S’il est une rue que j’aimerais ajouter au dédale des « Cent Tours de la Lanterne magique »... Elle suivrait la silhouette épaisse d’un ancien aviateur devenu chapelier, se faufilerait entre le seuil de son domicile rue du Minage, enfilerait la rue du Palais, la Place du marché et la Grosse Horloge... S’arrêterait entre les cafés de la Poste et de la Place d’Armes pour laisser résonner les potins...
Cette rue sombre est hantée par les personnages inquiétants du roman de Simenon, « les Fantômes du chapelier ». Cette fiction inspirée du long séjour du romancier dans la région évoque l’itinéraire d’un assassin tranquille, inattendu, qui remplit simplement un « programme défini d’avance » et qui élimine, les unes après les autres, selon une logique implacable, des vieilles dames réunies plus de quarante ans plus tôt sur une même photo de pensionnat...
Un tailleur, Kachoudas, son voisin, qui l’a vu exécuter son avant-dernière victime le suit en tremblant et n’ose pas le dénoncer. Un journaliste de « l’Echo des Charentes », particulièrement perspicace, pousse le meurtrier à fournir des explications par articles interposés. Peut-être a-t-il perçu la faille du chapelier qui ne parvient plus à réaliser, comme il l’a pourtant annoncé, son dernier meurtre...
La rue du Chapelier ou la voie d’un déraillement...