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La Montée des cendres de Pierre Patrolin

Par Jellybelly

La Montée des cendres de Pierre Patrolin
Quand j’ai entendu l’auteur, à la voix étonnante et caressante, dire à la radio qu’il était difficile de trouver du bois dans le centre de Paris, j’ai voulu lire son livre.

Ce roman, sans histoire, sans émotion, sans états d’âme, parle d'abord du feu : « de l’air chaud qui s’enflamme, comme de l’eau qui mouille » et des cendres : « une poudre de matière grise, lisse, ni froide ni brûlante, une farine de poussière douce, vraiment grise, blanche plutôt, un blanc sale, soyeux, inconsistant, sans corps, sans texture sous la paume. Sans fibre ni grain. Comme une eau sèche, une étoffe doucereuse mais dénuée de trame. Une poudre de tissu velouté, satiné, doux. Léger. Un corps réduit à sa douceur, concentré dans sa capacité à ne pas peser ».


On ne saura rien du narrateur, sinon qu’il travaille, vit seul et vient d’emménager dans un appartement ancien, avec parquet et une cheminée, à Paris. Il a allumé son premier feu avec un briquet rouge, oublié par les déménageurs, et ses cartons de déménagement. Nous achetons du pain tous les jours, lui cherchera du bois ou de quoi allumer son feu quotidien qui est devenu un besoin et une priorité absolue, au point de dormir souvent sur le canapé devant sa cheminée. Or trouver du bois dans une ville où « aujourd’hui on peut traverser tout Paris sans y croiser le moindre feu, sans apercevoir une flamme » demande de la patience, de l’imagination et de la persévérance. L’entreprise s’avère d’autant plus difficile car, en ce mois de décembre, il pleut tous les jours et le bois mouillé demande du temps à faire crépiter des flammes.


D’ailleurs rentrer dans le livre demande également du temps car au bout de 10 pages vous vous demandez comment vous allez tenir les 185 pages à suivre le narrateur qui glane du combustible.


Et c’est là que la littérature opère et vous embarque par surprise. Ce livre n’est que nuances, harmonie, silence, lumière, appréhendés par les mots de Pierre Patrolin.


Le chapitre où il reçoit des amis est magistral et souligne un point central de notre mode de vie. On est pris en otage par le court-terme : on veut que tout se passe vite, très vite et on veut que tout soit plein, tout plein.

Un livre singulier, surprenant et marquant. Lisez-le !
mjo


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