Aux deux extrémités du piano s’égrènent des notes qui obligent le pianiste à tenir les bras largement écartés en une posture de crucifixion.
Dans le grave, la lente pulsation cardiaque d’accords ombrageux creuse et noue un nocturne presque immobile, si ce n’est le frémissement de craintes diffuses.
Dans l’aigu de l’instrument, une mélodie à la simplicité enfantine vient rappeler que les traits du Diable prennent parfois les contours de l’ingénuité et de de la douceur.
Au centre, les deux motifs se rejoignent pour former le tableau saisissant d’une folle marchant sur la brisure de la mer telle une funambule somnambulique dont la robe claire se détache sur un horizon lunaire.
Le tableau en bleu sombre et blanc crayeux aurait pu être peint par Puvis de Chavanne, il l’a été par Charles-Valentin Alkan, compositeur retiré de la société des hommes dès l’âge de 20 ans.
Paul Kristof
ALKAN, Charles-Valentin. Oeuvres pour piano (Dolce volta, 2012) Disponibilité
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