunes se montrent de gabarits très différents.
Caramellita : Elle est la femelle adulte la plus à l’est de la chaîne des Pyrénées et selon les observations de nos collègues catalans on constate qu’elle n’est plus seule sur le Alt Cardos. Elle a reçu la visite de Pyros au mois de juillet et très probablement de Balou, lequel fut photographié deux mois avant sur le même site.
La photo automatique et la génétique ont permis de confirmer rétrospectivement des témoignages de reproduction classés probables en 2010. Sa discrétion n’aurait pas facilité son repérage alors qu’elle était suitée d’un ou deux oursons.
Hvala : Cette ourse lâchée en 2006 s’est reproduite 3 fois (2007-2009-2011). Elle s’est montrée moins discrète qu’en 2011 lorsqu’elle était accompagnée de ses jeunes. Elle fut repérée 56 fois, principalement sur la partie française des Pyrénées centrales (Melles, St-Lary, Sentein). La dernière photographie, datée du 1er novembre 2012, nous permet de constater son embonpoint avant l’entrée en tanière.
Balou : Depuis juin 2011, cet ours s’est sédentarisé dans les Pyrénées Centrales, entre les
communes de Fos (31) et Bonac Irazein (09) versant français d’une part et Canéjan/Lladorre versant Espagnol où il partage désormais son territoire avec les 3 autres mâles adultes. Il aura
été détecté 52 fois, dont 11, grâce à la photographie automatique. Il fut repéré le 10 mai sur la zone de Caramellita et le 13 mai non loin de là à Lladorre, sur une carcasse de bovin.
Moonboots : Ce fils de Caramellita et Pyros, probablement âgé de 6-7 ans, a été détecté cette année dès le début avril 2012 sur Les/Canejan (Val d’Aran), sur Melles (31) et au cours de l’été sur Bonac Irazein (09). Il couvre un grand territoire qu’il partage régulièrement avec Balou et Bonabé, mais moins souvent avec Pyros.
Bambou et ourson : Cette femelle née en 2007 a mis bas pour la deuxième fois cette année. Très discrète, elle ne semble pas avoir emprunté les grands axes habituels où se situent notamment itinéraires et appareils de photos automatiques.
Elle a donc été repérée de façon sporadique grâce à des poils, crottes et empreintes, dans le Val d’Aran et sur Melles (31).
Bonabé : Ce mâle adulte a seulement été détecté versant français, entre Melles (31) et Couflens (09), où il partage son territoire avec Balou et Moonboots principalement. Cette photo prise en période de mue le montre sous un jour particulier.
Nheu : Soeur de Noisette et fille de Hvala et Pyros, née en 2009, cette jeune ourse demeure discrète et l'on ne la localise, côté français, que sur la Vallée de Sentein en Ariège. Cette photo est une des deux photos probables de cet animal en 2012 au vu des échantillons relevés dans le même secteur à la même période.
Noisette : Soeur de Nheu, cette jeune ourse affectionne plus particulièrement le Val d’Aran.
Il est probable qu’elle soit le subadulte fréquemment observé en juin et juillet sur la vallée du Varrados (commune de Viella, Val d’Aran). Cet ours s’alimentait, entre autres, de fleurs et feuilles d’une grande ombellifère (Angelica razulii).
Callisto et Pépite : Ces 2 oursons (d’une portée de 3) de Hvala, nés en 2011, ont été à nouveau repérés en 2012. Ils occupent toujours le massif qu’ils fréquentaient avec leur mère l’année passée même si Pépite (le mâle) prospecte un territoire bien plus grand que sa soeur. Quant à Soulane, la troisième de la portée, rien ne permet de confirmer sa présence.
Boavi : Cet ours, non encore sexé, vient d’être détecté en 2012 sur le versant espagnol et baptisé par nos collègues catalans. Il occupe la zone la plus à l’est de l’aire de présence. Son gabarit estimé d’après la photographie automatique indique qu’il pourrait s’agir de l’ourson de Caramellita, identifié par un témoignage classé probable en 2010 sur la même zone.
Fadeta/Floreta : Parmi les 2 jeunes de Bambou nées en 2010, Fadeta est la seule repérée de façon certaine par la génétique en 2012. Le 16/08/2012, les marques claires visibles sur les deux côtés du cou sont également retrouvées sur une photo de 2011 d’un des deux jeunes de Bambou. Cela nous permet de reconnaître une de ces deux femelles accompagnée ici par un mâle.
Pelut et Plume : Ces deux subadultes mâle et femelle, nés en 2010, jeunes de Caramelles et Pyros, stationnent toujours sur le domaine de vie de leur mère. Ils ont principalement été détectés versant catalan sur le Pallars Sobira grâce à la génétique et la photo automatique. Le premier a été photographié 4 jours après le départ de Pyros sur une carcasse de cheval, de façon intermittente pendant une dizaine de jours.
Sarousse : Cette femelle adulte est géographiquement isolée du reste de la population (25 km vers le sud, massif de Posets-Turbon) sur la zone d’Aragon qu’elle occupe régulièrement depuis 2010. Les photos ne la montrent toujours pas suitée. Aucune information fiable n’indique une quelconque cohabitation avec un autre individu.

Observations directes

  1. Le 19 avril 2012, vers 12 h sur la commune de St-Lary (09), des membres de l’Equipe Ours ont eu l’opportunité d’observer quelques minutes cet ours indéterminé à 300 mètres de distance.
  2. Le 14 août 2012, lors d’une randonnée au pied du Mont Valier (09), deux montagnards ont eu la chance de faire cette observation d’ours vers 07 h 30 du matin. A la vue des deux randonneurs, l’ours s’est aussitôt enfui au milieu des barres rocheuses.
  3. Le 2 décembre 2012 après les premières chutes de neige, sur la commune de Melles (31), un ours est observé par un chasseur à l’approche.

Opérations particulières

En Bigorre, l’année 2012 a été marquée par une succession de prédations (16 attaques) causées par un ours, probablement Cannellito, sur des troupeaux non gardés des estives de Luz-St-Sauveur et Gèdre. Le protocole de suivi de population a été renforcé sur la zone afin d’augmenter les probabilités de détection de l’animal et d’informer les éleveurs. A cet effet, des prospections supplémentaires ont été organisées et des appareils de photographie automatique, ainsi que de nouveaux itinéraires ont été installés. Des gardiens itinérants ont été dépêchés sur la montagne concernée de Bachebirou, en vain. Au final, deux campagnes d’effarouchement de 5 jours chacune ont été organisées sans avoir pu l’effaroucher. Aucune prédation n’a pu être attribuée postérieurement à la fin août-début septembre. Le dernier indice de présence d’ours n’a pu être daté de façon certaine après le 24 août.
En Haute-Garonne et Ariège, la photographie automatique confirmait la présence du collier GPS (panne du drop off) installé sur l’ours Balou en 2006. Une campagne de piégeage fut organisée, afin d’essayer de lui ôter cet équipement, sur les communes de Melles (31) et de St-Lary (09), du 23 avril au 10 mai. Le début de la période fut marqué par la présence temporaire d’au moins 2 individus sur la zone, dont Pyros et Balou, mais aucun n’a pu être capturé. On suppose que la forte mortalité subie par les cervidés en cours d’hiver 2011-2012 a procuré une importante source de protéines qui a concurrencé nos « maigres » appâts.

Conclusions

L’aire de répartition de l’ours brun dans les Pyrénées françaises marque une nette diminution depuis 2011, notamment du fait de la sédentarisation de l’ours Balou sur la zone centrale. En Pyrénées Occidentales, l’aire fréquentée est relativement stable par rapport à 2011. En outre, il est à noter que dans cette dernière, 2 individus occupent une superficie à peine inférieure (1 700 km2) à celle occupée en Pyrénées centrales par un noyau de population 10 fois plus important (2 100 km2).
Sur l’ensemble du massif, en 2012, l’effectif minimum détecté est estimé à 22 ours pour une aire de répartition estimée à 3 800 km2, dont 1 700 en France. La densité en ours sur la zone Haute-Garonne Est-Ariège Ouest-Val d’Aran-Pallars Sobira (2 100 km2), qui concentre la très grande majorité des effectifs, est proche de 1 ours pour 100 km2, ce qui est encore en deçà de celles habituellement remarquées ailleurs en Europe.
La natalité (oursons détectés entre 6 et 10 mois) mesurée en 2012 en Pyrénées centrales, est de 2 portées, respectivement de 1 et 2 oursons, et aucune mortalité n’a pu être décelée parmi ces jeunes.
Si l’on se base sur l’estimation annuelle des effectifs minimum détectés, le taux d’accroissement de la population n’a pas évolué depuis l’an dernier ce qui ne représente pas toutefois une tendance significative sur le long terme. Ce constat est notamment associé à la non-détection de 3 femelles relativement jeunes, Soulane (née en 2011), Floreta (2010) et Pollen (2007).
Outre le suivi routinier de population, les recherches de terrain de 2013 devront donc plus particulièrement s’orienter vers la détection de ces 3 spécimens afin de renseigner en détail le taux de survie de cette classe d’âge et ainsi réévaluer le taux d’accroissement de la population.
En 2013, le nombre de femelles susceptibles d’être suitées est estimé à 5 ou 6. A moyen terme, la présence de 3 mâles adultes sur les sites fréquentés par les femelles adultes et l’âge avancé de Pyros laissent supposer, l’intervention probable de nouveaux géniteurs mâles dont 2 sur 3 sont apparentés à Pyros. Si l’on examine les relations de parenté des principaux « prétendants », un mâle (Moonboots) est issu de 3 générations consanguines et un autre (Bonabé) de 2.
Un troisième ours non apparenté à ces derniers, Balou, demeure le seul spécimen susceptible d’apporter de la diversité génétique.
Concernant les méthodes et techniques de suivi de la population, l’analyse de leurs rendements respectifs nous conduit à poursuivre, de par leur très bonne complémentarité, les méthodes de suivi opportuniste et systématique. Du fait des résultats médiocres obtenus ces dernières années, les stations de suivi seront suspendues dès 2013. Quant aux itinéraires, certains d’entre eux seront aussi suspendus au vu de la diminution de l’aire de répartition et plus particulièrement sur la partie est des Pyrénées françaises.

Arbre généalogique de la population d’ours brun dans les Pyrénées, de 1996 à 2012
Arbre généalogique de la population d’ours brun dans les Pyrénées, de 1996 à 2012
  • Télécharger le rapport complet
  • Voir l'effectif de la population mis à jour à la suite de la sortie de ce rapport.

 Source et illustrations : ONCFS, ETO


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