Photographies du dessus : Roses sauvages avec à gauche une fleur de rosier de France (Rosa gallica) et à droite une de rosier des champs (Rosa arvensis).
Photographie de gauche : Rosier des champs (Rosa arvensis).
Au mois de mai de nombreuses fleurs sauvages du mois précédent disparaissent petit à petit pour laisser la place à d’autres.
On rencontre encore des parterres de jacinthes.
Les bourgeons offrent des tableaux aux tons verts clairs aux bouts des branches de certains arbres comme les pins sylvestres.
Les pensées sauvages, dont le nom est évocateur, sont particulièrement jolies.
Les fleurs jaunes de l’orpin âcre (poivre de muraille) et les rouges du centranthe colorent les murs des vieilles bâtisses.
Photographie de droite : Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis). Une des nombreuses variétés d'orchidées françaises.
Quelques variétés d'orchidées fleurissent. Le meilleur mois pour apprécier cette plante est généralement juin où le plus grand nombre de variétés sont en fleurs. On compte plus de 150 variétés d'orchidées terrestres sauvages en France. Elles sont beaucoup plus discrètes que leurs cousines d'Outre-mer et ne fleurissent que quelques semaines.
Les rayons caressent les troncs lisses des hêtres de leurs feuilles frémissantes, dessinées par le vent, telle l’onde sur une eau cristalline. Des chemins ocres parcourent herbes et feuillages inondés de soleil dans le ciel chaud et azuré.
Photographie de gauche : Compagnon blanc (Silene latifolia).
Durant ce mois on confectionne quelques bouquets, de coquelicots par exemple mélangés avec d'autres fleurs sauvages. Les coquelicots doivent être cueillis quand les fleurs sont encore enfermées dans leur capsule verte. Elles éclosent dans le vase.
L’aspérule odorante, mise à sécher (les parties hors sol), parfume délicatement le linge et chasse les mites. On en fait des guirlandes, ou des pots parfumés en la mélangeant à d'autres plantes comme des fleurs de reine-des-prés.
L'aubépine à une senteur toute féminine. D’avril à mai, les bouquets de fleurs du viorne mancienne offrent leur odeur particulière, une des odeurs du printemps parmi d'autres.
Photographie de droite : Aubépine (Crataegus monogyna).
Photographie du gauche : Géranium sanguin (Geranium sanguineum).
Les plantes médicinales sont légion à cette période. Je vais me contenter ici de donner le nom de quelques-unes. Pour ceux que cela intéresse, il existe de nombreux livres énumérant leurs propriétés (attention elle ne doivent être utilisées que sous certaines conditions : usage externe, partie spécifique, etc.). Quant aux moyens de les utiliser (infusion, décoction, teinture mère …) je les explique dans d’autres mois. Alchémille commune (Alchemilla), alliaire officinale, ansérine (Potentilla Anserina L.), aspérule odorante, aubépine, benoîte (Geum urbanum), bleuet (Centaurea Cyanus L.), bouleau (Betula alba L.), bugle rampante (Ajuga reptans L.), églantier, ficaire, fraisier, genêt à balai, gratteron, houblon, lamier blanc, lamier jaune (Lamium galeobdolon L.), lierre grimpant, marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum L.), matricaire, pâquerette, pensée sauvage, pin sylvestre, plantains, prêle des champs (Equisetum arvense L.), quintefeuille, ronce, sénéçon, sureau noir (Sambucus nigra L.), sureau rouge (Sambucus racemosa L.), trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata L.), troène, tussilage, valériane, véronique officinale (Veronica officinalis L.), vulnéraire (Anthyllis Vulneraria L.) etc.
Photographie du dessous : Stellaire holostée (Stellaria holostea).
Shakespeare, Le songe d’une nuit d’été, acte II, scène première :
« Je remarquai pourtant où le trait de Cupidon tomba : il tomba sur une petite fleur d’Occident, autrefois blanche comme le lait, aujourd’hui empourprée par sa blessure, que les jeunes filles appellent Pensée d’amour. Va me chercher cette fleur ; je t’en ai montré une fois la feuille. Son suc, étendu sur des paupières endormies, peut rendre une personne, femme ou homme, amoureuse folle de la première créature vivante qui lui apparaît. »
Photographie du dessus : « La Pensée - Romance - Musique de Penna. » in Le Luth Français. Almanach Lyrique, Dédié aux Dames. Paris, Louis Janet, 1822.
Photographies du dessous : « Rose d'Amour, Romance - Musique de Paër. » in Le Luth Français. Almanach Lyrique, Dédié aux Dames. Paris, Louis Janet, 1822.
Au mois de mai on prépare de nombreuses recettes avec des plantes sauvages. Celles-ci sont aussi médicinales, et on peut en ajouter aux mets en fonction de cette donnée. Beaucoup des plantes que l’on trouve dans la nature peuvent donc se consommer, crues ou cuites. Attention cependant à ne manger que celles dûment reconnues, car certaines sont toxiques. Il est à noter que je n'ai pas essayé les recettes où j'emploie le conditionnel.
Photographie de gauche : Alliaire officinale (Alliaria petiolata).
Pour les salades, par exemple ajouter des feuilles et fleurs d’alliaire officinale, des jeunes feuilles de plantain hachées (plantain lancéolé, grand plantain et plantain moyen), de pissenlit (et les capitules), des fleurs et feuilles de pâquerette, de violettes odorantes ou non, de bourse à pasteur, de lamiers, de trèfle, des fleurs de vesce des haies, de sureau noir, de pulmonaire, des jeunes feuilles de berce (ne pas s'exposer au soleil après en avoir consommées), des feuilles et fleurs de mauve, des jeunes pousses (ou des extrémités) de gaillet gratteron, et les autres plantes mentionnées au mois d'avril et qui fleurissent toujours. Une bonne vinaigrette à l’huile d’olive suffit. On peut ajouter d’autres ingrédients pour salades selon les goûts.
Photographie de droite : Pâquerette (Bellis perennis).
La racine de la bardane (Arctium Lappa L.) est bonne. Il s'agit d'un légume très utilisé autrefois mais aujourd'hui oublié. Pour éviter qu'elle soit ligneuse, il est nécessaire de la ramasser la première année de vie de la plante, avant que se développe la hampe florale, de l'automne au printemps. On la mange crue ou cuite à l'eau ou dans de l'huile. Les grosses côtes de feuilles encore jeunes de la bardane s’apprêteraient comme des asperges en mai.
Il est conseillé de tremper au moins une fois dans du vinaigre les plantes avant de les laver. Ne ramassez pas non plus les plantes qui poussent près de champs cultivés ou des routes goudronnées.
Pour se prévenir des vers intestinaux l'ail est très bien ; et il existe plusieurs plantes sauvages vermifuges.
Photographie de gauche : Fraisier des bois (Fragaria vesca).
Les jeunes feuilles fraîches d'alchémille commune pourraient être mêlées aux salades ou cuites comme les épinards.
Les feuilles d’alchémille et de primevère officinale donnent un goût paraît-il léger et très fin mélangées au thé de Chine.
Les feuilles et fleurs d'alliaire officinale qui se trouvent en abondance durant ce mois peuvent remplacer l'ail dans un gratin dauphinois.
Le sommet des tiges tendres des inflorescences de l’amaranthe se dégustent, paraît-il, avec une mayonnaise de la même manière que les asperges.
Photographie de droite : Coquelicot (Papaver rhoeas).
Photographie de gauche : Les Idylles de Bion et de Moschus, Traduites de Grec en Vers Français, avec des Remarques, Amsterdam, Henry Desbiordes, 1688.
Le rhizome d'ansérine serait comestible cuit ou séché pour en faire du pain ou des bouillies. Les jeunes feuilles tendres de la potentille ansérine pourraient être préparées comme légume et en potage.
Crêpes à l’aspérule odorante : Faire en sorte que les crêpes soient très fines, presque transparentes, laissant voir les feuilles comme les papiers de fleurs. Coulis de fraises à l’aspérule : Faire fondre du sucre de canne complet bio dans de l’eau à feu doux, ajouter la plante entière sans la racine d’aspérule odorante, retirer du feu et laisser infuser quelques heures. Filtrer en exprimant bien. Ajouter les fraises préalablement mixées pour le coulis. Servir avec des fruits rouges, bien mélanger le tout, et présenter avec en décoration quelques fleurs et feuilles d’aspérule odorante. Récipient d’aspérules : Il s’agit de mettre dans un récipient des fleurs comestibles dont certaines à l’aspérule dans un peu d’eau, de placer dedans un autre saladier légèrement lesté, de passer au congélateur ; puis de renouveler plusieurs fois pour que les fleurs ne restent pas à la surface ; démouler en mettant de l’eau chaude autour du premier saladier et dans le second. Ce récipient fleuri peut se conserver au congélateur et servir pour présenter glaces, fruits rouges …
Photographie de droite : Le Berger Fidèle. Traduit de l'Italien de Guarini En Vers Français. Bruxelles, Jean de Smedt, 1705.
Les beignets de jeunes feuilles de grande consoude sont un régal : Préparer un peu de pâte avec une pincée de sel, de la farine et de l’eau. Faites revenir dans de l’huile les feuilles pliées. Puis les mettre dans la pâte et faire cuire dans l’huile. La grande consoude serait très riche en protéines. Elle contiendrait de nombreux minéraux tels le calcium, le phosphore, le fer, le manganèse, le cobalt, les vitamines B 1, B 2, P et B 12. Ce serait la seule plante terrestre connue capable de produire la vitamine B 12. Il ne faut pas prendre de doses trop fortes de feuilles de consoude.
Photographie de gauche : Le Temple de Gnide. Mis en Vers Par M. Colardeau. Paris, Jay Libraire, sans date (XVIIIe siècle).
La tige feuillée du cresson de fontaine se cueillerait très verte et bien lavée (car elle peut transmettre une maladie parasitaire : la distomatose). Elle serait très riche en vitamine A, B2, C, E, PP et en sels minéraux, phosphore, fer, iode, calcium. L’espèce cultivée a les mêmes propriétés que la sauvage.
Les jeunes feuilles du fraisier peuvent être adjointes aux potages et salades en mai. Voir rubrique précédente.
Les fruits du gratteron permettraient de faire une sorte de café, de même que la racine torréfiée dont on ferait aussi une belle teinture rouge.
On préparerait une salade avec des très jeunes feuilles de hêtre, aubépine, tilleul, cerneaux de noix et fleurs d’aubépine en décoration.
Les jeunes pousses du houblon du printemps pourraient être mangées accommodées comme des asperges.
Tout au fond de la fleur du lamier blanc se trouverait un nectar à consistance mielleuse que les enfants aimeraient à sucer. Les feuilles du lamier blanc, jaune ou pourpre se préparent comme les épinards.
La mâche doucette est très bonne en salade
La racine d'onagre pourrait se consommer cuite, par exemple en sauce blanche, coupée en rondelles. On la récolte l’année du semis avant qu’elle fleurisse.
Voir recettes aux orties du mois d’avril. Il est à noter que l'on fabrique facilement un très bon et malodorant engrais en mettant pendant trois semaines la plante sans sa racine dans de l'eau. La cueillir avant sa floraison et surtout avant qu'elle fasse des graines qui se dissipent rapidement. Les fibres tissées permetteraient de confectionner une toile très solide. Pour calmer les brûlures d’ortie, le jus d’oseille serait efficace. Frotter une feuille de plantain l'est aussi.
Photographies de droite et de gauche : Sureau noir (Sambucus nigra).
Les fleurs de sureau noir ont un léger parfum et un goût particulier. Ajoutées au lait de la préparation d’une crème anglaise elles donnent un goût spécial à celle-ci que l’on aime plus ou moins, mais qui est significatif d’une réelle valeur culinaire (les enlever après avoir bouilli le lait). On fait de délicieux beignets avec ces fleurs et des choux à la crème. Elles sont laxatives. D'autres plantes sont au contraire astringentes comme les jeunes feuilles de fraisier des bois. Pour des beignets : faire frire les corymbes enrobés de pâte (farine et eau seulement). Cette recette est très simple mais savoureuse. Ces fleurs permettraient la conservation des pommes si on les met dans un carton en alternant une couche de fleurs et une de fruits. On pourrait tailler des sifflets dans le bois de sureau. Le vinaigre de sureau consisterait à faire macérer ses fleurs dans du vinaigre de vin avec quelques grains de poivre dans une bouteille en verre transparente fermée. Exposer au soleil pendant deux semaines et filtrer.
Les graines de trèfle des prés pourraient être mises à germer.
Ajouter des feuilles de tussilage à des soupes (voir recette en automne).
Semoule aux fleurs de valériane : Faire bouillir un litre de lait, y verser 100 g de semoule fine et 1 bouquet de fleurs de valériane hachées (3 cuillerées à soupe). Laisser bouillir faiblement tout en remuant pendant 6 minutes environ. Incorporer du sucre de canne non raffiné bio et faire cuire 2 autres minutes en mélangeant jusqu’à ce qu’il ait fondu. Ajouter deux jaunes d’œufs une fois que la semoule a légèrement tiédi pour lui donner un peu plus de consistance (facultatif).
Commencer à repérer où les fleurs blanches des fraisiers des bois s’épanouissent. Ces fraises que l’on commence à trouver au mois suivant sont bonnes mais minuscules et remplissent difficilement une petite barquette. Alors mieux vaut savoir où les récolter en 'quantité'.
Poème de Li Po (701-762), traduit par Patrick Carré et Zéno Bianu, intitulé
Réveil de l’ivresse un jour de printemps :
« Si la vie en ce monde est un grand songe,
A quoi bon la gâcher en se donnant du mal ?
Aussi pour moi tout le jour je suis ivre,
Et me couche effondré au pilier de la porte.
Au réveil, je regarde au-delà du perron ;
Un oiseau chante parmi les fleurs.
“ Dis-moi, quelle est donc la saison ? ”
“ C’est le vent du printemps qui fait parler le loriot vagabond. ”
J’en suis ému, et je vais soupirer ;
Mais face au vin, je m’en verse à nouveau.
A voix haute je chante en attendant le clair de lune ;
Ma chanson finie, tout est oublié...
Photographie du dessous : Géranium Herbe à Robert (Geranium robertianum).
© Article et photographies LM