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Cronstadt, l'éclair aveugle qui refuse d'être éclairé

Par Alaindependant

« Bien que les directions de l’État soviétique les aient ignorés, discrédités et même liquidés physiquement, les dénonciateurs des dérives productivistes n’ont cessé de donner l’alarme. Leurs mises en garde apparaissent aujourd’hui aussi prémonitoires que désespérées. Parmi bien d’autres « avertisseurs d’incendie », celui des communards de Cronstadt peut être pris comme exemple. En 1921, les quelque 50 000 habitants, en grande majorité masculins, de cette ville soviétique de la Baltique s’élevaient contre l’orientation du pouvoir central qui, après les avoir discrédités et dénigrés, les réprima violemment, les anéantit militairement et en expurgea la substance de la mémoire des peuples. »

Ainsi dit François Iselin.

Pour ma part, j'ai déjà dit et écrit que je considérais Cronstadt comme une rupture du processus révolutionnaire, au contraire de ce que le mouvement populaire semblait être porteur.

La vision de François Iselin m'apparaît également porteuse de réflexions nouvelles.

Michel Peyret


Écologie et socialisme : Par exemple Cronstadt

François Iselin 15 mai 2013

Écologie et socialisme : Par exemple Cronstadt

« Tout appel à la productivité est, dans les conditions voulues par le capitalisme et l’économie soviétisée, un appel à l’esclavage » (Raoul Vaneigem [1].)

Une à une, les grandes révolutions socialistes se corrompent, s’épuisent et s’effondrent. Les immenses espoirs qu’elles suscitaient jadis se sont évanouis. Sur leurs ruines germent et prospèrent les vices du capitalisme : exploitation, racisme, violence, injustice, destruction. Le projet d’un monde où la dignité des êtres humains et l’intégrité de la nature seraient durablement assurées semble illusoire.

Ces cruels échecs constituent le fonds de commerce du despotisme capitaliste. Ils lui permettent de légitimer sa domination, de justifier la supériorité de ses choix techniques et économiques et de blanchir les désastres irréparables qu’il a occasionnés à l’humanité et à la planète. Ainsi, le capital peut faire croire que l’actuelle résurgence de l’esclavage en Chine, par exemple, est pire que la soumission dans laquelle est tenu le prolétariat qu’il exploite ou que la chute de l’espérance de vie dans l’ex-URSS est plus grave que les milliards de victimes des guerres et des famines dans le monde qu’il domine depuis plus d’un siècle.

Nombre de révolutionnaires persistent à vouloir expliquer l’échec de ces révolutions par des manœuvres impérialistes forçant leur économie à les rivaliser dans la course à la production, par le sabotage d’une bureaucratie parasitaire qui aurait rétabli les valeurs bourgeoises, ou encore par le manque de productivité, de compétitivité, ou de croissance des économies « socialistes ». Or, comme nous tenterons de le démontrer, la cause première de ces échecs a été que leurs directions révolutionnaires ont voulu conserver le redoutable modèle productif capitaliste. Si ces directions ont bien arraché le pouvoir formel des classes dominantes, elles en ont épargné le fondement de leur pouvoir : l’exploitation de la force physique et mentale des êtres humains dans un but contraire à leur libération du travail et, partant, de leur épanouissement.

Le productivisme, toxine du capitalisme

Près d’un siècle de recul historique a révélé l’ampleur du désastre planétaire dans lequel le productivisme a plongé l’humanité. Il ne fait plus de doute aujourd’hui qu’il a été la cause de l’échec conjoint du système capitaliste et des révolutions socialistes. « Chaque fois qu’il a pris le pouvoir, le mouvement socialiste s’est trouvé confronté à des choix énergétiques cruciaux, qu’il s’agisse de politiques alimentaires ou de stratégies industrielles. Et pourtant, aucun de ces courants historiques […] n’a cherché à envisager ces choix en termes réellement différents de ceux qui l’emportaient dans les sociétés capitalistes [2]. » Les causes de l’aveuglement des directions révolutionnaires dominantes sont à rechercher probablement dans leur fascination pour le progrès trompeur que leur promettait la bourgeoisie, mais surtout dans leur indifférence, souvent méprisante, des modes de production traditionnels et alternatifs, que préconisaient et pratiquaient d’expérience les paysans et artisans. Cependant, le choix productiviste n’était pas désintéressé puisqu’il permettait aux bureaucraties dominantes d’enrégimenter leur base sociale en l’astreignant au travail contraint et en la leurrant par la vaine promesse d’un proche paradis terrestre où il ne serait plus question que l’on travaille à la sueur de son front…

Pourtant, les dangers du productivisme étaient déjà perçus et clairement dénoncés dès l’aube de l’industrialisation par les scientifiques intègres. Ils annonçaient l’épuisement des ressources fossiles, le recours inéluctable à l’énergie solaire sous toutes ses formes et en déduisaient que le seul mode de production « durable » ne pourrait être qu’agricole, toute production artisanale et industrielle devant être limitée à en assurer l’essor. Cette option fut taxée de passéiste, de réactionnaire ou d’irresponsable au vu des immenses besoins matériels d’une humanité affamée qu’une industrialisation promettait de rassasier, dussent-ils sacrifier leur droit à la paresse et à la liberté. Ce choix antiproductiviste fut – et reste – ignoré par le courant marxiste, mais surtout combattu avec acharnement par l’idéologie capitaliste, pour qui le productivisme fut et demeure le système qui lui assure le mieux l’accumulation, grâce au pillage des ressources rares, à l’exploitation du travail humain et à l’épuisement de la nature [3].

Pour aucun de ces savants « non alignés » il n’était question, bien au contraire, de brider la recherche et le développement scientifique et technique, mais ils devaient être réorientés vers la quête de solutions capables de libérer les hommes du travail et non plus d’un « progrès » capitaliste qui les assujettisse toujours davantage. Comme les révolutions socialistes productives, cette révolution scientifique et technique a été tuée dans l’œuf. Ainsi, les économies socialistes échouèrent comme leur modèle capitaliste dont « sa productivité fiévreuse et ses effondrements bruyants, ses gaspillages et sa confusion ne furent que les mauvaises contrefaçons d’une économie fonctionnelle qui pouvait réellement profiter de la technique moderne » [4].

Cronstadt la Rouge

Bien que les directions de l’État soviétique les aient ignorés, discrédités et même liquidés physiquement, les dénonciateurs des dérives productivistes n’ont cessé de donner l’alarme. Leurs mises en garde apparaissent aujourd’hui aussi prémonitoires que désespérées. Parmi bien d’autres « avertisseurs d’incendie », celui des communards de Cronstadt peut être pris comme exemple. En 1921, les quelque 50 000 habitants, en grande majorité masculins, de cette ville soviétique de la Baltique s’élevaient contre l’orientation du pouvoir central qui, après les avoir discrédités et dénigrés, les réprima violemment, les anéantit militairement et en expurgea la substance de la mémoire des peuples.

Le tiers des quelque 6 528 « rebelles » arrêtés furent exécutés et 1 955 furent condamnés au travail obligatoire [5] ; ce fut « le pire des fratricides  » [6], mais ce fut surtout le pire des égarements de la fraction dirigeante de la révolution russe. Alors que « Cronstadt ouvrait une voie large et nouvelle à la créativité socialiste » [7], le régime n’a vu au contraire, dans cette « seconde Commune de Paris », que le risque que la jeune révolution ne soit menée dans une impasse par quelques illuminés, qui auraient bien pu être manipulés par la réaction impérialiste [8]. Le risque d’une manipulation impérialiste était évidemment réel, comme l’est le risque de faire la révolution ! Pourtant, « dans le cas de Cronstadt, la conduite des rebelles n’indique guère l’existence d’une préparation ante festum. […] Les matelots n’avaient besoin d’aucun encouragement extérieur pour brandir le drapeau de l’insurrection » [9].

Le conflit que voulaient résoudre ces révolutionnaires à la sortie de l’économie de guerre n’était plus tant l’opposition entre prolétariat et bourgeoisie, entre révolutionnaires et impérialistes, entre syndicats et État qu’entre l’homme nouveau et la nature dans une perspective socialiste, soit entre émancipation humaine et production matérielle. Cette alternative n’était pas formulée explicitement mais s’exprimait indirectement dans le débat sur la contradiction ville-campagne et dans la polémique entre urbanistes et désurbanistes [10] qui remettait en question le rapport entre paysannerie et prolétariat industriel, ou, dit en termes officiels, entre ouvriers « progressistes » et paysans « réactionnaires ». Bref, pour sauver la révolution, le choix qui devait immédiatement être fait portait entre le mode de production capitaliste fondé sur la destruction des ressources naturelles et l’asservissement du travail humain et son affranchissement par l’exploitation des ressources renouvelables et du travail de la nature.

La priorité donnée à une production écologique, contraire au productivisme, avait cependant des implications sur l’organisation de la nouvelle société, le rôle politique de la paysannerie, le pouvoir de décision des producteurs et le statut de la direction bolchevique, de l’État et des syndicats. Le choix, qu’on appellerait aujourd’hui de la « décroissance » bouleversait, à tort, les schémas marxistes vulgaires, les ambitions et les intérêts bureaucratiques. C’est pour cela qu’il a été brutalement éliminé à Cronstadt. Les dirigeants bolcheviques n’y ont vu qu’une provocation de « l’infection petite-bourgeoise » qui aurait contaminé la classe ouvrière [11] et le courant anarchiste, qu’un ignoble massacre de révolutionnaires authentiques. Loin de ces querelles de vieux combattants, ce qui importe aujourd’hui c’est d’apprécier les propositions essentielles de la population de Cronstadt et d’évaluer si leur prise en compte aurait pu sauver la révolution russe et l’étendre ainsi à la planète entière comme ils le voulaient.

Charte politique de la Commune

Parmi les quinze revendications de la charte [12], les sept premières concernent la défense des libertés démocratiques. Elles exigent le droit d’élire les membres des soviets, la liberté d’expression, d’organisation et de manifestation, le droit de recours pour les prisonniers politiques, la libération des révolutionnaires détenus pour leurs activités politiques dans les « prisons et les camps de concentration » et l’abolition des privilèges du parti au pouvoir. D’autres revendications concernent le rétablissement du droit de circuler, une répartition équitable des aliments et demandent la démilitarisation des lieux de travail industriel.

Ce n’est qu’à la fin de cette longue liste qu’apparaissent, discrètement, les revendications « offensives » n° 11 et 15, qui sont les plus importantes car elles remettent en question l’orientation de la révolution en réclamant que le droit d’initiative des producteurs agricoles et artisanaux soit respecté :

« Nous résolvons […] :
11. d’accorder aux paysans l’entière liberté d’action sur leur terre [le droit de travailler leurs terres], comme aussi le droit d’élever du bétail, à condition qu’ils se débrouillent par leurs propres moyens [par leur propre travail], c’est-à-dire en l’absence de toute main-d’œuvre salariée.
15. d’autoriser la production artisanale individuelle
[libre, sans emploi de travail salarié]. »

L’éclair aveugle qui refuse d’être éclairé

Comme lors de bien d’autres révoltes contemporaines de Cronstadt, celle-ci s’est faite le porte-parole des innombrables travailleurs privés de droits et de voix, mais qui, pour la plupart, assuraient la survie alimentaire du pays et soutenaient la révolution. Dans la confusion provoquée par la guerre, les provocations réactionnaires, la famine, les réquisitions forcées, les arrestations, ces producteurs étaient oubliés et ignorés. C’est pour cela que Lénine put dire de Cronstadt qu’il « fut l’éclair qui, mieux que tout autre, illumina la réalité » [13]. Mais tout laisse à croire que, bien que la souffrance du peuple fût subitement révélée, ses propositions de sortie de crise aient été intentionnellement laissées dans l’ombre. Le choix productiviste étant déjà fixé, il n’était plus question pour l’État de remettre en question la priorité donnée à une prolétarisation massive dans un monstrueux appareil industriel.

La direction bolchevique se méfiait de la paysannerie autant que des communards de Cronstadt qui en défendaient le rôle politique et productif dans la révolution car « ils avaient beau s’enorgueillir d’être des matelots, ils n’oubliaient cependant jamais combien il devait être bon d’enfoncer la bêche dans le tendre humus en appuyant avec le pied, tandis que la terre glousse doucement de bonheur » [14]. Pour Lénine, en 1920, «  la petite production engendre toujours, quotidiennement, à tout moment, en masse, le capitalisme et la bourgeoisie » et l’opposition trotskiste de compléter : « Ou bien l’État prolétarien, s’appuyant sur une industrie hautement développée et électrifiée, saura vaincre le retard technologique des millions de petites et de toutes petites économies rurales […], ou bien le capitalisme, retranché à la campagne, rongera les fondements socialistes dans les villes [15]. » Cette hantise d’un encerclement des villes « progressistes » par les campagnes « réactionnaires » était une curieuse façon d’aborder la contradiction ville-campagne soulevée par Marx et Engels.

Mais la dynamique productiviste primait car elle permettait au pouvoir de renforcer sa base sociale prolétarienne et d’assurer ainsi sa stabilité politique. Pour Lénine « la seule base matérielle du socialisme ne peut être que la grosse industrie mécanique, capable de réorganiser l’agriculture » [16]. Ce choix provenait peut-être aussi de la volonté d’engager une sorte de « guerre froide » productiviste contre l’impérialisme : « Il faut que, dès les prochaines années, nous ne retardions pas sur les pays capitalistes, mais que nous les rattrapions [17]. » Et, pour ce faire, le travail devait être imposé et contrôlé par l’État : « Sans les formes de coercition gouvernementales qui constituent le fondement de la militarisation du travail, le remplacement de l’économie capitaliste par l’économie socialiste ne serait qu’un mot creux [18]. » Après un siècle, cette course aux déprédations de la nature, suivie de la course aux armements, a précipité les masses révolutionnaires dans le désastre écologique, climatique et social que nous connaissons, sans libérer, bien au contraire, les exploités et les opprimés.

Révolution contre nature

Le choix productiviste s’opposait au choix écologique, seul capable de sauver, de renforcer et d’étendre la révolution, aux pays appauvris notamment. Il divergeait de celui défendu au XIXe siècle par nombre de scientifiques progressistes qui étudiaient les procès de production capables d’assurer conjointement le pain, la liberté et l’épanouissement des êtres humains. Ces procès seraient inévitablement fondés sur le renforcement des liens de dépendance et de coopération réciproques entre les hommes et leur nature. Ils opposeraient par conséquent la campagne à la ville, l’agriculture à l’industrie, la décentralisation à la concentration des productions, le pouvoir des producteurs à celui des planificateurs, l’initiative personnelle aux oukases bureaucratiques, les énergies renouvelables aux ressources fossiles…

Parmi ces nombreux scientifiques, Pierre Kropotkine, prince de naissance, géographe de renom international… et anarchiste « suisse » [19], définit l’économie politique comme « l’étude des besoins de l’humanité et des moyens de les satisfaire avec la moindre perte possible des forces humaines » [20]. Et, mieux encore, « le vrai sujet de l’économie politique, c’est l’économie de l’énergie nécessaire dans une société pour la satisfaction des besoins humains » [21]. L’activité productive doit donc être autant économe de travail humain que de ressources naturelles. Les forces physiques humaines devront être soulagées, voire substituées par les forces de la nature, l’énergie solaire notamment : « Un [Augustin] Mouchot [22] de l’avenir inventera la machine qui doit guider les rayons du soleil et les faire travailler, sans qu’il soit besoin d’aller chercher dans les profondeurs de la terre la chaleur solaire emmagasinée dans la houille [23] », le pétrole, le gaz et l’uranium, ajouterions-nous aujourd’hui !

Seule la priorité donnée à la production agricole permet ce qu’on appellerait aujourd’hui un « développement durable ». Cependant, ce choix exclut la compétition productiviste, la course aux armements, la conquête spatiale, l’accumulation de marchandises, la débauche de « bimbeloterie de luxe » dont parle Kropotkine – et de ses déchets –, la concentration urbaine – et ses impasses –, la prolétarisation de masse – et son aliénation … Ce choix qui privilégie le travail de la nature fait de ses gardiens le facteur subjectif de la révolution. Mais les producteurs agricoles, secondés par les ouvriers d’industrie à leur service, qui en dépendent ne se soumettent jamais à une autre autorité que celle qu’impose la nature : les saisons primeront toujours sur le Plan, le climat sur la période, la communauté rurale sur les institutions, l’initiative sur l’ordre administratif, la survie alimentaire sur la révolution et la terre sur toute autre richesse matérielle, aussi convoitée fût-elle. La paysannerie refuse l’autorité et c’est pourquoi, « si jamais une société communiste-autoritaire parvenait à se constituer, elle ne durerait pas et serait bientôt forcée par le mécontentement général ou de se dissoudre, ou de se réorganiser sur des principes de liberté » [24]. En URSS, ces prévisions de 1892 ne furent pas démenties. La dissolution prima sur la réorganisation de la société par une révolution politique qui aurait reconquis les libertés confisquées et juguler ainsi la contre-révolution stalinienne dès 1924.

Si leur projet politique n’avait été délibérément ignoré et s’ils n’avaient pas été écrasés militairement, les révolutionnaires de Cronstadt auraient pu déclencher en 1921 cette « troisième révolution » comme ils avaient soutenu les précédentes de 1905 et surtout celle de 1917 au point où Trotski lui-même les estimait comme « la valeur et la gloire de la Russie révolutionnaire ».

Vers l’écosocialisme

Ces échecs successifs dus à un choix productif aberrant ont pu conduire les mouvements révolutionnaires dans l’impasse, le désenchantement et les atermoiements à construire un projet de société. Mais les enseignements que l’on peut tirer de ces échecs permettent de construire ce projet de révolution écosocialiste devenu indispensable à la survie des êtres humains et à la sauvegarde de la planète. Cela à condition que les donneurs de leçons révolutionnaires veuillent bien se débarrasser une fois pour toutes de leurs illusions d’un « développement des forces productives » et d’une « voie électoraliste au socialisme ».

Le prolétariat industriel mondial, abruti par le travail, frustré par l’inutilité de sa souffrance, confus de saccager la nature, a été écarté de la mission révolutionnaire qui lui était attribuée. Il se relèvera cependant dès que son œuvre sera mise au service de ses semblables et non plus de ses maîtres. Il sera alors, avec les travailleurs de la terre, au service des affamés et assoiffés de par le monde, portant secours aux victimes des guerres et des pandémies provoquées, des dépossédés de leurs richesses naturelles et culturelles, des réfugiés climatiques, des déboutés d’asile, des privés de tout. Ces milliards d’êtres se moquent de la reprise économique, de la croissance et du développement, qu’il soit durable ou jetable. Ils raillent les caricatures de démocratie dont les « démocratures » parent leurs discours pour mieux les exclure, car ces proléTerres, qui constituent pourtant l’immense majorité de la population mondiale, n’ont pas le moindre pouvoir de décision sur le sort qu’une petite minorité de nantis leur impose. Pourtant, cette majorité, non pas silencieuse mais réduite au silence, sait, mieux que quiconque, à quoi doit ressembler un monde humain et saura le reconstruire… si on la laisse faire.

Publié dans la revue « Divergences », n°11. Janvier 2008.

Notes :


[1] Raoul Vaneigem, Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, Gallimard, 1992, p. 69.

[2] J.-C. Debeir, J.-P. Deléage, D. Hémery, Les Servitudes de la puissance, Flammarion, 1986, p. 364, souligné FI.

[3] Voir F. Iselin, « Spécificités techniques de la production capitaliste », Inprecor, n° 461-2, 2001, « Le choix des forces productives, travail humain et travail de la nature », Contretemps, n° 4, 2002, et « Conséquences politiques d’une crise énergétique annoncée », 2005.

[4] Lewis Mumford, Technique et civilisation, Seuil, 1950, p. 335.

[5] Article de Wikipedia sur le web, « Révolte de Cronstadt ».

[6] Victor Serge, Mémoires d’un révolutionnaire, cité par P. Avrich, La Tragédie de Cronstadt, p. 149.

[7] Pravda de Cronstadt, cité par P. Avrich, Les Anarchistes russes, Maspero, 1979, p. 262.

[8] Voir notamment « Mémorandum sur la question de l’organisation d’un soulèvement à Cronstadt », document « ultrasecret » datant d’avant la révolte, établi par la réaction et reproduit par P. Avrich dans La Tragédie de Cronstadt, p. 223.

[9] P. Avrich, La Tragédie de Cronstadt, p. 110.

[10] Anatole Kopp, Changer la vie, changer la ville, 10/18, 1975.

[11] Pierre Broué, Trotsky, Fayard, 1988, p. 296.

[12] J’ai choisi la traduction de P. Avrich, La Tragédie de Cronstadt, p. 75-76, en y insérant d’autres formulations.

[13] Cité par P. Avrich, La Tragédie de Cronstadt, p. 11.

[14] Janis Bogdanow, Ceux de Kronstadt, Gallimard, 1962, p. 144.

[15] Les Bolcheviques contre Staline, 1923-1928, Quatrième Internationale, Paris, 1957, Plate-forme de l’opposition de gauche (1927), p. 100.

[16] Ibid., p. 106.

[17] Idem.

[18] Léon Trotski, Terrorisme et communisme, Union générale d’éditions, 10/18, p. 213.

[19] « Quand je quittai ces montagnes [du Jura], après un séjour de quelques jours au milieu horloger […], mes opinions sur le socialisme étaient fixées. J’étais anarchiste. » (Pierre Kropotkine, Autour d’une vie, Mémoires, Stock, 1898.)

[20] Pierre Kropotkine, La Conquête du pain, Stock, 1902, p. 236.

[21] P. Kropotkine, Champs, usine et ateliers, 1999, fac-similé de l’édition de 1910, Phénix.

[22] Voir F. Iselin, « Rien de nouveau sous le soleil, brève histoire de l’énergie solaire, » SolidaritéS, n° 48, 6 juillet 2004.

[23] P. Kropotkine, La Conquête du pain, op. cit., p. 295.

[24] Ibid, p. 187.


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