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Quatre journées peu ordinaire (3ème jour) : Tirecul la Gravière

Par Eric Bernardin

Quittant Pécoula, je me suis dirigé vers un parking non loin de là où je devais livrer quelques bouteilles étonnantes à Florent Girou (oui, le jeune et doué vigneron de Combrillac). Ben oui, même pendant les "vacances", je bosse... Petite discussion d'une demi-heure, et direction Bergerac pour retrouver Christophe et Katia (oui, les amis chez qui j'ai passé le nouvel an).

Nous avons pris l'apéro au soleil en se régalant d'un Bourboulenc du Domaine de Simonet, aux accents marins (iodé et salin). Puis nous avons partagé un repas à la bonne franquette arrosé d'un Moulin-à-Vent 2009 de Jean-Paul Brun. Ca a évidemment beaucoup causé vin, notre passion commune...

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Et puis ensuite, l'inévitable "pélerinage" à Tirecul la Gravière où j'ai travaillé en 2008-2009. Descente directe au chai souterrain pour déguster les différents lots de 2012. Le premier que m'a fait goûter Bruno était très fin et aérien, augurant un nouveau style pour les Pins. Le deuxième qui devrait compléter l'assemblage était nettement plus riche. Le mélange des deux donne un vin à la fois fin et onctueux, avec une très belle acidité. Les Pins 2012 me semblent très prometteurs !

Nous en sommes venus aux lots plus riches. J'ai un peu retrouvé le style des 2008 que j'avais adoré. Des matières superbes avec des acidités fines, limite tranchantes, ce qui donne des vins aux équilibres superbes. Un grand moment. Il n'y aura pas de Madame en 2012 : le marché ne s'y prête guère...

Toujours à Monbazillac, mais sur la terrasse de la maison des Bilancini, juste en contrebas du célèbre château. Nous allons passer la soirée avec un autre couple de vigneron de l'appellation (château Caillavel). Bruno est au fourneau...

Nous démarrons au champagne, un Blanc de Noir de chez Mouttard, Vigne Beugneux, à la fois très vineux et vraiment Extra Dry comme l'indique l'étiquette. Il demandera un peu de temps pour s'assouplir.

Nous ne mangeons pas de braises ou de vers luisants. C'est juste la lumière du soir...

Vue de la terrasse

Bon, à table !

Avec les jolis couteaux de Nontron

Une première pour moi, vraiment intéressante : des moules façon "thaï" : citronnelle, gingembre, oignons nouveaux... C'était vraiment délicieux, et je n'y aurais vraiment pensé. On se cloisonne trop,  je trouve...

Avec cela, deux blancs : un Côtes de Provence du Clos de la Procure. Un 100 % Ugni blanc vinifié et élevé en barriques ayant contenu préalablement un grand liquoreux (non, pas Tirecul. Ca commence par un Y). Un vin aérien, dégageant une grâce pas possible, avec une acidité à la finesse arachnéenne. On pouvait vraiment passer à côté car il n'est pas démonstratif. Une sorte de Rayas blanc (oui, je sais que ça existe, le Rayas blanc. Mais celui-ci ressemble plus à un Rayas blanc que le vrai, na !)

Ce qu'il y avait de drôle avec cet Aurièges de Clovallon, c'est que c'est un vin référencé depuis longtemps à Vins étonnants. Mais contrairement au  vin précédent, il ne l'a pas acheté chez nous (ça fait longtemps que nous ne vendons plus de 2004). Il l'a trouvé chez un caviste local qui avait apparemment du mal  à le vendre. Il faut dire qu'il ne savait pas trop ce qu'il y avait dedans. Peu de dire que c'est atypique, puisque c'est un assemblage de Riesling, Petite Arvine, Chardonnay et Viognier. Jeune, c'est assez boisé. Le 2004, lui, était à point. L'aromatique était complexe, sur des notes de miel, de fruits confits, de cire et d'épices. Et puis une super fraîcheur grâce au Riesling et la Petite Arvine. Le mariage avec les moules était top !

Venait ensuite un carré d'agneau avec un espuma de champignon et du gratin dauphinois.

Deux vins rouges au programme : la Feuilleraie (2003?), le Pomerol que produisait les Bilancini au début des années 2000 (voir mon article ICI). Ca ne ressemble pas vraiment à l'idée que l'on se fait d'un pomerol, mais c'est d'un charme irrésistible. Un fruit encore très intense malgré les 10 ans d'âge, et surtout des tannins d'une douceur extrême et une digestibilité rare.

Il était prévu un Chasse-Spleen 1959 (de mémoire), mais il était bouchonné, le c... Du coup, Bruno a ouvert une bouteille que je venais de lui livrer : un Maranges 2010  du domaine des Rouges Queues. Un hymne aux fruits rouges (griotte, framboise), une grande finesse, de la tonicité, mais je trouve qu'il a tout de même souffert d'être servi à côté du Pomerol, impérial.

On continue sur les fromages avec les vins maisons :  Madame 2008. Un millésime cher à mon coeur parce que je l'ai vendangé, et puis parce que la qualité était vraiment géniale, particulièrement la Madame. Dès qu'un visiteur venait à Tirecul, il avait droit à goûter la barrique de Madame 08 ;-) Eh bien, il est toujours aussi bon, avec cette acidité tranchante qui évoque presque un Riesling. Un équilibre vraiment magnifique pour un vin très riche en sucres.

Un dessert au lait de coco et aux fruits de la passion. Avec forcément...

... Une Madame 2001. Un des plus grands millésimes du domaine, et qui semble presque figé pour l'éternité. J'en ai bu de nombreuses bouteilles, mais la magie opère à chaque fois :  orange confite, abricots secs, ananas rôti, encaustique... Une bouche à la texture suave (mais fraîche) qui s'étire indéfiniment. Grand.

Je ne dirais pas que ce fut une belle conclusion, parce que je crois me souvenir que ce ne fut pas la dernière boisson servie. Il y eut ensuite un alcool fort (mais alors je ne me zouviens blus du dout ze gue s'édait). Je pouvais me permettre de boire, ce soir-là, puisque je dormais sous la table (enfin, dans la pièce située juste en dessous de la table, hein). 

Merci pour cette très belle soirée !



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