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Lettre ouverte aux arriérés du net.

Publié le 23 mai 2013 par Laroberouge @hocinisophia

J’avais l’habitude d’être régulièrement insultée de tous les noms d’oiseaux lorsque je sortais, mais depuis quelques mois cela est également le cas sur les réseaux sociaux ou même par mails par des gens qui s’auto-proclament intellectuels du net, ce qui est plutôt surprenant, étant donné qu’il se présentent comme des gens a priori, plutôt réfléchis. Je n’aurais pas été surprise de faire les frais de jugements phallocrates dans des pays à forte tradition ou très imprégnés par la religion étant donné qu’aujourd’hui encore, la place des femmes y est encore très réduite. Mais certainement pas ici en France, pays dans lequel ma mère avait espoir de nous délivrer, surtout nous ses filles, de l’obscurantisme algérien, de l’enfer du Code de la Famille et surtout du code des traditions, de l’honneur et de la pudeur. Naïve que je suis.

Dans cette société ultra conditionnée par le capitalisme et la publicité, la réclâââme, la misogynie y est aussi, sinon plus sévère que "là-bas". En effet, une réelle dichotomie est opérée entre la femme pensante et la femme physique, alors que pour les hommes la question ne se pose même pas. L’homme est séduisant et intelligent, les gens l’admirent pour cela, c’est normal, alors que la femme, elle, ne peut se montrer ainsi. Si elles ont le malheur de prendre soin d’elles, alors qu’elles dénoncent le patriarcat, voilà qu’on les accuse de cultiver celui-ci. Est-ce condamnable que d’être maîtresse de son corps? Trop semblent oublier que la lutte contre le patriarcat n’est pas unique. Pour chaque femme sa libération contre la puissance paternaliste est unique, pour moi par exemple, c’est faire le choix d’être libre de faire ce que je veux sans être jugée. Me maquiller, m’habiller comme je l’entends, en somme m’assumer n’est pas chose aisée sachant que je suis issue d’une famille relativement conservatrice, et que mon sort, comme celui de mes consoeurs, si nous n’avions pas quitté le territoire, aurait pour toutes le mêmes, mariées très tôt, probablement mère à l’heure qu’il est, apprêtée uniquement entre quatre murs pour mon cher et tendre.
Ici, une femme qui donne son opinion doit alors, et je caricature à peine, porter les cheveux courts, ne pas être maquillée et habillée comme un sac de sorte à ressembler au couillu. (Pour les âmes sensibles, il ne s’agit pas d’une généralisation, mais d’une désignation de celui qui est déterminé par cette caractéristique physique et qui se présente comme le macho de base). Bien sûr! Une femme qui pense, en soi ce n’est pas une femme, en fait elle a des traits masculins. C’est bien connu, une femme qui fait le choix d’être féminine est déterminée par son choix: c’est forcément une potiche ou une salope. Qu’elle ait une opinion ou pas, on la réduit au stéréotype de femme simplette et superficielle. Depuis quand est-on conditionné par son image? Qu’est-ce que c’est que cette vision réductrice et auto-centrée dans laquelle se maquiller, porter une paire de chaussures à talons ou encore poster des photos nous conduisent à être étiqueté de "fille simple".

Jusqu’au milieu du XXème siècle, (hier…!), les femmes n’avaient pas le droit de porter le pantalon. Encore une fois, les hommes sont détenteurs de la liberté des femmes et eux seuls peuvent ou non décider de leur toilette. Remarquez qu’aujourd’hui, pas grand chose n’a changé… Le combat est en effet devenu inverse, si l’on exclut l’exception des juives, des tchétchènes ou encore des kurdes qui doivent porter la jupe, ce que l’on cherche avant tout, c’est d’être libre de contrôler son image. En l’occurrence, porter une jupe ou des chaussures à talons ne signifie pas être une salope et auquel cas, cela ne signifie pas non plus que l’on est à la recherche du regard des hommes ou de leurs idées malsaines: il ne s’agit pas d’un narcissisme exacerbé ou je ne sais quoi d’autre, simplement le choix et la liberté de chacune de se vêtir comme elle l’entend sans l’aval de personne d’autre. Ce n’est pas non plus un appel au viol ou a tout ce que vous puissiez supposer d’autre, ceux qui manifestent ces réactions à l’égard des femmes sont ceux qui entretiennent le patriarcat justement. Pourquoi devrais-je avoir l’approbation d’un homme quant à ma toilette ou la façon de tenir mon blog? Messieurs, être féminine n’est pas l’antithèse du féminisme, et inversement.

Et c’est en cela que réside la grande hypocrisie dans ce pays, car lorsque je vois ces trois vieille Grâces appelées Liberté, Egalité, Fraternité, et que je ne peux que constater que certains veulent toujours avoir main-mise sur le corps des femmes. Ils se cachent derrière soi-disant le développement de l’individualisme narcissique parce qu’en réalité ils n’assument pas que c’est l’image de femme libérée qui les gêne terriblement. Et c’est drôle parce qu’il y a quelques jours, Amina, la pro Femen tunisienne avait été arrêtée pour avoir tagué "Femen" sur le mur d’une mosquée. Je me disais alors qu’il n’y avait même  pas besoin de montrer son torse pour faire des vagues dans l’océan du sexisme.  Mais ici ce n’est guère mieux: une femme qui s’habille et se maquille comme elle veut, maîtresse de son image, de sa parole et de ses actes dérange au plus haut point ceux qui veulent avoir le monopole du corps des femmes et de la pensée. Ce temps est révolu…

Aujourd’hui plus que jamais, nous voulons être libre et ce, à tous les plans. Le féminisme est aussi une lutte des classe. A bon entendeur…

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Révolutionnairement vôtre.

La Robe Rouge.



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