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Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce, de Lola Lafon

Publié le 01 mai 2013 par Onarretetout

noussommeslesoiseauxTrois filles, trois façons d’aller dans le monde, de résister, d’agir. Trois portraits qui prennent au cinéma et à la danse, qui frôlent, touchent la mort ou y plongent. Trois corps confrontés violemment à la société. Une seule a un prénom, on la croit morte au début du livre, morte de mort subite. Et c’est à elle qu’écrit tout le temps la narratrice. Va-t-elle, cette narratrice, aller suffisamment loin dans l’action ? Que va-t-elle faire de ses écrits ? Elle ne sort pas indemne de la rencontre avec la société (« De quoi veut-on nous remplir ? ») : violée, un jugement la culpabilise. Et la société impose ses règlements, ses notices (pour les médicaments, pour les aéroports, tous ces modes d’emplois !). D’où partira l’insurrection ? Peut-être des feuilles de cahiers où la troisième, « Petite Fille au Bout du Chemin », note ce qui donnera la direction de la traversée du réel. C’est un livre nourri de la révolte qui ne cesse de vouloir changer les situations quelles que soient les générations, les pays. La Roumanie bien sûr (où Lola Lafon a vécu son enfance), mais aussi les Etats-Unis (où a vécu Voltairine de Cleyre), la France. Le voyage se fait en train, à pied, en auto stop : « nos odyssées déglinguées ». L’époque est nommée : après « l’Election ». Pour autant, ce livre n’est pas limité à ce temps. La narratrice est (était) danseuse classique, ce qui implique des contraintes physiques fortes, des risques de blessures, des exigences quotidiennes. Mais aussi (et cette ambivalence est au cœur du récit) un souci de la perfection, une admiration pour certaines personnalités (Sylvie Guillem, William Forsythe), pour une discipline qui ne se limite pas à la force intérieure, et multiplie les cercles d’où part l’énergie. Et ces valeurs de la danse (« travailler en résistance ») sont partagées par les trois filles, ce qui me fait penser qu’elles sont trois visages d’une seule. Me reviennent les mots de James Baldwin que chantait Colette Magny : « La prochaine fois, le feu ». Mais les « Incendies » ne durent qu’un temps et il faut recommencer sans cesse à écrire ici et partout : « QU’EST-CE QU’ON FAIT LÀ ? », « QU’EST-CE QU’ON FAIT, LÀ ? »

Parce qu’à la question répétée dans le livre de savoir où commence le récit, où commence l’histoire, la réponse est : ça commence où l’on veut. Il suffit de le décider.


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