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Hamid Chabat : les vraies raisons d’une fausse crise politique!

Par Citoyenhmida

Depuis son élection prévue certes mais difficile  – avec à peine 20 voix d’avance sur son concurrent Abdelouahed El Fassi à la tête du Parti de l’Istiqlal, il était clair que Hamid Chabat allait chercher à conforter sa double position de secrétaire général  de la plus ancienne formation politique du royaume et de secrétaire général de l’Union Générale des Travailleurs du Maroc, le bras syndical du parti.

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Il lui fallait pour cela récompenser ceux qui lui ont permis d’accéder à cette double responsabilité, notamment ceux qui lui ont ouvert la voie du bureau directorial du 4, avenue Ibn Toumert à Rabat.

Ce bureau qui a vu siéger des personnalités autrement plus intellectuelles comme feu Ahmed Balafrej,   autrement plus charismatiques comme feu Allal Fassi, autrement plus pondérée comme Si M’Hamed Boucetta mais aussi autrement plus instruite mais  moins charismatique, moins dynamique comme l’inénarrable Abbas El Fassi.

Accéder à ce bureau avait un prix : personne n’en doutait, ni ceux qui soutenaient Hamid Chabat ni ceux qui voulaient l’empêcher de prendre la place d’un grand bourgeois fassi, de surcroit gendre de Allal Fassi et protégé de M’Hamed Boucetta.  Et ce prix consistait en un portefeuille ministériel dans le meilleur des cas, à un secrétariat d’état, un secrétariat général de ministère  ou au pire d’une direction ou au moins d’une division dans n’importe quel ministère.

En effet, une fois élu, Hamid Chabat a immédiatement agité le spectre du remaniement ministériel.

Plutôt qu’un remaniement ministériel, Hamid CHABAT avait en tête, sans pouvoir le déclarer publiquement,  un “changement des ministres istiqlaliens” proposés par l’ancienne direction du parti.

Cela supposait  le départ entre autres de Nizar Barakat,ministre de l’Economie et des finances. mais surtout  gendre de l’ex-premier ministre Abbas Fassi  et  bête noire de Hamid Chabat!

Il fallait aussi déloger Mohamed El Oufa, le sympathique marrakchi, spécialiste des bons mots à défaut d’une autre spécialité plus technique et sans  base politique populaire, en dehors de son alliance avec feu Allal Fassi.

Les autres ministres istaqlaliens, adoubés par l’ex-S.G. Abbas Fassi, ne représentent qu’eux-mêmes. Aucun d’entre eux ne peut se prévaloir d’une légitimité politique quelconque pour prétendre à un maroquin : ni le discret Fouad DOUIRI responsable  de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement, ni  le transparent Abdessamad QAIOUH  ministre de l’Artisanat ni encore moins l’inconnu Abdellatif Maâzouz chargé des Marocains résidant à l’étranger.

Le cas de Youssef AMRANI, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, est assez ambigu. Compté comme ministre “istiqlalien”, il serait plutôt “compatible istiqlalien” ou “adaptable istiqlalien” : sa présence au gouvernement s’explique par des raisons qui n’ont rien de partisanes, mais le parti de la balance y trouve son compte finalement.

La présence de tout ce beau monde n’arrange en rien les desseins personnels de Hamid Chabat, qui en janvier 2012 n’était encore qu’un syndicaliste turbulent.

Dix-huit mois après, Hamid Chabat est devenu une personnalité politique avec laquelle il faut compter et qui surtout doit rendre des comptes à ses obligés qui l’ont porté, avec beaucoup de difficultés jusqu’au sommet du parti!

Il doit aussi satisfaire les appétits de ses amis de l’U.G.T.M. et  participer au rétablissement de leur autorité malmenée par les décisions du gouvernement en ce qui concerne par exemple les prélèvements sur salaires à l’occasion des grèves des fonctionnaires.

Il ne faut pas oublier que Hamid Chabat est resté secrétaire général de l’U.G.T.M. et qu’à ce titre il n’a pas pas été tendre avec le gouvernement auquel participe le parti dont il est devenu secrétaire général.

Donc ceci explique cela et tout le reste n’est qu’affabulation!

Le désaccord sur la politique économique et sociale? Foutaises! Depuis quand le Parti de l’Istiqlal a-t-il une politique économique et sociale, élaborée, chiffrée et structurée?

La gestion de la crise? Refoutaises! Parce que Hamid Chabat n’a rien à proposer! Ni Chabat ni personne d’ailleurs!

La réduction des investissements publics? Encore des foutaises, car ces investissements n’allaient de toute façon pas être engagés, ni par le gouvernement Benkirane ni par n’importe quel autre gouvernement! Chabat aurait pu se renseigner auprès de son prédécesseur!

La dégradation des relations entre Chabat et Benkirane? Encore des foutaises! Jamais ces deux ovnis du microcosme politique national ne se sont entendus, malgré  leur idéologie très marquée à droite dans tous les domaines.

La preuve ultime que le secrétaire général du Pari de l’Istiqlal n’en est qua la scène 4 de l’acte 3 de la pièce qu’il joue depuis son accession à la direction du vieux parti nationaliste, c’est qu’il a très vite fait de remiser au placard la décision du Conseil National de son parti et de s’en remettre à un éventuel arbitrage royal, en se prévalant de l’article 42 de la constitution!

Très belle astuce constitutionnelle pour transformer des ambitions personnelles en problème national!

La crise  que veut ouvrir Hamid Chabat est une fausse crise politique et il avance de fausses raisons pour justifier ces vraies aspirations et ses réelles intentions.

Pourtant, je trouve à cette action de Hamid Chabat une vertu quand même : c’est une première dans l’histoire institutionnelle du pays qu’un parti faisant parti de la majorité  choisit de se retirer de son  plein gré du gouvernement! Nous sommes quand même loin de l’opposition mode R.N.I.

La marche vers la démocratie est pavée  de mauvaises intentions! 


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