Construire son arbre généalogique n’est pas tâche facile pour les noirs descendants d’anciens esclaves, et ce travail est d’autant plus compliqué qu’une fois sa lignée retracée, il faut pouvoir déterminer d’où étaient originaires ses parents africains. C’est là qu’intervient un professeur d’une Université australienne, Emma Christopher. Grâce à son aide quelques cubains désireux de connaître leurs racines ont pu retracer leurs origines jusqu’en Sierra Leone. C’est ainsi que quatre d’entre eux, Humberto Casanova, Alfredo Duquesne, Elvira Fumero Añí et Yandrys Izquierdo, ont décidé de faire le voyage de leur vie.
180 ans après que leurs ancêtres aient été forcés à quitter le sol africain et a s’exhiler aux Amériques, ces quatres cubains ont découvert les similarités de leurs coutumes avec celles des sierra leonais, notamment de part leurs danses et chants traditionnels.
Si les 4 cubains, tout comme les autres, ne parlent absolument plus le banta, la langue d’origine de certains d’entre eux, les sierra leonais eux ont reconnu que leurs chansons étaient les mêmes. Ils ont déclaré à leur écoute : "Ils sont nous !".
Personne ne saurait décrire l’émotion ressentie par ces quatre personnes. Les lois dans leur pays sont si dures qu’il a fallut deux ans avant de pouvoir entreprendre ce voyage et d’autres désireux n’ont pas eu la permission de le faire. C’est donc au nom de tout un groupe qu’ils ont effectué le déplacement et ont eu l’honneur d’être accueillis comme des enfants dont on avait perdu la trace.
Les sierra leonais, ceux de la région Banta, du village Mokepie, Mokpangumba et tous les endroits qu’ils ont visité les ont accueilli avec tout l’amour que réserve une mère à sa progéniture. C’est en larmes que les membres de ce petit groupe ont effectué leur périple tout en chantonant les airs de chez eux, sans se douter qu’ils appartenaient aussi à ces gens.
La seule femme du groupe et chanteuse, Elvira Fumero Añí, a déclaré qu’elle ne s’était jamais sentie aussi acceptée de toute sa vie. Malgré la différence de langues, et grâce à leur guide, ils partagèrent tous ensemble des moments de joie, de danse, cuisinèrent ensemble et visitèrent tous les alentours. Dans des secteurs où il n’y a ni routes, ni véhicules, les cubains s’aventurèrent avec grande curiosité pour découvir toutes les parties de ce pays dorénavant le leur.
Il y eu des cris, des amitiés créées, et l’un des cubains, Leonardo, artiste de son état, appris même à grimper sur les palmiers et à extraire l’huile de palme. Aucun d’entre eux ne voulait être simple touriste et ils avaient bien l’intention de ne dormir que quelques heures afin de ne rien rater de ces quelques jours sur leur terre ancestrale. D’ailleurs ils apprirent aux villageois à jouer à leur sport préféré : le baseball.
Les quatres artistes partagèrent enfin leurs compositions telles que des morceaux de rumba et de cha cha cha. Ils espèrent vivement que beaucoup de leurs compatriotes pourront vivre la même chose et venir à leur tour sur leur terre natale, qu’elle soit en Sierra Leone ou partout ailleurs en Afrique.
Leur histoire fait l’objet d’un film-documentaire nommé "They are we" qui sera disponible à partir d’août 2013 (la page facebook).