Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (Who Framed Roger Rabbit ?)

De : Robert Zemeckis.
Avec : Bob Hoskins, Christopher Lloyd, Joanna Cassidy, Stubby Kaye, Alan Tilvern, Richard Ridings, Joel Silver...
Avec les voix en V.O. de : Charles Fleischer, Kathleen Turner, Amy Irving, Lou Hirsch, Morgan Deare, April Winchell, Frank Sinatra...
Avec les voix en V.F. de : Luq Hamet, Tania Torrens, Richard Darbois, Claude Joseph, Philippe Peythieu...
Genre : Comédie - Animation - Policier - Fantastique.
Origine : États-Unis.
Durée : 1 heure 43.
Date de sortie : 18 octobre 1988.
Synopsis : Roger Rabbit est au trente-sixième dessous. Autrefois sacré star du cinéma d'animation, le lapin blanc est fortement préoccupé pendant les tournages depuis qu'il soupçonne sa femme, la sublime Jessica Rabbit, de le tromper. Le studio qui emploie Roger décide d'engager un privé, Eddie Valliant, pour découvrir ce qui se cache derrière cette histoire bien plus complexe qu'il n'y parait !
Bande annonce française
"- Vous ne savez pas comme c’est dur d’être une femme qui a mon physique.
- Vous ne savez pas comme c’est dur d’être un homme qui regarde une femme qui a votre physique."


Il y à des films dans mon cycle consacré à Robert Zemeckis que j'avais hâte de me remater. "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?" fait parti de ses films. En effet, même si j'en garde un souvenir assez frais car je l'avais vu plusieurs fois dans ma jeunesse dont une fois en salle lors d'une ressortie, ça faisais un sacré moment maintenant que je ne l'avais pas revu. J'ai donc profiter de l'occasion et de la sortie en France du Blu-ray pour me le revisionner une énième fois.
Et ce fut toujours un grand plaisir. Indémodable, le scénario écrit par Jeffrey Price et Peter S. Seaman me botte toujours autant. Déjà, je suis un grand amateur de ce genre de dessin animés que je trouve plus efficace que bien des productions actuelles. De plus, j'aime beaucoup les polars très ancrés dans les années 40-50 alors la combinaison des deux avec un humour bien décalé avait tout pour me plaire. Et c'est là qu'est d'ailleurs une grosse partie de la réussite de ce long métrage, dans sa façon de combiner deux genres qui semble diamétralement opposé de manière très crédible en posant un équilibre parfait avec un humour bien senti qui évite qu'on ait la sensation d'être dans deux films différents.
Du coup, c'est les deux aspects de ce film que je me mets à savourer à chaque fois. D'une part, l'enquête très légère qui reprend bien les codes du polar noir pour mieux les retourner et jouer avec et d'autre part, le côté dessin animé avec cet univers de toon bien décalé et riche en clins d’œil et références. Pour l'enquête, c'est surtout un prétexte pour se faire côtoyer ses deux mondes mais le scénario la traite de façon habile de telle sorte que malgré sa légèreté, on se laisse prendre au jeu. On découvre le méchant à la fin et comme Eddie Valiant, le spectateur peut s'amuser à mener son enquête, à suivre ses hypothèses... Ce qui est fort, c'est que c'est tellement bien traité sans jamais être trop risible que même après de multiples visionnages, l'intrigue fonctionne toujours.
Les toons pour leur part fait ressortir notre côté enfantin dans cet univers où tout est possible. Là encore, même après de multiples visionnages je me laisse toujours prendre au jeu de l'amusement tout en me revoyant avec nostalgie les époques "Ça cartoon" sur Canal Plus qui faisait parti de mes grands rendez vous télévisuel. Au passage, pour pousser plus loin la nostalgie les courts métrage mettant en scène Roger Rabbit à savoir "Bobo bidon", "Lapin looping" et "Panique au pique-nique" démontre eux aussi (même si ils ont été fait bien après le long métrage), cette volonté de créer un univers toon qui tient la route en reprenant là encore les codes du genre.
Quant à l'humour qui équilibre ses deux registres sans jamais prendre trop le dessus ni être trop risible, il est tout simplement juste. Chaque gags est bien pensé, chaque réplique à son importance, chaque hommage ou référence apparait au bon moment et chaque scène s'emboîtent comme il le faut ne ralentissant jamais le rythme du film (d'ailleurs, même si elle est sympathique, je trouve que la scène de la tête de cochon - présent dans les bonus du blu-ray - à été supprimé de façon justifié). A l'image du film, c'est un humour à la fois léger et intelligent qui contribue pour beaucoup aussi à nous faire passer un excellent moment.
Devant la caméra, les acteurs de chair et de sang s'amusent et joue dans la surenchère sans jamais là encore trop en faire. Chacun trouve la bonne limite avec son personnage pour le faire rentrer dans cet univers toon sans le décrédibiliser pour autant. C'est le cas de Bob Hoskins en Eddie Valiant. Avec une filmographie assez surprenante dans ses choix artistique, l'acteur trouve là l'un de ses meilleurs rôles où j'ai pu le voir (si ce n'est LE meilleur rôle que j'ai pu voir avec lui...). Il réussit à exister à l'écran, à faire en sorte qu'on trouve son personnage sympathique malgré ses travers et cohérent de bout en bout, le comédien possède là un rôle où il semble être à l'aise. Ce mélange de sérieux avec le côté polar et décalé avec l'humour toon lui va plutôt bien je trouve et explique peut être aussi un peu sa filmographie assez éclectique même si là c'est une extrapolation qui n'engage que moi bien sûr.
Après "Retour vers le futur", Robert Zemeckis retrouve Christopher Lloyd et après son mythique personnage du Doc, il lui offre là un nouveau rôle que je trouve tout aussi mythique à savoir celui du Juge DeMort. Peut être moins fort que celui du Doc (ou du moins, moins marquant), l'acteur est en tout cas impeccable et donne tout son talent à ce nouveau personnage bien décalé de sa filmographie. Il démontre aussi que malgré la légèreté de ses rôles, il possède une certaine palette dans son jeu et qu'il est capable de se ré-inventer. J'ai en tout cas trouver sa performance excellente.
Le reste du casting est assez anecdotique (puisque juste après ce sont surtout les toons les stars de ce film) même si je dois reconnaître que j'ai bien aimé Joanna Cassidy dans le rôle de Dolores qu'on pourrait regretter de ne pas voir un peu plus au même titre que Stubby Kaye en Marvin Acme ou Alan Tilvern en R.K. Maroon. Au passage, on peut aussi noter l'apparition assez amusante du célèbre producteur Joel Silver dans la peau de Raoul, le réalisateur.
Mais bon, comme je l'ai dit, les autres stars ce sont les toons et ceux ci sont parfaitement doublés. "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?" est un film que je ne peux pas voir en version originale (surtout vu le passé que j'ai avec ce film dans mon enfance) du coup je m'attarderais uniquement sur la version française et le doublage est très plaisant. Comme le film en lui même, les voix vieillissent plutôt bien et reste ancré dans l'imaginaire collectif. Impossible en effet pour moi d'imaginer une autre voix que celle de Luq Hamet en Roger Rabbit ou encore celle de Tania Torrens pour la sulfureuse Jessica. Richard Darbois pour Bébé Hermann, Claude Joseph pour Benny le taxi ou Sam le pirate entre autre ainsi que Philippe Peythieu (plus connu pour sa voix d'Homer Simpson) qui se prête lui aussi à l'exercice complète cette riche distribution vocale française que je trouve tout simplement excellente.
Niveau mise en scène, le travail fourni pour Robert Zemeckis est tout simplement bluffant. Son film vieilli extrêmement bien et c'est encore plus surprenant quand on voit que malgré les prouesses technologiques qui ont été faite depuis, "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?" s'inscrit encore comme une référence du genre tant c'est maitrisé ringardisant au passage les "Space Jam" ou autres "Les Looney Toons passent à l'action", que j'apprécie à différentes mesures pourtant mais qui n'ont jamais su égaler la puissance de ce film que ce soit dans le fond ou dans la forme.
On à des plans qui sont vraiment très bons avec des folies visuelles qui vont bien au delà de l'univers des toons. Des toons qui s'intègre d'ailleurs de façon limpide au récit de telle façon qu'on fait vite abstraction entre ses deux mondes pourtant opposés. Visuellement, c'est vraiment très réussis je trouve avec de très bons effets spéciaux qui n'ont jamais trahi l'essence même des différents cartoons dont le film fait référence. L'animation de tout ses personnages haut en couleurs continue de m'ébahir tant je trouve l'ensemble très fluide et presque naturel.
Les différents décors m'ont beaucoup plu aussi avec ce retour dans le Hollywood de 1947 magique qui reprend vie sous nos yeux. Les différents décors sont parfaitement bien pensés avec des costumes géniaux qui joue bien aussi le jeu de la légèreté entre le polar et le dessin animé. J'aime beaucoup cette ambiance qui se dégage de ce film qui me fait penser à plein de vieux long métrage que je pouvait voir gamin et qui me plaisait déjà beaucoup. Ce film réussi à se prendre au sérieux tout en nous faisant retrouver notre âme d'enfant, notre naïveté, notre innocence et aujourd'hui encore, je trouve que cette prouesse fonctionne toujours. Quant à la bande originale composée par Alan Silvestri, elle est également très réussie en contribuant beaucoup à l’atmosphère générale que génère le film.
Pour résumer, même après un certain laps de temps sans l'avoir revu, même en connaissant malgré tout ce film par cœur, "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?" fonctionne toujours et reste un grand classique du cinéma. Un cinéma qui prouve qu'on peut combiner des univers différents et viser un très large public sans pour autant tomber dans le piège de la facilité. Réussi autant dans sa forme que dans son fond, ce long métrage est un chef d’œuvre dans son genre que je ne me lasse définitivement pas de voir et revoir et que j'ai même l'impression de découvrir à chaque fois que je le visionne. De très grande qualité, c'est le genre de film que je trouve quasi sans défauts et que je recommande très chaleureusement auprès de ceux qui ne l'ont pas encore vu (si il en existe encore) tant on à la certitude de passer un excellent moment devant ce divertissement magnifique. Le genre de film qui nous fait aimer le cinéma :-) .