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C’est quoi l’interdépendance dans le bouddhisme? - par Trinh Xuan Thuan

Publié le 18 avril 2008 par Kakushin

C’est quoi l’interdépendance dans le bouddhisme? - par Trinh Xuan Thuan

L’interdépendance des phénomènes constitue un des principes fondamentaux du bouddhisme. Rien ne peut exister de façon autonome, et être sa propre cause. Un objet ne peut être défini qu’en termes d’autres objets et n’exister qu’en relation avec d’autres entités. Autrement dit, ceci surgit parce que cela est. L’interdépendance est essentiel à la manifestation des phénomènes. Selon le bouddhisme, la perception que nous avons du monde comme étant composé de phénomènes distincts issus de causes et de conditions isolées est appelée « vérité relative » ou « vérité trompeuse ». L ’expérience du quotidien nous induit à croire que les choses ont une réalité objective indépendante, comme si elles existaient de leur propre chef et possédaient une identité intrinsèque. Mais le bouddhisme maintient que ce mode d’appréhension des phénomènes n’est juste qu’une construction de notre esprit qui ne résiste pas à l’analyse. Il soutient que c’est uniquement en relation et en dépendance avec d’autres facteurs qu’un événement peut survenir.

Une chose ne peut surgir que si elle est reliée, conditionnée et conditionnante. Une entité qui existerait indépendamment de toutes les autres devrait soit exister depuis toujours, soit ne pas exister du tout. Elle ne pourrait agir sur rien et rien ne pourrait agir sur elle. Le bouddhisme envisage donc le monde comme un vaste flux d’événements reliés les uns aux autres et participant tous les uns des autres. La façon dont nous percevons ce flux cristallise certains aspects de cette globalité de manière purement illusoire et nous fait croire qu’il s’agit d’entités autonomes dont nous sommes entièrement séparés. Le bouddhisme ne nie pas la vérité conventionnelle, celle que l’homme ordinaire voit ou que le savant détecte, ni ne conteste les lois de cause à effet, ou les lois physiques ou mathématiques. Il affirme simplement que, si on va au fond des chose, il y a une différence entre la façon dont le monde nous apparaît et sa nature ultime.

L’aspect le plus subtil de l’interdépendance concerne la relation entre la « base de désignation » et la « désignation » d’un phénomène. La localisation, la forme, la dimension, la couleur ou toute autre caractéristique apparente d’un phénomène sont des bases de désignation. Leur ensemble constitue la désignation de l’objet, une construction mentale qui attribue une existence autonome illusoire à cet objet. Dans notre expérience de tous les jours, ce n’est guère l’existence nominale d’un objet qui nous apparaît, mais sa désignation. Le bouddhisme ne dit pas que l’objet n’existe pas puisque nous en faisons l’expérience, évitant ainsi la position nihiliste qui lui est souvent attribuée à tort. L'interdépendance vue avec humour 

Mais il affirme aussi que cette existence n’est pas autonome et est purement interdépendante, évitant ainsi la position réaliste matérialiste. Il adopte la Voie médiane selon laquelle un phénomène ne possède pas d’existence autonome, mais n’est pas néanmoins inexistant, et peut interagir et fonctionner selon les lois de la causalité.

Texte de Trinh Xuan Thuan


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