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[Critique] EVIL DEAD de Fede Alvarez

Par Celine_diane
[Critique] EVIL DEAD de Fede Alvarez
Il reste du film original de Sam Raimi, datant de 1981, une même bande de jeunes perdus dans les bois, et une terreur identiquement crasse, chipée aux productions de genre un peu underground de l’époque. Bien que l’action se situe désormais de nos jours, l’uruguayen Fede Alvarez (auteur du court métrage remarqué Panic Attack!) ne quittera jamais la maison pour un extérieur moderne. Ce qui l’intéresse est bien le huis clos gore, en tête à tête avec le démon. L’originalité de son remake s’impose en deux temps : d’abord, via un parallèle bien senti entre le sevrage d’une droguée et la lutte avec les forces démoniaques; ensuite, via son refus bienvenu du numérique qui injecte au film une dose d’horreur à l’ancienne particulièrement jouissive. On peut ainsi se plaire, d’un côté, à déceler dans les épreuves vécues par l’héroïne, le long chemin rédempteur d’une junkie vers une vie plus clean, de l’autre, à savourer des effets visuels réalistes qui nous plongent dès le départ dans le vif du sujet. Alvarez ne s’encombre d'ailleurs pas de détails, son désir est clair : remuer les tripes du plus blasé des blasés. En tout, ce sont 25 000 litres de faux sang utilisés par le réalisateur pour Evil dead version 2013. C’est dire à quel point cela saigne à tout va à l’écran ! L’histoire, elle, demeure la même que chez Raimi (ici producteur) : un livre de sorcellerie, un méchant monstre libéré, un survival en pleine forêt. Et l’essentiel est là : une sidérante (et enthousiasmante) volonté de jusqu’au-boutisme. 
L’un des points fort de cette nouvelle version est d’être parvenue parfaitement à jongler entre instantanés de terreur pure et éclairs de second degré. Le calvaire absolu vécu par David, Eric, Mia, Olivia et Natalie (dont les initiales forment le mot « démon») marche sur tous les plans parce que le cinéaste a su se maintenir à la bonne distance entre l’overdose d’effets et le manque de poigne. Il y a tout, à chaque plan : l’amour pour un genre, l’atmosphère malade, l’énergie de l’élève qui s’inspire du maître sans pour autant le copier bêtement. Ici, qui plus est, pas de symbolisme ou de seconde lecture outrancière qui voudraient justifier l’action en cours; Alvarez n’est là que pour la parenthèse d’effroi. Sans prétention aucune. Comme l’avait déjà fait la petite bombe raimiesque fin 80. Pour le coup, le résultat est violemment efficace, la satisfaction totale. Alvarez, sans trop de mal, vient alors s’imposer un cran au-dessus de tous les cinéastes « à remake », osant venir tâcher la pellicule d’un déluge gore, paroxystique lors du final, sans sombrer pour autant dans la provoc’ facile.
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