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Terra Australis - Bollée et Nicloux

Publié le 15 mai 2013 par Litterature_blog
Terra Australis - Bollée et Nicloux En 1787, l’Angleterre vient de perdre l’Amérique suite à la guerre d’indépendance et les geôles londoniennes débordent. Le roi George III et ses conseillers, souhaitant à la fois conquérir de nouvelles terres et faire de la place dans les prisons, décident d’expédier 1500 détenus vers la Terra Australis Incognita découverte par James Cook vingt ans plus tôt pour créer une nouvelle colonie. Soldats, bagnards et même quelques prisonnières embarquent sur onze navires pour une traversée de neuf mois. A 24 000 kilomètres de la perfide Albion, les premiers pas dans une anse soigneusement choisie et baptisée Sydney seront tout sauf une sinécure…  
Laurent-Frédéric Bollée et Philippe Nicloux prennent leur temps pour retracer la saga de ces pionniers envoyés sans états d'âme afin de peupler la future Australie. Ils relatent dans le détail la préparation de l’expédition, le périple en mer et l’installation définitive sur place. Entrelaçant les points de vue de nombreux protagonistes réels ou fictifs (Arthur Philipp, premier gouverneur de la colonie, Caesar l’ancien esclave ayant fui l’Amérique, John, orphelin condamné à la déportation alors qu’il n’avait que 9 ans ou encore Bennelong un aborigène capturé par les arrivants afin de lui enseigner leur langue et l’utiliser comme interprète auprès des populations locales), ils créent un véritable docu-fiction qui, bien que souffrant de quelques longueurs, s’avère dans l’ensemble passionnant.
Cet album est une brique, un pavé, que dis-je, un parpaing ! Pas simple de manipuler un tel objet-livre. Mais une fois trouvée la position de lecture idéale, on se laisse embarquer avec plaisir vers ce fascinant pays-continent qu'est l'Australie. Il y a forcément un coté un peu scolaire dans cette fresque historique foisonnante. Mais ce style didactique n’est pas gênant car l’équilibre entre la petite et la grande histoire est parfaitement trouvé. A mon goût les pages dédiées aux préparatifs et à la traversée occupent une place trop importante par rapport à l’installation sur place, mais cela reste un détail.
Niveau dessin, Philippe Nicloux s’est sans conteste lancé dans le projet le plus ambitieux de sa carrière. Quatre années auront été nécessaires pour réaliser l’ensemble. Son trait souple et nerveux est un régal de maîtrise. La majeure partie de l’album se déroulant dans des espaces sombres et confinés (prison ou bateau), le travail sur la lumière et « les éclairages » a demandé une minutie particulière. L’utilisation de nombreuses nuances de gris permet par ailleurs de jouer sur les différentes atmosphères, des rues mal famées de Londres au bush australien. Aussi incroyable que cela puisse paraître, toutes les planches ont été réalisées par ordinateur avec le logiciel Manga Studio. J’avoue je suis plus que bluffé par le résultat final !
   Ambitieux, instructif et graphiquement imparable, Terra Australis est une incontestable réussite. Ce n’est certes pas un coup de cœur mais je dois reconnaître que des leçons d’histoire comme celle-là, j’en veux bien tous les jours.
PS : coup de chapeau en passant à l’éditeur qui a choisi de publier ce roman graphique d’un bloc plutôt que de le « découper » en cinq tomes de 100 pages. Évidemment, c’est un investissement pour le lecteur mais c’est toujours moins cher que cinq fois quinze euros.
Une lecture commune que j’ai une nouvelle fois le plaisir de partager avec Mo’. Décidément, on devient inséparables quand il s’agit de parler BD le mercredi. Et si je vous disais que l’on remet ça la semaine prochaine…  
Terra Australis de Laurent-Frédéric Bollée et Philippe Nicloux. Glénat, 2013. 512 pages. 45 euros.
L'avis d'Yvan
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