Oeuvre majeure de la cinéaste néo-zélandaise Jane Campion (La leçon de piano, Portrait de femme), Bright Star constitue un véritable film-poème, en cela que le long-métrage parvient à faire ressentir par le cadre et par les mots ce que recouvre la poésie, ce qu'elle suscite et ce qui la définit.
Mettant en scène l'histoire d'amour fugace entre le poète John Keats (Ben Wishaw, vu dans Le Parfum) et la belle Fanny Brawne (délicieuse et extrêmement talentueuse Abbie Cornish) dans l'Angleterre du début du 19ème siècle, Jane Campion parvient à faire ressentir l'indicible, à travers des images, des cadres et des dialogues dont l'extrême sensibilité le dispute à une sensualité de chaque instant. Offrant de véritables tableaux visuels que l'on croirait décrochés des murs d'un musée, portant une attention particulière au son (froissements, bruissements, caresses, imprègnent la pellicule de bout en bout) et offrant des dialogues à la beauté renversante, la réalisatrice touche au coeur de l'art poétique avec une finesse et une acuité remarquables.
Impossible enfin de ne pas relever la performance renversante d'Abbie Cornish, notamment lors du point d'orgue du film durant lequel l'actrice fait montre d'un talent sidérant et d'une émotion instantanée dans l'expression de la douleur qui l'accable.
Bright Star, ou la poésie faite film