Après les brillantissimes « Shotgun Stories » et « Take Shelter », Jeff Nichols nous livre son troisième film : « Mud ». Ce film marque la troisième collaboration avec Michael Shannon que l’on peut désormais considérer comme son acteur fétiche. « Mud » fût présenté au festival de Cannes de 2012, mais eût des problèmes à être distribué. Au final, tout rentre dans l’ordre et « Mud » arrivait dans nos salles le 1er mai 2013.
Synopsis : Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi. C’est Mud : un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. A-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de primes ?
Ce que j’adore dans le cinéma de Jeff Nichols, c’est qu’il est purement américain. Mais là où certains vont vouloir filmer la vie citadine où les « merveilles » du pays, Jeff Nichols, lui, filme l’Amérique bouseuse. Il a ce talent pour sublimer ces coins de l’Amérique complètement perdus et y mettre ses histoires. Il filme ces endroits avec majesté étant beaucoup influencé par Terrence Malick, non pas qu’il lui prend ses gimmicks mais plutôt qu’on y retrouve la même énergie se dégageant des plans des deux réalisateurs. « Mud » n’échappe à pas à la règle, et on déguste avec les yeux chaque plan nous montrant ces abords du Mississipi.
Dans un sens, « Mud » se rapproche encore plus du cinéma de Terrence Malick avec ses métaphores bibliques. Un homme essaye de mettre à l’eau son arche, Adam et Eve essayent de se réunir, un serpent a mordu, et l’histoire se déroule sur sept jours. Plus biblique, on ne peut pas. De même, on sent l’influence que les aventures de Tom Sawyer on eût sur le film. Le personnage principal dont le film tient son nom, Mud, évoque clairement ce personnage. Justement, un peu à la manière de ce personnage orphelin, les personnages de « Mud » sont à la recherche de leurs pères.
Justement, dans la peau des « orphelins », Jeff Nichols a placé des acteurs qui deviennent majestueux au fil du film. Tout d’abord Matthew McConaughey, prenant un nouveau départ sous le signe de la rédemption avec des films comme « Magic Mike » et le très réussi « Killer Joe », est superbe ! Il livre la magnifique composition d’un éternel adolescent et menteur, amoureux de la femme de sa vie. Face à lui, deux jeunes brillants de talent : Tye Sheridan et Jacob Lofland ont une complicité qui se voit à l’écran et rend leurs jeux d’acteurs plus vrais et touchants. Même si ils sont jeunes, les deux enfants livrent une performance très professionnelle ! Pour finir, Michael Shannon, éternel habitué du cinéaste, est présent dans un rôle secondaire où il excelle toujours autant.
La photographie du film est sublime et donne au film une toute autre dimension. On se retrouve happé vers les méandres du Mississippi, où la caméra de Jeff Nichols nous entraine avec une facilité déconcertante. Au final, le destin croisé de ces personnages livre une histoire à la fois touchante et complexe, aux personnages parsemés de problèmes familiaux. Si l’on peut résumer le cinéma de Jeff Nichols au cinéma américain de la cambrousse, on peut aussi le résumer au cinéma sur la famille, point fort de tous ces films.
« Mud » est un magnifique voyage sur les rives du Mississippi où des personnages essayent tant bien que mal de régler leurs problèmes. Son quatrième film est déjà en préparation et sera un film de science-fiction pour Warner Bros … Espérons qu’il ne se laisse pas marcher dessus par les producteurs.
Mud. De Jeff Nichols. Avec Matthew McConaughey, Tye Sheridan, Jacob Lofland, Reese Witherspoon, Michael Shannon, Sarah Paulson, …
Sortie le 1er mai 2013.