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Parapal : et si, finalement, c’était sympa de se faire parasiter ?

Publié le 25 mai 2013 par Paoru

Parapal

Après une fin avril et un début mai un peu pauvres en lectures à partager (en dehors de ceci ou de ceux là), voilà une bonne semaine que je n’arrête pas d’enchaîner les titres captivants. Aujourd’hui je vais vous parler de Parapal, aka Para Paru en VO, une nouveauté des éditions Akata Delcourt signée par Takumi Ishida.

Cette série en 9 volumes nous vient du magazine Cookie de la Shueisha, une référence dans le domaine du shôjo avec des titres comme Nana ou plusieurs Mari Okazaki, c’est-à-dire un lectorat plutôt féminin, adolescent et post-adolescent.

Takumi Ishida est une trentenaire – elle est née le 12 aout 1976 à Osaka – qui a fait ses débuts de mangaka à l’âge de 17 ans. Avec Parapal elle signe sa première tentative de science-fiction, à petite dose, pour un récit qui navigue entre romance, tranches de vie et humour.

Les présentations sont faites, passons maintenant au cœur du sujet !

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Quand on  a quelqu’un en tête…

Il arrive une drôle d’aventure à Komaki Ikeno. Cette jeune lycéenne mène une vie assez banale jusqu’au jour où elle fait la rencontre, en rêve, d’un être assez étrange : un extra-terrestre qui lui demande asile. Elle accepte, après tout ce n’est qu’un rêve. Mais comment prévoir que ce dernier deviendrait réalité et qu’il  installerait ses quartiers… Dans son cerveau !

Désormais parasité, Komaki entend la voix de ce nouvel occupant dès qu’il établit une connexion avec sa conscience. Autre changement tout aussi chamboulant : lorsqu’un parasite de ce type s’installe chez un être humain, il accroit considérablement une des capacités sensorielles de son hôte. Pour Komaki, ce nouveau lien s’accompagne dorénavant d’un odorat totalement extraordinaire.

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L’apprentissage de cette nouvelle sensation se fait de manière originale puisque la première découverte olfactive de notre héroïne est l’odeur… du rut ! Autant dire qu’au sein d’un lycée, son nez va être fréquemment sollicité.

Petit à petit elle apprend à discerner d’autres odeurs, comme celle du mensonge, et elle se rend compte de ce que cachent les êtres humains, ses camarades et, à ses dépens, son petit ami et sa meilleure copine. Une initiation perturbante mais qui lui permet de rencontrer Tsurumi, un jeune garçon plutôt taciturne et solitaire qui, sans le savoir, a lui aussi un parasite dans la tête qui l’a doté d’une ouïe peu banale.

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Il reste donc le toucher, la vue et le gout… Ce qui laisse présager pas mal de surprises et d’aventures pour notre jeune duo !

Sentir la différence…

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Voici un mélange amusant –paranormal, romance et humour – mais finalement peu fréquent, surtout si on le veut bien dosé. La thématique dominante de Parapal reste la romance lycéenne mais ce manga puise toute son originalité dans les pouvoirs fantastiques de nos héros. Avec cette nouvelle capacité qui permet de voir au-delà des apparences, il devient impossible pour leur entourage de cacher bien longtemps la vérité et tous les mensonges, du plus anodin au plus secret, est alors dévoilé sans même que les concernés en aient conscience.

Mais que faire de ce nouveau savoir pour notre jeune Komaki ? Révéler sans cesse la vérité au grand jour ? Et que penser lorsque son sens exacerbé lui révèle des informations inattendues sur elle-même ? Une chose est sure : ces informations contradictoires – secrètes et trop accessibles à la fois – ne seront jamais sans conséquence.

Takumi Ishida va plus loin que la simple bonne idée de ces sens révélateurs et elle la développe, en apportant une nouvelle saveur aux relations humaines. Elle leur offre une multitude de degrés d’analyse et d’interprétation : un menteur talentueux, un menteur paniqué ou un menteur qui s’ignore dégageront chacun des effluves légèrement différentes, plus ou moins acides ou aigres par exemple. La richesse et la précision de nos sens apportent une description beaucoup plus fine qu’une vérité binaire : « il veut / il ne veut pas » « elle ment / elle ne ment pas », « il m’aime / il ne m’aime pas »…

Komaki est initiée à ce pouvoir lors du premier tome, où elle commence par reconnaitre une puis deux ou trois odeurs de manière chaotique et contre son gré puis, progressivement, elle en comprend les subtilités et, plus douloureux, les implications pour sa propre vie. Tout le monde n’est pas d’accord pour dire qu’un mensonge peut protéger, mais il est évident qu’une vérité sans barrière est souvent cruelle.

Après des déboires personnels, les détenteurs de ce nouveau pouvoir vont se rencontrer et se mettre à en faire d’autres usages. La première rencontre de Komaki est avec le taciturne et introverti Tsurumi, qui gagne rapidement l’affection du lecteur grâce à son intelligence, son humour, mais surtout son coté râleur au grand cœur. Il vit une expérience sensorielle assez proche de notre héroïne, se retrouvant avec une ouïe surnaturelle et la capacité d’entendre la voix du petit alien qui loge dans le cortex de Komaki.

Il se protège donc l’un l’autre dans cette vie nouvelle et très imprévisible. Désormais à l’écart de la société mais assurés de ne pas être fous, voici un duo de paumés qui fonctionne à merveille !

Et l’amour dans tout ça ?

Para paru
La science fiction est au service de nouveaux rapports humains mais la mise en place du scénario permet à Parapal de ne pas dévoiler toute son intrigue romantique. On apprend plutôt à connaître les trois protagonistes principaux : Komaki et Tsurumi – évoqué plus haut – et enfin Ikeno, qui apparait dans la seconde moitié du volume. Nommée avec humour « la grande prêtresse de l’amour » par Tsurumi, cette adolescente très libertine cache une jeune femme intrigante, poétique et complètement lunaire, qui ne vous laissera pas indifférent. L’occasion aussi pour la mangaka de survoler le domaine de la sexualité en le démystifiant, sans pour autant le rendre anodin.

Finalement, dans ce premier tome de Parapal, l’amour et l’attachement à autrui sont des sources de déception et de souffrance, une sorte de prix à payer pour ce don sensoriel. Mais maintenant que nos héros se sont trouvés, on compte sur eux pour remonter la pente et faire battre leur cœur et le notre par la même occasion.

On attend de voir comment la mangaka fera naitre des sentiments sur les 8 volumes suivants. Contrairement à beaucoup de shôjos qui font la part belle aux dessins épurés comme véhicule de l’histoire et des émotions, Takumi Ishida se plait à utiliser de nombreux dialogues, qu’ils soient introspectifs ou entre les personnages. L’aventure est donc un peu plus littéraire que d’habitude, plus profonde aussi.

Concernant le style graphique, il est assez typique du shôjo : la part belle est donnée aux yeux, on constate une utilisation assez fréquente des trames, les décors sont simplistes et le cadrage comprend une bonne dose de gros plans. Petite singularité : les traits de son chara-design se font parfois épais et noirs aux niveaux des yeux, de la bouche ou du contour du visage pour souligner les expressions ou les émotions, ce qui pourrait bien être à une marque de fabrique.

Le visuel est donc standard et agréable mais il est supplanté par cette narration assez fournie et l’originalité de l’histoire qui parviennent ensemble à nous capter sur ce premier tome… On attend la suite avec impatience, début juillet !

Fiche descriptive

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Titre : Parapal
Auteur : Takumi Ishida
Date de parution du dernier tome : 15 mai 2013
Éditeurs fr/jp : Akata-Delcourt / Shueisha
Nombre de pages : 224
Prix de vente : 6.99€
Nombre de volumes : 1/9 (terminé)

PARA PAL © 2005 by Takumi Ishida / SHUEISHA Inc.

Pour vous faire un avis, la preview est disponible ici. Pour finir, vous pouvez suivre le compte Twitter de l’auteure ou du magazine Cookie.


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