Ca fait déjà un an. Un an jour pour jour qu’on a quitté Paris. La veille du départ, j’avais reçu un mail d’Hadopi. Quelques heures plus tard, on prenait le large à bord d’un Eurostar plein à craquer. On venait d’élire un nouveau président, on sautait de joie tantôt place de la Bastille. Comme François H. ma vie prenait un tournant.
Londres ne m’a jamais totalement conquise. J’ai eu le mal du pays en arrivant. Vous savez, c’est comme attraper la varicelle à l’âge adulte. Ca fait un mal de chien. On se sent moins résistant. C’était aussi absurde qu’inattendu.
Après, je crois que je suis devenue hermétique à tout. J’ai foncé la tête en avant, en m’écriant “Tu ne m’auras pas!”.
J’ai accepté nos rapports conflictuels, tout en reconnaissant à Londres ses vertus.
J’avais placé bon nombre d’espoirs et d’attentes dans cette première expat. Surtout professionnellement.
J’ai fui Paris pour des raisons rationnelles. Avec le caractère que j’ai, cette ville m’aurait anéantie. C’est insupportable de voir à quel point vous êtes bridés par le système. Les gens ont du mal à vous faire confiance. Il faut des années pour se faire une place. Il se peut parfois que personne ne vous en fasse une. La séniorité se définit trop souvent par l’âge et non en fonction des compétences de chacun. Vous pouvez malheureusement rester au placard, pour ne pas savoir gueuler plus fort qu’un autre. Avoir envie, ce n’est jamais assez. Ce que je détestais le plus, c’était ce sentiment de sous-estime que les managers les moins doués savent infliger chaque fois qu’ils s’adressent à vous. Le terme “potentiel” est trop injustement ignoré.
Je ne dis pas qu’en venant à Londres mon ascension a été fulgurante. Néanmoins, j’ai appris à me faire confiance. Pour moi, c’est inestimable. Malgré un marché férocement concurrentielle, vous avez toutes vos chances, quel que soit votre âge et votre expérience. Pour la première fois de ma vie, j’ai la sensation que l’on ne donne l’opportunité de me réaliser.