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[Critique] MAMÀ de Andres Muschietti

Par Celine_diane
[Critique] MAMÀ de Andres Muschietti
A la base, il y a un court-métrage de trois minutes. Le fantôme rageur d’une mère qui terrorise ses deux fillettes. Mais l’argentin Andres Muschietti avait plus à dire : il fallait trouver un contexte pour inscrire cette histoire de terreur, des protagonistes à étayer, des pistes thématiques à fouiller. Avec Mama, version longue et canado-espagnole, il vient surfer sur le filon populaire du genre, de L’Orphelinat aux Yeux de Julia, soit l’exploitation de drames familiaux comme terrains propices aux déversements des rancoeurs les plus sombres. Le film de Muschietti, produit par Guillermo del Toro papa du genre, s’ouvre et se conclut avec magnificence. Pour commencer, il offre un prologue sauvage: un père perd la boule, tue sa femme, s’enfuit au fond de la forêt avec ses gamines. Pour terminer, le prologue déverse une beauté romantico-macabre qui pousse jusqu’au paroxysme (et au paradoxe) le fil conducteur du récit : l’amour d’une mère. Pas de happy end non plus, autre marque de fabrique d’un genre très sombre et très violent. Le problème, avec les bonnes idées que l’on étire, est de tenir sur la longueur. Au milieu de Mama, il n’y a hélas rien d’inédit : des ficelles scénaristiques attendues, des seconds rôles mal taillés (le personnage du docteur notamment est sous exploité), des parenthèses de frissons qui peinent à soulever les cœurs. Tout commence avec une rockeuse rebelle, brillamment interprétée par Jessica Chastain. Alors qu’elle ne veut pas d’enfants, elle se retrouve avec les deux petites nièces de son copain sur les bras. Son personnage, bien que peu subtilement amené, sert de joli vecteur à une réflexion sur la maternité et l’instinct animal. En tentant d’apprivoiser les orphelines, retournées à l’état sauvage suite à leur abandon, elle trouvera une rivale de taille : une Mama mystérieuse, maman endeuillée croisée The Grudge
De là, Muschietti mise tout sur l’atmosphère angoissante d’un récit qui s’amuse d’abord intelligemment avec le hors champ, ne dévoilant la Mama-titre qu’après un ludique jeu du chat et de la souris instauré avec le spectateur. On voit bien que les couvertures se tirent, que les murs se noircissent, que les regards des filles cherchent des approbations dans des pièces affreusement vides, mais on ne découvrira que plus tard le visage du spectre vengeur. A l’instar de toutes les surprises, une fois éventées, l’excitation disparaît. Ne reste plus alors que le duel féminin dans toute sa splendeur maléfique : la pulsion de vie contre la puissance de la mort, le combat fou de deux mères qui protègent leurs petites. On regrettera deux choses pourtant . d’un côté, l’idée, matraquée en filigrane, qu’une femme ne peut PAS contrer la Nature : il faut qu’elle soit mère; et par là même abandonner ses anticonformismes rock’n’roll; de l’autre, l’absence de soubresauts brutaux, ces jets d’horreur pure que déversaient L’Orphelinat ou Le Labyrithe de Pan en leur temps. Mama, pour autant, n’est pas un mauvais film, il distille même, par instants, une poésie noire magico-triste, doublement magnifiée lorsque c’est Chastain qui la débite.
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