Leonardo DiCaprio est à l’affiche de Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann, film d’ouverture du Festival de Cannes. Il s’agit d’une adaptation du roman de F. Scott Fitzgerald publié en 1925. On y retrouve également Tobey Maguire.
Leonardo, quel effet cela fait de tourner à nouveau avec Baz, 20 ans plus tard?
J’avais travaillé avec lui sur Romeo + Juliette dans une version condensée de histoire. Il vous inspire à chaque instant à faire sortir le meilleur de toi-même, on a la sensation de travailler sur quelque chose de particulier. Il n’a pas peur de prendre des histoires classiques, au centre de notre culture. C’est risqué de procéder de la sorte. Il est toujours attentif à ces ouvres littéraires, il essaie d’extraire la vérité de chaque scène.
En parlant de littérature, quel est votre univers littéraire?
Aux Etats-Unis, Gatsby est au centre de l’éducation. Entre la 3e et la 6e, tout le monde lit ce roman. J’ai été fasciné par Gatsby mais pas de façon aussi profonde que Fitzgerald puisse le mettre en scène. On en discute encore 90 ans plus tard, c’est un chemin sans fin, on essaie toujours de disséquer ce qu’il a essayé de nous transmettre, chaque passage est toujours analysé. Nous avons donc voulu être très précis en adaptant ce roman. Ce n’est plus une histoire d’amour, c’est un tragédie, celle de ce nouvel Américain qui se retrouve dans ce nouveau monde où tout le monde peu devenir un Rockfeller. Et puis, au fil de l’histoire, il perd son identité. Quand on se base sur un écrit d’une telle qualité, ça rend le processus fascinant.
Baz, d’où est venue l’idée de ce film?
Il y a 10 ans, j’étais dans un train, seul en Sibérie. J’avais deux livres enregistrés dont Gatsby. Je ne connaissais pas du tout ce roman. A l’époque, j’en aurais tiré autre chose qu’aujourd’hui mais si l’on se lâche et qu’on pense à ce monologue intérieur du conteur de l’histoire alors on voit le film autrement. Ça a duré dix ans pour que j’aie les droits, pour que je trouve les personnes avec qui collaborer.
Pourquoi le choix de ce roman?
Quand Leonardo a lu ce livre, on en a parlé énormément ensemble. Leo résumait tout cela de façon excellente. Dans l’écriture de Fitzgerald, il met tout ce que les gens pensent en mots. Et lorsqu’on le lit, on reconnait des gens que l’on connait. Ce qui me marque dans Gatsby, c’est de voir que sa technique littéraire est extraordinaire. Il écrit quelque chose de neuf, de beau, d’extraordinaire, quelque chose qui est le grand roman américain. Il l’a écrit ici, à 30 km de Cannes, pendant que sa femme avait un amant en face du Palais de Festival. Il y a donc beaucoup de tristesse dans ces écrits.
Satisfait donc du travail accompli?
L’autre jour, quelque chose s’est passé qui montrait la fin du voyage de Gatsby. Lors de la première américaine, une femme venue du Vermont et qui parlait comme Audrey Hepburn, m’a abordé pour me dire qu’elle était venue voir ce que j’avais fait du livre de son grand-père. Il s’agissait d’une femme extrêmement discrète. Elle m’a dit : « Je pense que Scott serait fier de ce film car pendant de nombreuses années, on a pensé qu’il était impossible de traduire ce film en images ». Elle m’a ainsi confirmé que j’avais réussi à le faire.