James Bond est certainement l’agent secret le plus connu de la planète. Certes, il est infinimement courageux et sexy en plus d’être incarné par les plus beaux acteurs de son temps, mais ce qui le rend plus attirant encore, ce sont toutes les innovations qui ont fait son succès. Car qui ne connaît pas sa voiture amphibie, son stylo explosif ou encore sa montre laser ?
Mais que l’on ne s’y trompe pas, ces innovations ne sont pas de simples gadgets car, chez James Bond, le combat est toujours technologique. Prenons le premier opus de la série, James Bond 007 contre Dr No. Nous sommes en 1962, en pleine Guerre Froide. L’un des enjeux majeurs de cette période est la conquête de l’espace. Est-ce vraiment un hasard si James Bond est envoyé à ce moment-là sur l’île de la Jamaïque pour contrecarrer les plans d’un certain Dr No qui projette de perturber l’envoi d’un homme américain dans l’espace grâce à des ondes radio ?
Représentant du monde libre, 007 doit constamment faire obstacle aux plans machiavéliques de ses ennemis qui n’hésitent pas à employer les dernières innovations technologiques pour mener à bien leurs vilains desseins. Ainsi, pour rester dans la course, les chercheurs du MI6 doivent toujours inventer de nouveaux accessoires permettant à James Bond de lutter contre ses adversaires. Ce n’est pas étonnant, donc, que « Q », le responsable du département « Recherche et développement » du MI6, soit devenu l’un des personnages principaux de la série.
Ce qui caractérise « Q », au-délà de son humour, c’est son large périmètre d’intervention : il semble pouvoir inventer tout ce qui lui passe par la tête. Bien sûr, la série ne montre quelles sont les relations entre « Q » et sa hiérarchie mais l’on peut aisément deviner, eu égard à la nature même de ses inventions, qu’il bénéficie d’une autonomie considérable dans son travail. Car je ne pense pas que ce soit la direction du MI6 qui ait demandé à « Q » de mettre au point une cornemuse-mitraillette-lance-flamme. Je pense plutôt qu’il s’agit du résultat de son imagination sans limite. Et si son imagination est sans limite, c’est sans trop de doute possible, parce qu’on ne lui impose que peu de contraintes, à part, certainement, celle de produire des inventions les plus efficaces possibles.
Ce qui m’a particulièrement intéressé dans le dernier James Bond, Skyfall, c’est la manière dont le personnage de « Q » a été renouvellé. Le personnage ne correspond plus du tout à l’archétype du viel inventeur un peu foldingue mais à celui du geek ultra-connecté, issu de la génération « Y ». Si le MI6 fait confiance à un jeune chercheur pour diriger son département de « Recherche et développement » qu’attendent les entreprises françaises pour en faire de même ?
Voici la première rencontre entre « Q » et Bond :
Combien de temps encore devrons-nous compter sur le cinéma pour faire changer les mentalités ? Sans pour autant évoluer dans un monde aussi bipolaire et manichéen que la série Bond, les entreprises auraient beaucoup à gagner à s’inspirer d’elle pour la définition de leur stratégie d’innovation en :
- gardant toujours à l’esprit que l’innovation est essentielle pour rester dans la course ;
- en laissant un champ d’autonomie le plus large possible aux chercheurs afin qu’ils puissent exprimer toute leur créativité et inventer les objets, idées ou algorythmes de demain ;
- en n’hésitant pas à faire appel à de jeunes chercheurs pour avoir toujours des compétences en cohérence avec les besoins et les savoir faire de notre époque ;
- en affirmant, à l’instar de l’extrait vidéo plus haut entre « Q » et Bond, la complémentarité des compétences des chercheurs et des opérationnels.
Ainsi, en matière d’espionnage comme en matière de commerce, l’innovation est le nerf de la guerre et c’est seulement en maintenant toujours une longueur d’avance sur ses concurrents ou adversaires que l’on peut espérer le succès.
Angélique