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La Route; Cormac Mac carthy

Par Sylvielectures
La Route; Cormac Mac carthyJ'ai lu un beau livre fort et marquant.
Nous sommes nombreux à avoir fait le voyage.
Nous avons suivi pas à pas l'homme et le petit sur la route. Nous les avons regardés tenter de survivre coûte que coûte. Et devant tant de souffrances subies : le froid, la faim, la peur, l'angoisse, la terreur, l'effroi, le désespoir, la maladie du corps qui s'épuise, nous nous sommes demandés pourquoi ?
Pourquoi survivre quand on ne peut presque plus vivre? Quand le monde s'éteint et qu'il n'est plus qu'en sursis :
"« Il sortit dans la lumière grise et s’arrêta et il vit l’espace d’un bref instant l’absolue vérité du monde. L’implacable obscurité. Du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour le pleurer. »
Quelle force incroyable fait que cet homme a choisi de continuer à vivre pour sauver encore un peu de la vie de son enfant ?
La mère a choisi de mourir vite, elle voulait épargner le pire à son enfant en lui donnant la mort. Elle n'a pas voulu risquer de tomber entre les mains de hordes sauvages qui sont capables de capturer d'autres humains pour en faire leur pitance.
Dans ce monde dévasté et hanté par des cannibales, le père veut sauver son fils, l'amener vers le sud, le chaud et le faire vivre le plus longtemps possible. Alors ils marchent, ils se cachent, ils ont peur, mais l'espoir est là, maintenu.
L'enfant, né dans cet univers de cendre, ne connais rien du monde ancien. Il rêve et il espère. Il sait que son père et lui sont des gentils qui se sauvent des méchants, et ils veut en rencontrer d'autres, des enfants, surtout.
Le père maintient cet espoir, il n'a pas le cœur d'en faire autrement, alors il lui raconte une histoire :
« Il faut que tu portes le feu.
Je ne sais pas comment faire.
Si, tu sais.
Il existe pour de vrai ? Le feu ?
Oui, pour de vrai.
Où est-il ?
Je ne sais pas où il est.
Si, tu le sais. Il est au fond de toi. Il y a toujours été. Je le vois. »
Il attise doucement la flamme de son fils qui croit, qui pense un avenir possible. La sienne s'éteint peu à peu, mais ne cesse de couver celle du petit.
Ce texte sobre et percutant dans son dépouillement extrême nous plonge dans une pénombre grise et opaque.
« Quand il se réveillait dans les bois dans l’obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l’enfant qui dormait à son côté. Les nuits obscures au-delà de l’obscur et les jours chaque jour plus gris que celui d’avant. Comme l’assaut d’on ne sait quel glaucome froid assombrissant le monde sous sa taie. »
L'amour d'un père pour son fils et d'un fils pour son père fait reculer un peu l'obscurité totale, le désespoir cendreux qui mène à une fin redoutée et inexorable.
Le fils croit en son père et le père croit en son enfant.
C'est un ange, le petit : c'est lui qui a poussé le père à donner à manger à Elie. C'est le signe qu'il est bien vivant, peut-être sauvé, sans doute promis à un avenir...
Roman de l'apocalypse baigné de références bibliques dépouillées de tout artefact, ce livre nous touche au cœur et à l'âme . Il semble nous dire dans cette parabole sans teint : face à la mort, ayez le courage, la volonté et la force de regarder ce qui se cache derrière la terreur ou l'effroi, vous risquez d'y trouver l'essentiel.
Ce livre est un risque à courir.
Beaucoup de critiques très positives sur critiques libres
Fabrice Colin, sur Fluctuanet nous dit : "sous ses dehors désincarnés (un décor gris, deux personnages), La route est une histoire humaine et brûlante, de celles qui vous dévastent."
Hubert Artus sur Rue 89 écrit à la fin de sa critique :
" C'est le roman le plus dépouillé de McCarthy, un vrai roman car il est un espace-temps."
Pour Isah sur BilbiObs , l'écriture de Comarc Mac Carthyfait :" décoller le récit vers une parabole sur la malédiction de l'humanité."
On trouve un superbe article très fouillé et très complet d'Olivier Noël sur ActuSF qui propose à la fin un beau clin d'oeil: "À présent, oubliez tout ce que vous venez de lire, et dans le dénuement le plus complet arpentez La Route. Vous n’en reviendrez pas."
Pour Thierry Richard sur Chroniques du plaisir, c'est un
:"livre magnifique et puissant dans lequel on s’enfonce inexorablement et dont on ne ressort pas indemne."
Essel , Cathe, Boo, nous en parlent, il a plu aussi à Bellesahi,
Philippe écrit : "
l'on se demande à quoi il sert de vivre mais pas celui de savoir à quoi ça sert de lire ! tant le plaisir est immense.
Nymphalis a été marquée par cette lecture : "Des questions se posent à nous tout au long du roman. "C'est peut-être pour ça qu'il a marqué plusieurs de mes cauchemars pendant sa lecture, preuve de sa force pénétrante." et a trouvé une belle illustration pour son post :
La Route; Cormac Mac carthy
Site officiel : Cormac Mac Carthy Society

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LES COMMENTAIRES (1)

Par Riquet
posté le 14 septembre à 23:05
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Je viens d’arriver péniblement au bout de « La Route » de Cormac Mc Carthy. Je n’abandonne jamais la lecture d’un livre. En l’occurrence, c’est du masochisme.
Ce récit, peut-être chargé de symboles qui m’ont échappé, d’une errance dans un monde dévasté n’est qu’un « digest » indigeste à la sauce nord- américaine. C’est à la littérature ce que le fast-food est à la gastronomie. Cormac Mc Carthy a vomi un « American pie » littéraire, pour ne pas dire un Irish stew par respect pour l’Irlande, constitué d’un peu de « Paris Texas » de Wim Wenders, d’une cuillère à soupe de « Ravage » de Barjavel et d’une grosse louche de « La Machine à remonter le Temps» de H.G. Wells.
Son personnage, accompagné de son jeune fils, marche sans raison et sans but vers le sud dans la cendre au milieu de forêts calcinées, de campagnes dévastées et de villages abandonnés et pillés, se méfiant de toute rencontre humaine tout en poussant, parfois tirant, un caddie qu’il doit abandonner mais remplace aussitôt par un autre soigneusement choisi sur un parking d’un magasin en ruine. Ces deux caddies présentent, pour moi, le point essentiel du roman et l’intrigue majeur, à la quelle Mc Carthy ne donne pas de réponse. Comme Dieu est ...le caddie est ! En effet, quiconque a, au moins une fois dans sa vie, effectué ses courses au super marché du coin, en utilisant un caddie pouvant franchir sans couiner, sans se tortiller, sans coincer une des ses roulettes, sans perdre une partie de son chargement sur les cinquante mètres qui vont de la caisse enregistreuse au coffre de votre véhicule, celui-là comprendra que cela relève de l’indicible, en trouver successivement deux c’est le « Mythe », la source de la Bible de l’aventure humaine. En ce temps là est « le Caddie » et « le Caddie » fut... Cormac Mc Carthy a été couronné par le National Book Critic’s Circle Award sans doute sponsorisé par un fabricant de caddie. Si son œuvre est considérée aujourd’hui comme des plus marquantes de la littérature contemporaine (sic Nathalie Crom de !! Télérama !!) c’est inquiétant pour l’avenir politique et culturel de cette grande Nation, quoique ... ?

        Edgar Allan Poe, Stowe, London, Melville, Emerson, Twain, Eliot, Henry

James, Fitzgerald, Hemingway, Miller Arthur , Miller Henry, Irish, Steinbeck, Fante, Williams, Azimov, Bradbury, Cadwell, Faulkener, Miller, King, Connelly,sans oublier Cheney, Chandler, Chase ne vous retournez pas dans vos tombes les petits qui se glorifient en se juchant sur les épaules des grands finissent par tomber à terre et sont piétinés.

        Riquet

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