Le manuel du serial killer par Frédéric Mars

Autant la genèse était claire pour mon précédent roman, Non Stop, autant cette fois j’ai du mal à déterminer comment le projet du Manuel est né. Je me souviens juste que j’avais l’envie de me confronter à la figure mythique du serial killer, mais je ne voulais pas juste dépeindre un « monstrissime » de plus, encore plus odieux et puissant dans l’horreur que ses devanciers. Je voulais surtout en profiter pour montrer comment certains esprits torturés en viennent à échafauder des histoires vraiment tordues pour supporter leur propre « difformité » psychologique.
Et puis, en cours de préparation, je suis tombé un peu par hasard sur des informations concernant Jesse Pomeroy, l’un des premiers serial killer médiatisés aux États-Unis (dans les années 1870), et longtemps le plus jeune d’entre eux (il a commis ses premiers crimes vers 13-14 ans). A partir de là, j’avais à peu près tous les ingrédients pour mettre au point cette mise en abîme un peu folle qu’est devenu le Manuel.
Tellement folle, que sa rédaction n’a pas été facile. Moins fluide que pour tous mes ouvrages précédents, même ceux dont la structure était objectivement plus complexe, ou qui nécessitaient plus de documentation. Pourtant, comme d’habitude j’avais établi un synopsis très détaillé, une sorte de séquencier qui précise le contenu et la direction prise par chaque chapitre. Mais assez vite je me suis confronté non seulement à la complexité de mon dispositif, mais aussi à la diversité des « voix » exprimées. J’ai dû reprendre le début plusieurs fois, avant de parvenir à la version actuelle, plus direct, un peu « uppercut » même.
J’ai apporté aussi beaucoup de soin à la fin, dont les lecteurs verront qu’elle est déterminante, puisqu’elle éclaire tout le récit d’une lumière nouvelle. La fin, c’est souvent ce que les auteurs bâclent un peu, pressés d’en finir et de passer au livre suivant. Là je voulais vraiment que tout le puzzle apparaisse au lecteur de manière claire, dans une vue d’ensemble qui l’incite en retour à relire tout l’ouvrage par le menu, pour voir où je l’avais piégé et manipulé. Ça supposait d’être très précis et attentif… pour ne pas tomber moi-même dans les chausse-trapes que j’avais aménagées. J’espère que les lecteurs trouveront le résultat convaincant.

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