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L’écume des jours

Par Bathart

film-l-ecume-des-jours-196832.gifRéalisé par Michel Gondry
Écrit par Luc Bossi
Avec Romain Duris, Audrey Tautou, Omar Sy, Gad Elmaleh, Aissa Maïga, Charlotte Lebon, …
2h05

Résumé :

L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis se délite…

Avis :

Revenons quelques mois en arrière.
Il fait beau, il fait bon. Le soleil brille, les terrasses et la bière sont de sortie. Vous venez de terminer L’écume des jours de Boris Vian, et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour vous, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
C’est à ce moment là qu’on vous annonce qu’une nouvelle adaptation de ce classique de la littérature française est en route (la première adaptation, inintéressante, date de 1968) et que Michel Gondry en sera le metteur en scène.
Sur le coup, vu que vous êtes assez optimiste et relativement bavard, vous répondez d’un simple « Ok » car vous vous dites que, quand même, sur le papier, ça pourrait avoir de la gueule.

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Seulement voilà, très vite, vous commencez à déchanter lorsqu’arrive l’annonce tant attendue du casting du film. Soudain, en une fraction de seconde, votre monde s’écroule, et tous vos beaux espoirs partent en fumée.
Comment ont-ils réussi l’exploit de réunir à l’écran autant d’acteurs/actrices aussi éloignés des personnages qu’ils doivent interpréter ?
Alors que Colin et Chloé sont sensés représenter la beauté, la jeunesse, la naïveté, la douceur, voilà t’y pas qu’ils engagent Romain Duris et Audrey Tautou pour les interpréter, eux qui ne sont que rugosité et noirceur (et qui, soit dit en passant, ont tout de même une bonne quinzaine d’années de plus que leurs personnages !).
Nous n’accuserons personne par rapport à ce problème (Vincent Maraval l’a, en partie, déjà souligné il y a quelques temps), mais toujours est-il que nous nous retrouvons abattus après avoir connu l’euphorie de la mise en chantier du film.
Malheureusement, il n’y a pas grand chose à faire, si ce n’est attendre, encore et encore, en attendant que le film sorte et en espérant que Vian ne sera pas trop trahi une fois encore…

Le 24 avril 2013, le verdict tombe finalement, et il est dur, très dur : L’écume des jours est peut-être le nanar de cette année 2013.

Michel Gondry, en voulant s’approprier l’œuvre de Vian, en vient à surenchérir sur les effets poético-fantasmagoriques de l’écrivain, et nous montre ainsi un pot-pourri de toutes les atrocités techniques qui semble régir le cinéma moderne.
Utiliser le stop-motion, c’est très bien. Utiliser du carton-pâte, c’est très bien aussi. Mais un détail demeure primordial : il faut veiller à bien l’utiliser !
Gondry agit ici comme un pervers à la sortie des écoles et disant aux petites filles : « T’as vu, j’en ai une grosse ! »… Sauf qu’ici, bien évidemment, il s’adresse à nous, pauvre public, et que son gros engin n’est qu’une grosse palette technique, séduisante au premier coup d’œil, mais finalement bien vilaine et bien molle.

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De Vian, il reste finalement si peu de choses dans ce film.
On retrouve avec plaisir la présence de ce pianocktail mythique, celle de ce bon vieux Jean-Sol Partre, et même celle du réalisateur en vieux médecin quelque peu incompétent et lunaire, mais pour le reste, c’est du grand n’importe quoi.
Gondry, en éternel grand enfant qu’il est, veut, semble-t-il s’amuser avec l’œuvre de Vian, mais, au final, il la dénature totalement, créant des effets visuels inutiles et noyant sont films dans des délires plastico-cartonnés et stopmotionnisés (Pascal Baes, si tu nous lis !).
Pour preuve, son adaptation du biglemoi (pas évidente, je le conçois, mais qui ne méritais tout de même pas un tel désastre esthétique), cette sonnette qui crapahute sans arrêt, ou bien encore ses délires en patinoires ou dans la chambre d’hôtel.

Jamais, au fond, on ne retrouve la poésie et la finesse de Vian derrière les effets granguignolesques de Gondry.
Certains argueront alors le fait qu’une adaptation n’est pas censée être identique au roman, et que le cinéma est avant tout un art qui doit faire la part belle à l’auteur, au réalisateur.
Je suis d’accord, c’est un détail important, en effet, mais cela ne fait pas tout. La littérature demeure elle aussi un art, et il est d’une logique implacable que, dans de très grandes proportions, le lecteur sera déçu à la vision d’une adaptation cinématographique (ou télévisuelle, qu’importe) d’un roman qu’il a aimé, et surtout, qu’il a imaginé.

Car le problème est finalement bien là : lire, c’est rêver, imaginer, créer un univers unique grâce aux mots qui sont couchés sur une feuille de papier. Si on veut aller plus loin, lire un livre, c’est en un sens le réaliser, puisqu’on l’imagine en imagine, d’une façon ou d’autre.

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Pour introduire son roman, Vian utilisa une formule qui est fortement gravée dans les mémoires depuis : « L’histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre ».

Et bien, Cher Michel Gondry, permettez-moi de vous dire, malgré tout le respect que j’ai pour vous, que votre film est une atrocité par rapport à son modèle, et que mon adaptation est bien meilleure que la vôtre.
Comment ? Mon adaptation de L’écume des jours n’existe pas ? Pfff… Foutaises ! Bien sûr qu’elle existe, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre lorsque j’ai lu le livre !

1/5

Tony



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