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Live Report Printemps de Bourges 2013

Publié le 06 mai 2013 par Bathart

printemps-de-bourges 2013Dans ce désert culturel qu’est la région Centre, le printemps de Bourges est le rendez vous annuel à ne pas manquer. Du 23 au 28 avril plus de 170 groupes se sont produits dans les multiples salles de la ville. La particularité réside d’ailleurs dans le fait que tous les concerts se déroulent en plein cœur de la capitale du Cher.
Ne nous y trompons pas, ce printemps de Bourges est un des festivals les plus mythiques en France, brillant de par son éclectisme et son ancienneté. De Serge Gainsbourg en passant par les Foals, the Cure ou encore les Worlds Appart, le festival en offre chaque année pour tous les publics et tous les goûts (même les plus merdiques).
En plus des concerts dans les différentes salles de la ville, des scènes gratuites sont insérées en centre-ville. Des scènes (SFR Jeunes Talents et Pression Live) qui ont le mérite de nous proposer une sacrée programmation cette année, mais on en parlera un peu plus tard.

Mardi 23 avril :

La première soirée fait la part belle à la jeunesse française. Six groupes issus des quatre coins du pays sont programmés au 22 d’Auron, petite salle divisée en deux scènes. Après avoir posé mes questions à La Femme et à Juveniles à l’auditorium, je me dirige donc vers cet espace confiné qu’est le 22. Et c’est Baden Baden qui ouvre le bal, avec rien de très marquant. Je ne suis pas un grand fan de ce groupe à la base, et le live n’y a rien changé. Granville lui succède et c’est tout de suite plus dansant. Le groupe caennais fait remuer le timide publique et remarque même un jeune homme à l’allure peu banale. Avec son nœud papillon vert fluo autour du coup, Damien (c’est son prénom, enchanté) est invité sur scène par la chanteuse et nous offre des pas de danse dignes d’un Sylvain Piaut des grands soirs (pardon patron). Grand moment comique.

Live Report Printemps de Bourges 2013

Aline

J’enchaîne ensuite par Aline, le groupe, pas la fille. Le chanteur a la dégaine du Renaud des 80′s avec sa veste en jean trop grande et son bandana rouge noué autour du cou. Les mecs dégagent un certain charisme et « Je bois et puis je danse » est assez mortel en live. Vient ensuite l’heure des deux Rennais de Juveniles (bon, en fait, ils sont quatre sur scène). Avec un album qui sort tout bientôt (le 10 juin exactement). JS et Thibaut nous livrent un set impeccable, avec des morceaux taillés pour la scène.

Puis c’est au tour de La Femme, que je vois pour la troisième fois en concert. Et c’est toujours la même chose. La Femme chauffe le public, qui chauffe La Femme en retour et tout ça part un peu en grand n’importe quoi. Fille facile. Ce côté extravagant fait vraiment la force de ce groupe. Cette chose qui fait qu’on est déçu et soulagé quand tout s’arrête. Des lumières zigzaguant sans but, un chanteur aux cheveux bleus qui enlève le t-shirt dès le deuxième morceau, une chanteuse à perruque. L’esprit de La Femme a un côté grisant, enivrant. L’énergie du groupe semble inépuisable malgré l’enchaînement des morceaux. La soirée se finit avec Concrete Knives et puis avec tous les groupes sur la scène et Papa Jean Louis Brossard en guest. L’homme providentiel.

Mercredi 24 avril :

Némir

Némir

Ce qui est moche avec les inouïs du printemps de Bourges (ex-découvertes), c’est que les concerts commencent à midi et demi. C’est donc très dur de s’y mettre lorsque la soirée d’avant termine à 2h. J’arrive vers 15h au 22 d’Auron, alors que Némir, petit (1m64 selon lui) rappeur perpignanais commence son show. Ce mec a mis la foule de jeunes lycéens présents en liesse. Une énergie débordante et cette manière d’interagir avec un public surchauffé qui ne demande qu’à sauter. Faire un concert de cette trempe à l’heure du goûter il fallait oser monsieur.

Sitôt cet intermède hip hop terminé, je décide d’aller manger mon kebab devant la scène SFR jeunes talents où se produisait Bengale. J’ai vomi, et ce n’était pas à cause du kebab, ni même des relents d’alcool, mais devant l’interprétation par le duo du old school « Je danse le mia« . Massacre, et à la tronçonneuse s’il vous plait. Après la conférence de presse de Patti Smith (merci l’accréditation bathart ah ah !) je passe un début de soirée plutôt décevant. J’assiste au matraquage sonore de Dj Kentaro et au live plus que moyen du crew parisien d’1995. C’est pendant que s’approche C2C de l’immense arène du W que je décide de retourner à ma petite salle du 22. Grand bien m’en a pris.
Après avoir assisté au show totalement barré et incontrôlé de Mein Sohn William, je file voir, sous les conseils du monsieur de radio Balistiq (une petite radio indé de Châteauroux, big up !) le duo toulousain Noir Cœur. Et putain que c’était bon. Sans doute un de mes plus gros coups de cœur de la semaine. J’y consacrerais bientôt un article accompagné d’une interview sur votre site préféré. Des mélodies mystiques et des chants tyranniques traversent ton corps. Tu es possédé par ce show que le programme du Printemps de Bourges rapproche d’Animal Collective. Une initiation visuelle et sonore parfaite, captivante. Il est deux heures du matin, la nuit est noire et je peux rentrer chez moi sereinement.

Jeudi 25 avril :

Roscoe

Roscoe

Après un périple en bus sans argent (j’ai bien cru que j’allais devoir faire du stop) je retourne traîner mes jambes endolories du côté du 22 d’Auron, toujours. Arrivé cette fois ci à midi trente j’assiste au concert des très énervés Hill Valley. C’est plaisant mais ce n’est pas ce que j’écouterai seul chez moi au contraire du concert d’après : les belges de Roscoe. Avec leur excellent premier album ils ont conquis la totalité du public avec une pop fragile, lointaine. C’est une invitation au voyage que nous propose Roscoe. La salle est envoûtée.
Après avoir vu OKAY MONDAY, un groupe de puceaux assez surprenant en fait, et la déception The Liminanas, je file, impatient de voir J.C. Satàn. Bon ok, les mecs auraient pu être de vraies stars dans les 70′s. C’est sur ce concert que j’ai vu les premiers véritables pogos se former. Le groupe bordelais a une énergie brut, une dynamique musicale explosive.
Je quitte alors le 22 pour aller voir mes premiers concerts sur la scène Pression Live, la fameuse scène Kronenbourg. C’est sur place que j’apprend, déçu, que O Children a annulé, à cause d’un problème de visa. Je décide de rejoindre le Palais d’Auron pour voir Electric Guest. Pas aidé par un public totalement apathique, le jeune groupe originaire de Los Angeles nous livre un set propre, trop propre peut être. Malgré la très belle voix d’Asa Taccone, le leader, le rendu est loin d’être original.

Live Report Printemps de Bourges 2013

Rich Aucoin

Enfin, en ce jeudi soir, j’avais très hâte d’assister à la soirée spéciale Montréal au 22 d’Auron. On débute par un tremblement de terre avec l’excellentissime Mac de Marco. Pitchfork dit de lui que sa musique navigue parfaitement entre l’ironie et la sincérité et c’est exactement la sensation qui s’en dégage sur scène. Il a un talent de dingue et il le sait, il en joue. Il se donne, est heureux d’être ici. Cette joie transpire. Il enflamme parfaitement le début de soirée.
À cet appel au rock succède Half Moon Run, dans un style totalement différent mais pas sans talent. Une subtile mélancolie berce les chansons du groupe folk canadien. Il se dégage quelque chose de charismatique chez eux. Leur manque de communication est d’ailleurs vraiment compensé par une musique sincère qui parle à leur place. C’est donc au 22 d’Auron qu’il fallait être ce soir.
Et ce n’est pas fini puisque le clou du spectacle nous est gardé pour la fin. C’est Rich Aucoin qui est chargé de clôturer cette superbe soirée. Son concert est fortement basé sur le visuel. Il s’introduit lui même avec des phrases en français qu’il projette sur le mur. Il nous clame la chance que nous avons d’être présent ici, ensemble. Que nous devrions profiter du moment. Puis il nous remercie d’être ici avec lui, nous demandant d’être géniaux. Alors qu’on entend la musique de Jurassic Park joué à l’harmonica, Rich Aucoin se charge lui même de descendre de la scène pour aller chercher et ramener les personnes restées au fond de la salle. La mise en scène est fabuleuse. C’est un monstre qui ne s’arrête jamais. Il joue avec son écran, y projette la vidéo de Nabila, remixe une vieille interview de Charlie Sheen bourré. Puis il nous balance des confettis par milliers et fini par recouvrir la salle d’un parachute, nous invitant à y danser, avec lui. On chante, on crie, on saute, on transpire. C’est la fin, il tape dans les mains de tout le monde puis s’en va. Je rentre chez moi envahit par l’émotion d’avoir vécu quelque chose d’assez surréaliste. L’entertainment n’était pas américain ce soir, mais canadien.

Vendredi 26 avril :

Alors que je venais de passer trois jours accompagné d’un soleil radieux, le vendredi sera marqué par des averses sans interruption. J’étais à Bourges de 12h à minuit et jamais je n’ai vu un rayon de soleil. Faisant abstraction du temps, je me rends au 22 pour voir des groupes qui m’étaient totalement inconnus. Si j’ai passé un bon moment devant la jeune bande toulousaine de Sing Sing My Darling et les portugais de Darko, j’ai en revanche été assez enthousiaste de voir FI/SHE/S. Ces parisiens au look totalement cool nous livre un ensemble homogène, aux forts accents psychés. Ils ont des titres très agréables en live comme Animals ou encore A Drive To The Psychos. Il se dégage de ces cinq garçons un sentiment super cool, super chill. Et puis c’est également le groupe qui aura réussi à nous pondre la cover (reprise, Ndlr) la plus chouette de Nightcall. Excusez du peu.

Phoebe Jean & The Air Force

Phoebe Jean & The Air Force

Peu après c’est une des têtes d’affiches de la scène gratuite de la semaine qui débarque sur le podium pression live : Phoebe Jean & The Air Force. Vêtue d’un immense drapeau américain en haut, d’un ultra large jogging noir, et des air force (forcément me direz-vous), Phoebe impressionne. Elle est partout, saute, cours, fait le poirier, mange une pomme (si, si). Remarquée aux Transmusicales cette année, cette américaine à tout pour plaire, et avec un public plus demandeur que celui qui était présent je suis sur que ça peut donner quelque chose de très très bon à voir. Bref j’ai assisté à 40 minutes de weird.
Ne sachant pas quoi faire avec ce temps merdique, je décide de me rendre sur la scène où jouent les Villagers. Ne m’attendant à rien, ce fut une belle suprise. Plein d’amour pour ces jeunes gens. C’en est limite trop parfait encore une fois, sans folie.
Arrive enfin Lou Doillon, le grand moment du festival. Les envolés lyriques, la folie, le charme, la douceur. Non, je déconne. Je suis resté cinq minutes puis j’me suis barré. En fait la seul chose que j’attendais ce soir là c’était Woodkid. J’ai adoré l’album et puis il paraît que son live est assez magique. Le palais d’Auron est bondé. Et je dois dire que je ne suis pas déçu. Le spectacle est monstrueux, le jeu de lumière est magistral. Entouré par ses musiciens, dos à la foule, il apparaît chef d’orchestre de cet immense spectacle qui transpire la minutie et les moyens pharaoniques. Sur Brooklyn, il verse une larme qu’on a envie d’imaginer sincère. Le reste du concert est un feu d’artifice de cuivre, de chants et de lumières. Woodkid nous apparaît comme un prophète, tout de noir vêtu, magnétique. Sa musique nous ramène à un univers quasi religieux, dans un silence de cathédrale, le jeu de lumière pointé vers le ciel. Il ne se repose de rien et donne vraiment tout, nous offre deux rappels (chose rare pour un festival où les sets sont hyper calés), une interaction constante avec la foule, et beaucoup d’humour. On aimerait que ce mec soit notre pote. On en ressort conquis par ce grand monsieur.

Samedi 27 avril :

FAUVE

FAUVE

Le samedi du printemps de Bourges c’est un jour un peu sacré : celui de la Rock’n'beat Party, soirée electro étalée entre 20 heures et 5 heures du matin.
Mais avant cela il me restait quelques groupes que je voulais voir. Le premier d’entre eux c’est FAUVE. Le mystère autour de ce groupe m’interroge un peu. Pourquoi si peu de morceaux ? si peu de photos ? si peu d’interviews ?
Tout compte fait, à part leur toute petite dizaine de chansons, je ne connaissais rien d’eux avant de les voir en vrai ce samedi. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils étaient attendus. Une demi heure avant le début du concert la salle était déjà bondée, alors qu’un autre concert se déroulait de l’autre côté du 22. J’avais pris mes précautions et m’était installé bien avant au premier rang histoire de pouvoir tout voir (ben ouais j’suis pas un basketteur). Il est 15 heures et FAUVE entre en scène. Ils sont donc cinq. Cinq garçons à l’allure tellement banale. L’ambiance est sombre. Aucune lumière, mais seulement le film de leurs clips projetés sur de grands draps blancs descendus du plafond. FAUVE jouera donc dans l’obscurité pendant un petit peu plus de 30 minutes. Au départ on sent un chanteur stressé, sous pression. Puis, plus le concert avance et plus on se rend compte que ce n’est pas la pression, et encore moins du stress. Simplement, il vit sa musique et crache ses mots. Les maux d’une génération. Il apparaît seul, livré à lui même, écorché vif. Nous sommes hypnotisés par un chanteur dont l’allure et la gestuelle nous rappellent dangereusement un certain Ian Curtis, l’épilepsie en moins. Ce genre de mouvements saccadés, des traversés de gauche à droite de la scène en regardant ses pieds. On découvre et redécouvre tous les titres du groupe : dans le désordre, Kané, Sainte Anne, Blizzard, Haut les coeurs, Cock Music et Nuits Fauves.
Blizzard reste le moment marquant du concert, les mots tabassent : « On est tellement nombreux à être un peu bancal, bizarre. Nique sa mère le blizzard.« 
Ils partent. Après 10 minutes d’applaudissements fournis, et voyant l’équipe du festival commençant à démonter la scène, le public quitte la scène, avec le sentiment d’avoir assisté à quelque chose de grand. On apprendra le lendemain que FAUVE remporte le prix des inouïs, récompensant le meilleur concert de la semaine au 22 d’Auron.
Il est maintenant 16 heures et deux groupes que je voulais absolument voir vont grimper sur la scène gratuite Pression Live.

Sizarr

Sizarr

Le premier groupe est belge et fait beaucoup parler de lui ces derniers temps : BRNS. Un batteur-chanteur c’est toujours surprenant au départ. Puis on s’aperçoit vite que le groupe ne fait rien comme tout le monde. Tout fonctionne, ils sont rodés et ça se sent. Un concert nickel pour un public plus intéressé par le stand des chichis juste à côté. C’est dommage.
C’est dommage et c’est un peu la même chose pour ce qui est surement le groupe que j’attendais le plus cette semaine, Sizarr. Le trio Allemand est un des révélations de 2013 et j’avais vraiment hâte de les voir. À première vue, grosse dégaine de hipsters. Un français un peu approximatif, mais qui fait toujours plaisir. Ils produisent le meilleur concert des scènes gratuites que j’aurais vu cette semaine. Un conseil, procurez vous l’album (le 20 mai normalement, mais il y est déjà dispo sur des sites pas très légaux).

Il est 21h et la Rock’n'beat a déjà commencé. J’arrive au moment où Aufgang monte sur la scène du Palais d’Auron. Ce n’est pas tellement mon style alors je ne m’attarde pas. The Vaccines envahit au même moment le W. Malgré l’immense foule je ne suis pas vraiment conquis. Je décide d’aller boire pour me réchauffer et pour enfin accepter toute cette musique. Rien n’y fait.
Même Breakbot n’y arrive pas. Son show est sans coeur. Il y avait des milliers de personnes devant lui et il nous balance un set qui est limite risible. Dommage.

Finalement la seule satisfaction de cette soirée viendra pour moi de Skip & Die. À une heure déjà bien avancée de la nuit, la chanteuse Sud Africaine Catarina Pirata, sous ses faux airs de Gwen Stefani, nous donne de sa personne. Des instruments originaux, des sauts dans la foule, du dynamisme, du cœur  de l’originalité. En gros tout ce qu’il manquait aux autres ce soir. Un mélange entre musique electro, hip hop et musique du monde. Un esthétique parfait, de la violence authentique.Ça ne ressemble à rien mais c’est hyper cool. Rone ne surprend personne et il est vite trois heures du matin. La fatigue et la lassitude me poussent à rentrer. Ma seule déception reste de ne pas avoir vu A-Trak, programmé à quatre heures du matin. Mais ce n’est rien à côté de l’ennui que m’a amené cette soirée.
Je ne me rendrais pas à Bourges le lendemain, où seuls Disiz et la Sexion d’Assaut étaient au programme.

Le bilan :

Malgré cette dernière soirée ratée, beaucoup de positif pour cette édition du printemps de Bourges. Des confirmations et des révélations. Et plutôt qu’un long discours je vous ai préparé une playlist de tout ce que j’ai trouvé cool pendant cette semaine.
Voilà, bisous les amis. Et, à bientôt.

La Femme – Nous étions deux
Juveniles – Fantasy
Némir – Wake Up (avec Alpha Wann)
Noir Coeur – Avalanche
Roscoe – Lowlands
Mac de Marco – My Kind of Woman
Half Moon Run – Call Me in the Afternoon
Rich Aucoin – It
FI/SHE/S – Nightcall
Phoebe Jean & The Air Force – Day Is Gone
Villagers – Nothing Arrived
Woodkid – Where I Live
FAUVE – Blizzard
BRNS – Here Dead He Lies
Sizarr – Mulo

Simon Pereira



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