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L'épine dans le cœur, une respiration...

Publié le 14 mai 2013 par Stéphane Kahn

Tiens, ça fait longtemps qu'on n'a pas parlé de Michel Gondry ici. La sortie de L'écume des jours et la parution en DVD de son documentaire L'épine dans le cœur nous donne l'occasion d'un bref regard rétrospectif sur une filmographie longs métrages pour le moins chaotique.

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Michel Gondry, un peu comme Tim Burton, est devenu une marque, presque un logo. Un cinéaste-star qui apparaît dans son dernier film dans un rôle-clé quand il se réservait plutôt de sympathiques caméos jusqu’alors (voir le clip Walkie Talkie Man en 2005, ici). Si L’écume des jours, sorti il y a quelques semaines, étouffe volontairement sous le trop-plein d’images et les effets de signature encombrants, on ne s’inquiète pour autant guère pour le cinéaste qui, à côté de gros projets, a toujours su se réinventer au gré de films plus modestes mais souvent plus digestes. Ce fut par exemple le très beau The We and the I après l’affreux The Green Hornet. Ce fut, dans une moindre mesure, L’épine dans le cœur ou Interior Design (son segment du film collectif Tokyo !) après le malin mais faiblard Soyez sympa, rembobinez. Comme si devait toujours succéder aux paris industriels ouvertement commerciaux (faire un film de super héros à Hollywood ; réaliser une adaptation réputée impossible avec un casting éminemment “bankable” en France) la possibilité de changer radicalement d’optique, d’environnement et d’économie.

Alors revoir aujourd’hui L’épine dans le cœur à l’aune de L’écume des jours, c’est constater que Gondry n’a pas forcément besoin de s’encombrer de concepts brillants, d’effets devant la caméra, de casting rutilant ou d’imaginaire labellisé pour toucher ou émouvoir. Portrait de famille où le cinéaste s’implique directement à l’image et dans l’image, ce documentaire sorti en 2010 relègue au second plan la maestria formelle qu’on attend généralement du génial réalisateur de clips qu’il fut. Si le cinéaste est omniprésent dans le film, c’est d’abord en tant qu’acteur, tout simplement parce que le film se nourrit des dialogues qu’il instaure avec les membres de sa famille (sa tante Lucette en premier lieu, son cousin Jean-Yves ensuite). Gondry s’y met au service des siens, restant, lui – cinéaste, on le sait, brillant – nettement en retrait.

Le film n’éblouit donc pas. Il déçoit même un peu tant la simplicité qu’il déploie le pose en œuvre mineure, transitoire. C’est pourtant toute l’intelligence de Michel Gondry que de savoir prendre le temps de mener à bien un tel projet. C’est avec des films-respiration comme celui-ci – ou avec un projet comme l’usine de films amateurs au Centre Pompidou – que son cinéma se renouvelle constamment et ne s’écroule pas dans la quête forcenée du tour de force. Gageons qu’après L’écume des jours, il le démontre à nouveau bientôt.

SK

Michel Gondry, L’épine dans le cœur, DVD, éditions Montparnasse, 15 euros (en vente depuis le 2 avril 2013).


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