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Cinéma, internet et chronologie des médias, « El cosmonauta » en simultané à la télévision, en salle et sur internet !

Publié le 13 mai 2013 par Monartiste

Le grand défi du cinéma à l’ère du numérique demeure l’adaptation de la chronologie des médias. Même si certaines expériences de diffusion simultanée multisupports ont rencontré un réel succès, il n’empêche qu’elles restent exceptionnelles et ne justifient pas forcément de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Prenons par exemple, le film Home. Diffusé gratuitement sur YouTube 10 jours avant sa diffusion TV et sa distribution DVD simultanée, le film a rencontré un réel succès auprès du public. Mais il faut garder à l’esprit que sa production avait été principalement financée par le mécénat et qu’il s’agit d’un film particulier. Un autre exemple qui est revenu régulièrement tout au long de la conférence : L’année de la jupe, diffusé simultanément en salles et à la TV. Financé par la télé, il est apparu que la distribution cinéma n’a pas été cannibalisée par la diffusion TV.

Les salles seraient-elles vouées à disparaître ? Une chose est sûre, à force de vouloir se protéger, l’industrie cinéma risque de s’enfermer dans son tombeau, chose que l’industrie de la musique commence à peine à le réaliser.

Envisageons d’abord la distribution

Internet est-il le nouvel espace de liberté ?

Internet est un outil formidable pour les créateurs ambitieux, souhaitant créer en dehors du système classique. Beaucoup de réalisateurs doivent faire face à une concurrence impitoyable. Faute de distributeur, beaucoup sont morts sans même être vu, internet offre l’opportunité d’aller à la rencontre de son public, de sortir du circuit classique, de se départir de la nécessité d’un distributeur et d’être diffusé certes d’une manière plus sauvage, mais d’être vu…

Je reviens pour commencer sur deux beaux exemples portés par des artistes, qui ont fait d’internet leur principale arme et dont la science de la communication et du teasing pourrait être érigé en art.

Four Eyed Monsters est un long métrage dirigé par Arin Crumley et Susan Buice. C’est sans doute l’un des meilleurs exemples de ce que peut permettre le partage sur internet. Le projet débuta en 2004 et sortit en 2006. Durant cette période, les cinéastes réalisèrent neuf web épisodes téléchargeables sur Itunesstore. Chaque épisode a été visionné près de 50 000 fois.

Dans cinq villes des Etats-Unis, Ils organisèrent des projections en avant-première pendant le mois de septembre, (un jeudi qui plus est sur toute une journée). Cela s’est soldé par une belle réussite, au total 1691 personnes ont assisté aux séances, ce qui représente une moyenne de 70 personnes par projection, alors que la moyenne pour un film indépendant est de 7 personnes par projection. Permettre aux internautes de visionner leur travail en amont a alimenté le bouche à oreille, à favoriser la création d’une communauté. Les gens se sont déplacés pour voir le film, même s’il était disponible sur internet. Ensuite, ils ont obtenu le prix du festival Hidden Gems qui leur permit de présenter leur film dans 31 salles pendant la période de la Saint Valentin, pour un chiffre d’affaire de 13 253 $.

Afin de rentabiliser le film, (qui coûta 100 000 $ selon les derniers chiffres), ils le diffusèrent sur You Tube et s’associèrent au site musical Spout.com, ainsi pour chaque membre  inscrit en passant par eux, ils recevaient 1$. Four Eyed  Monsters utilisa donc un modèle de financement participatif indirect. Même si je ne suis pas totalement convaincu par ce dernier modèle de financement, il y a des pistes à creuser qui vont dans ce sens, cela peut être une source de financement complémentaire intéressante.

En France, nous ne sommes pas en reste avec  Vincent Moon, réalisateur français qui utilise également beaucoup internet pour financer et diffuser son travail. (Efkterlang, petites planètes). Il appuie quant à lui sur un autre levier pour amener les gens à voir son travail. Le porteur du concept de la blogothèque, a construit un événement autour de la diffusion de son dernier film An Island. En s’inspirant tout simplement des concerts live où une alchimie et une rencontre se réalisent parfois avec le public, il a organisé des séances privées de visionnage. Je vous rappelle le principe qui est somme toute assez simple, tout le monde pouvait organiser une projection du film à partir du moment, où celle-ci s’organisait dans un lieu pouvant accueillir au minimum 5 personnes et que l’entrée soit gratuite. Le choix du lieu était totalement ouvert, cela pouvait être chez soi, dans une bibliothèque, ou encore dans un bar.

Créer l’événement : pour favoriser le partage et la création de valeur. 

Aujourd’hui, ce film est disponible en téléchargement, en DVD et en Pack Deluxe. La possibilité est même laissée de faire un don, si l’on a déjà eu la chance de voir le film. Place au partage et à la valeur ajoutée sur cette page. On peut donner ce que l’on veut pour télécharger le film et le Pack DVD disponible en jette vraiment, une petite vidéo de présentation, vous laisse entendre, que vous allez acheter un vrai objet de collection.

Pour découvrir la vidéo sur le pack, elle est disponible sur le site et sur Flickr

El cosmonauta

Pour tout savoir sur la production et la distribution du film, vous pouvez télécharger le plan d’affaire sur leur site 

Le film va être visible en même temps sur Canal plus Espagne, en salle lors de grandes fêtes et rencontres à Madrid et Barcelone et évidemment sur internet.

 Extrait et suite sur le blog du cosmonaute

Cinéma, internet et chronologie des médias, « El cosmonauta » en simultané à la télévision, en salle et sur internet !

Ils ont toujours souhaité que le spectacteur puisse voir leur film, où il veut, quand il veut et comment il veut

En fait, je souhaite qu’il en soit ainsi pour tous les films. Il est difficile de maintenir un système basé sur la rareté lorsque l’on trouve tout ce que l’on veut sur internet.

Passage d’une économie de la rareté à une économie d’abondance.

Les raisons sont nombreuses et diverses, certaines plus morales ou philosophiques que les autres, mais la réalité du numérique s’imposent et mettent à mal les anciens systèmes de distribution de films.

La fin de la chronologie des médias annoncée ?

Avant le film avait quatre vies, d’abord dans les salles, puis quelques semaines plus tard en DVD, puis  en payperview ( télévision payante ) et enfin bien plus tard sur la télévision gratuite. Mais ce modèle basé sur la télévision n’a presque plus de raisons d’être, tout simplement parce que le web apporte de nouvelles habitudes de consommation de film.

Avant l’exploitant et le distributeur pouvaient se mettre d’accord et trouver un terrain d’entente. Mais avec Internet, le terrain change, les règles doivent changer aussi. Le web fait entrer un nouvel acteur l’internaute-spectateur. Internet est un outil hyper-puissant, lorsqu’il est utilisé à bon escient, il peut faire de grande choses, à l’inverse il peut détruire aussi, mais ce dont on est sûr c’est que lorsque vous avez découvert ses possibilités..Il est impossible de revenir en arrière.

Nous en avons pris conscience très tôt et avons décidé d’au lieu de lutter et d’aller contre l’évolution, que nous pensions inévitable, nous avons décidé d’embrasser le changement et de profiter des nouveaux atouts et possibilités qui s’offraient à nous…

C’est pour cela que notre film sera visible partout en même temps 

Source :  http://www.elcosmonauta.es/blog/


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